Le petit monde des Borrowers, c'est pas
qu'au cinéma. Ça peut arriver dans n'importe quel T3 ou T4.
Un lutin, c'est tout-puissant, imprévisible et rempli d'imagination.
Les lutins sont farceurs.
Vous avez perdu votre lampe de poche et votre briquet.
La première vous est indispensable pour ne pas vous éclater
dans les crottes de chien, quand vous sortez le vôtre, la nuit. Le
second, (un Clipper hors d'âge amoureusement bichonné), vous sert
tout bêtement à allumer votre clope vespérale.
Vous cherchez partout, vous retournez vos affaires, vous regardez
sous les meubles : RIEN.
Vous vous faites une raison en pensant que vous perdez la tête.
Le lendemain, en forme pour la lessive, vous retrouvez votre divine
lumière dans la poche du petit dernier. Vous lui demandez :
« Dis donc, bonhomme, t'aurais pas vu ma lampe de poche ?
- Ben non...
- Même pas un peu ?
- Ben non...
- Même de loin ?
- Ben non...
- Même en faisant un effort de mémoire ?
- Ben non... » ( Il joue à la DS, il lève à peine le nez.)
« Parce que je viens de la retrouver dans ton pantalon...
- ….................... » (Pas de réponse, il est concentré
ailleurs.)
« PARCE QUE JE VIENS DE LA RETROUVER DANS TON PANTALON !
- Ben, c'est pas moi ! »
C'est le lutin.
Trois heures plus tard, votre rejeton vous ramène triomphalement
votre briquet :
« Maman, il était tombé du balcon, je l'ai retrouvé, je
savais que c'était le tien ! »
Vous calculez : de l'appui de fenêtre de la cuisine au balcon,
ça fait huit mètres. Du balcon au sol : trois étages.
Les lutins font des progrès.
Vous remerciez chaleureusement le fruit de vos entrailles en
l'envoyant, (mentalement), brûler dans les flammes de l'enfer.
Les lutins
ont des pouvoirs magiques.
Vous avez absolument besoin de faire des courses : vous êtes en
panne de PQ. (Vous êtes en train de boucher les chiottes avec le
Sopalin.)
Le
problème, c'est que vous avez cinq
mômes (les vôtres, les petits voisins), dans la salle de jeux. Ils
sont sages.
Vous demandez TRES gentiment à « La Grande », quatorze
ans, de garder la smala dix minutes.
Vous courrez à DIA avec la chienne (comme ça, elle aura fait pipi),
vous revenez, vous passez la porte et vous entendez :
« Ouais... bientôt...!
- Attends encore un peu... dès qu'y passe, tu balances ! »
Vous posez votre sac sans bruit, vous faites comme le cheyenne sur la
piste de la guerre... Et vous tombez sur quatre gamins hilares
agglutinés contre la rambarde du balcon.
Pétants
la santé mais bizarrement sans bras. (Ils
les ont derrière le dos.)
Vous en retournez un et vous découvrez dans les petite mains
innocentes un ENORME ballon rouge rempli d'eau. Vous obtiendrez la
même pêche miraculeuse avec les autres.
Vous confisquez les bombes, (la semonce est un plat qui se
mange froid), vous les crevez dans l'évier où ça fait schlooouuup
et vous vous dirigez, l'âme guerrière, vers la chambre de « La
Grande »... Au téléphone...
« Je t'avais pas recommandé de surveiller les petits ?
- Ben ouais, ils sont dans la salle de jeux...
- Ben non, ils font des conneries sur le balcon !
- Mais je T'ASSURE, Maman, qu'ils sont dans la salle de jeux. Ils ont
pas bougé ! »
Les lutins ont des pouvoirs hallucinatoires.
Les lutins
sont parfois méchants.
Vous avez rangé la baraque : vous allez avoir de la visite.
Vous êtes dans la cuisine, trois casseroles dans chaque main.
Vous entendez des bruits pas nets.
Vous
ne pouvez pas lâcher la-sauce-qui-va-coller ni
le-caramel-qui-va-cramer. Vous
vous dites :
« Faut pas s'inquiéter pour rien. »
Mais ça s'intensifie.
Vous éteignez le gaz, posez vos cuillères et passez dans le
couloir avec appréhension.
Vous avez bien fait : on ne peut plus ouvrir ni fermer les
portes.
Berlin après les bombardements.
Vous
arrosez le tas informe qui s'ébroue
dans le bazar de lourdes
menaces et de questions indiscrètes :
« C'est pas moi !
- C'est pas moi !
- C'est pas moi ! »
C'est le lutin.
