RESEAU

mercredi 24 septembre 2014

Midnight


Les étoiles
volent dans les yeux
les larmes
qui ne coulent pas.
Douleur arc-en-ciel
rythmée par les ronflements
du chien
à côté.
J'ai mal au pieds
d'avoir trop dansé.
J'injurie le ciel
pour chaque pas
de peau vive
arrachée
mais je le bénis
pour l'âme claire
dés-emmurée.
Celle qui répond
au petit-duc,
en bas.
Celle qui palpite
au bout
de mes chaussettes
tâchées.

Dialogue


Je fais la chouette
avec mes mains
pliées
pour porter le son
loin,
très loin,
jusqu'à toi.
Les chiens aboient
en bas.
Ils croient
que l'oiseau vole,
que l'oiseau plane.
Je fais la chouette
avec mes mains
pliées.
J'attends
dans le noir
si doux
ta réponse
semée de vent.

Ursule la nuit

 
Arabesques,
déclinées
déclinantes,
chantournées de fumée
de clope allumée.
S'en vont vers la lumière
rouge du plafond.
Rejoignent la grenouille
de fer blanc
sur le piano.
La tentent et l'attirent
dans leurs spires
vers un îlot
noir et blanc :
une chemise de nuit.
Matières synthétiques
et magiques.
Polyesters.
Polie, Esther ?
Le bénéfice du doute
l'adoube Chevalière De L'Insomnie.
Son amie.
Le frigo lui tend ses bras
tendres
et repus.
Pourquoi du chèvre
à trois heures du mat ?
Parce qu'elle ne dort pas.
Parce quelle ne dort plus.
Parce que sa cervelle
a décidé,
hier soir,
en voyant tic-taquer
la pendule
qu'elle faisait la grève,
ridicule,
de laisser rêver
Ursule.

Water


La tête sous le robinet
non...
Le robinet
ça suffit pas.
La chasse d'eau,
ça va...
La tête dans la chasse d'eau
pour laver les idées
noires,
pour laver les idées
bizarres
qui germent
dans la boue
de ma cervelle.
J'hésite entre sauter
par la fenêtre
et sauter
sur n'importe qui.
N'importe qui
qui appelle
quand y faut pas,
quand j'ai décidé
d'être sage cette fois.
La tête dans la chasse d'eau
qui ébroue
qui secoue
les pensées mortes
avant d'être nées,
les futurs suris
comme des pommes trop mûres.
J'éternue un coup,
l'eau est vraiment froide
et je vois des bulles
monter au plafond.
Avec dedans
un monde,
mon monde,
qui rigole
et m'attend.

I can do anything


Un coup de feu
éclate dans la nuit
et me tire du lit.
Je sors.
Le papillon de nuages
mouvants sous la lune
pleine
s'en fout.
Comme un cerf volant
géant
traîné par des chauves-souris
affamées.
La trace du bruit
résonne,
résonne...
Drame enfoui ?
Un chat se coule
dans la rue noire,
sûr et secret.
Peut-être que lui
il sait.
Il a l'air pressé.
Je voudrais lui demander
qui a tiré.
Quel désespoir,
vengeance
ou stupidité
a morcelé le calme
qui maintenant
repose
comme un miroir
brisé.
Le tic-tac de l'horloge
qui tombe
goutte à gouttes,
m'obsède.
Je ne peux rien faire.
Je voudrais me dire :
« Ce n'était qu'un pétard mouillé... »
J'essaie d'oublier...
Le papillon de nuages
finalement
s'est envolé
dans une traînée
d'étoiles brisées.
Je m'accroche à la queue
d'une comète égarée
mais les rêves
me poursuivent,
sanglants,
si proches.
Je peux les toucher.
Je les laisse
me dévorer
et me perds dans les nues,
écarlate
et dispersée.





jeudi 7 août 2014

Cache-cache

Horreur !
Malheur !
J'ai perdu ton grain de beauté.
Alors,
je te tourne,
je te retourne,
je le cherche avec mes doigts
de fée emplumée.
Le petit con se cache
dans des endroits
impossibles
et indicibles.
Je tâte,
je tâtonne...
Mais finalement,
c'est toi qui le retrouves :
il s'était endormi
contre moi.

Gobe la mouche !

Le soir tombe
en boucles lourdes
et odorantes.
Le cri d'un pneu
écrase
sur la vitre
les deux mouches
qui depuis vingt minutes
s'appliquaient à copuler.
Pour faire des bébés mouches.
Immanquablement,
inévitablement
fatalement
conquérants.
Interdits de tapette,
c'est un mot protégé.
Interdits de blanquette,
c'est un plat protégé.
Alors, pour avoir la paix,
on ouvre la fenêtre
ou on appelle le chat.

mercredi 6 août 2014

Matin-poubelles

Résumer la vie
en un quart-d'heure :
dehors, les chats,
les poubelles,
plastiquées.
Le voisin
qui arrose.
Dedans,
la bouffe à faire
les cigarettes écrasées,
les notes de piano
qui déchirent les poumons.
Le téléphone
commence à sonner.
Alors, sans cesse,
refaire
l'avoir été
de la fin de l'été.
Refaire
le devenir
qui s'englue,
patauge
dans un présent
purulent.
Et en même temps,
sentir pousser
les ailes
d'un avenir lointain,
mort-né,
qu'il faut s'appliquer
à réanimer.