Vous refusez, (la sauce attend), de rentrer dans un débat perdu
d'avance et vous enjoignez les bras qui sortent DE REMETTRE TOUT EN
ETAT.
« Mais puisque c'est pas moi !
- Mais puisque c'est pas moi !
-
Mais puisque c'est pas moi ! »
Vous
avisez votre deuxième : (c'est elle qui a crié le plus fort, et il faut
savoir diviser pour régner). Vous
la SOMMEZ de réparer le désastre.
Dix minutes plus tard, vous la retrouvez en larmes.
« Mamaaaaannn.....
ça me fait MAL AUX DOIGTS quand je range..... c'est
pas possible ! »
Les lutins sont vicieux.
Les lutins
sont des artistes.
Vous venez de passez la serpillière.
Vous vous retournez pour admirer votre carrelage, brillant comme dans
les pubs.
Horreur, malheur, y a du bleu partout.
Des traces de pieds nus.
Vous vous dirigez vers la source de la couleur et vous apercevez un
adorable bambin d'un mètre vingt-sept, azuré jusqu'aux chevilles.
Vous lui demandez :
« Tu
m'expliques
un peu ce que tu fais ?
- Ben, rien...
- C'est quoi, tout ça ?
- C'est joli, hein, Maman !
-
Non,
c'est pas joli... qu'est-ce que t'as encore inventé ?
- Je sais pas ! »
Vous choississez de poursuivre l'enquête en amont et vous trouvez un
paquet de craies, écrasées sur le balcon. (A votre avis, de quelle
nuance?)
Vous
rattrapez l'ange blond et vous l'invitez à vous expliquer le rapport
qu'il peut y avoir entre le lac bleu
et ses pieds.
« Ben, je t'ai déjà dis que je savais pas...
- Tu te fous de moi !
- Non... non... peut être qu'y avait quelque chose, mais, MOI, j'ai RIEN
vu !
- Et t'as laissé le " quelque chose " te grimper dessus sans te
défendre ?
- Ben, ça doit être ça.... »
Vous
vous dites que si les schroumpfs ont décidé de faire amis-amis avec les lutins, vous êtes pas sortie
d'affaire.
Les lutins
sont télépathes.
Il pleut. Vous êtes en train de boire le café avec des copains.
Vos tribus coalisées, (neuf chenapans dans
la montée d'escalier), vous annoncent qu'elles vont jouer dans
l'entrée.
Ça vous arrange, mais vous prévenez :
« Je NE veux pas vous entendre. Vous NE hurlez pas, vous NE
sautez pas, vous NE dérangez pas tout le monde ! »
Vous retournez à vos invités.
De temps en temps, vous jetez un œil et une oreille du haut de votre
troisième.
RAS...................Cool !
Une demie-heure après, le gardien de l'immeuble sonne à votre
porte.
A sa tête, vous voyez tout de suite qu'il y a un problème.
Vous craigniez le pire.
Y a pire que le pire.
Solennel, il vous assène :
« IL VA FALLOIR QUE VOUS CONTACTIEZ UNE ENTREPRISE DE
NETTOYAGE !
- …..... Pourquoi..... ? » ( vous commencez à
trembler.)
« Venez voir ! »
Vous descendez, vous découvrez un hall entièrement retapissé de
boue : le sol, les portes vitrés, les murs.... Y en a même qui
dégouline du plafond : on dirait le tunnel sous la Manche
pendant les travaux.
Vous
scotchez vos coupables au mur, où ils restent collés tellement ils
sont gluants. Vous appeler
le ciel à l'aide et vous
passez quatre heures
à karchériser le HLM, avec vos voisines et les apprentis-terrassiers. (Le gardien a eu pitié de vous et vous a
prêté son matériel). Comme vous êtes pieds-nus et trempés,
vous aurez tous la crève
après.
Le soir, calmée et lavée, vous demandez aux arsouilles :
« Mais qu'est-ce qui vous est passé par la cervelle ?
- Ben... on sait pas... mais c'est pas de notre faute !
- C'est la faute à QUI, alors ?
- Ben, Maman, c'est VRAI, c'était un truc dans notre tête,
mais c'était comme si c'était pas nous ! »
Les lutins sont télépathes.
Alors vous leur envoyez des ondes MEGA FORTES.
« BARREZ-VOUS... BARREZ-VOUS... VOUS ÊTES INTERDITS DE SÉJOUR ! »
Mais, dès le lendemain, vous les suppliez de ramener leurs fesses et
leur compassion, (heureusement, un lutin, ça a bon cœur et c'est
pas rancunier), à la première chute de vélo.