Paris-Laragne

La vie est ce fleuve
qui passe vite,
écarlate,
intrigué,
dément.
Du quai, impuissants,
on voit passer
les bateaux-mouches
avec des gens dedans.
Le temps continue.
Roule.
Tempête.
Se calme.
Sur les plages,
bronzent des oreilles
tranquilles,
percées de boucles
dociles.
Dans la tasse
dans les mains
dans la tête
le lait mousse
en ondes blanches
subtiles.
On boit.
Plus loin,
la chouette attend,
suspend son cri,
plane dix mètres
et reprend.

Tourner la tête

Un squelette
à lunettes
me fait de l'oeil
sur l'étagère.
Je digère ma nuit de songes
coquins.
Crapule de toi
qui me fait rêver
que je rêve
de toi.
Passons.
Savourons.
Pégase,
aluminisé jusqu'au bout des ailes
décolle
du piano.
Rencontre un robot
hilare,
lumineux et confiant,
qui sourit, béat.
Ses oreilles boulonnées
clignotent :
il a dû passer ces dernières heures
avec robote.
Lui faire des câlins
trempés d'acier,
de rondibelles
et de bras-de-fer.
Je m'installe en face,
le regarde dans les yeux
et lui demande :
"Toi, c'était comment ?"
Il a l'air content...
Pégase émoustillé
rate son survol
des partitions.
Atterrit sur le crâne
de chevreuil
qui fait demi-tour,
bêle
et me dit :
"Garde tes rêves
de la nuit.
La vérité te viendra
à midi."


Le Cours Des Choses. Fischli und Weiss


Peter Fischli est né en 1952 à Zurich. Il y vit et y travaille.
Il étudie à l’Académie des Beaux-arts d’Urbino et de Bologne, puis il participe à plusieurs expositions en groupe avant de commencer sa collaboration avec David Weiss.

David Weiss est né en 1946 à Zurich et est décédé dans cette ville le 27 avril 2012. Il souffrait d'un cancer depuis septembre 2011.
Il fréquente l’école d'arts appliqués de Zurich, puis s’intéresse à la sculpture à Bâle. Il travaille alors comme sculpteur avec Alfred Gruder et Jacqueline Stieger. Il expose dans plusieurs galeries (Galerie Stähli de Zurich, Galerie Gugu Ernesto de Cologne et Galerie T'Venster de Rotterdam).

Peter Fischli et David Weiss débutent leur collaboration en 1979.

"Le Cours Des Choses" (Der lauf Der Dinge), que l'on peut voir au Musée des Sciences et de la Découverte à Paris, dure 30 minutes. Il a été tourné entre 1986 et 1987. En voici un extrait.

Toute la vidéo se passe dans le même entrepôt. Les actions parmi lesquelles on peut citer des chutes d’objets, des déroulements de ficelle, des effets chimiques ou pyrotechniques s’enchaînent en une suite comparable à l’effet domino.
Tout semble filmé en un plan continu durant lequel la caméra suit en parallèle l’action. Il n’y a pas de fond musical ce qui accentue le sentiment d’observation. Il n’y a pas d’éclairage supplémentaire, tout est naturel. Le montage rejoint aussi cette tendance ; F&W cherchent donc à éliminer un maximum d’artifices. Ces objets sont mis en mouvement par le feu, l’eau et la loi de la pesanteur.
Cela nous laisse suggérer une représentation de notre monde. D’autant plus qu’à plusieurs reprises les éléments rappellent fortement notre histoire. Tout d’abord l’enchaînement naît, il vit et évolue avant de mourir.
De nombreux éléments sont inspirés de l’homme. Ainsi on peut voir plusieurs véhicules propulsés par une fusée, animés par de la vapeur ou tout simplement par la gravité. Cette vidéo témoigne de plusieurs courants artistiques. Tout d’abord il y a le Pop Art présent à travers les objets utilisés. En effet ces derniers sont des objets de la vie courante (pneu, chaise, planche, …).
L’aspect ludique de la vidéo marque le dadaïsme.
( sources : Wikipedia)



jeudi 24 juillet 2014

Une montgolfière sur le balcon

Prenez quatre draps, multicolores de préférence, vingt-cinq épingles à linge et deux fils d'étendage.
Mixez le tout.
Ajoutez une nappe à carreaux et un vieux rideau.
Patientez.
Incorporez délicatement une longue ficelle.
Goûtez : il manque cinq épingles et un bout de fil de fer.
Laissez mijoter.
Saupoudrez de coussins, d'un éclat de rire et d'une pincée de fantaisie.
Dégustez bien frais et tout gonflé de vent.

On a construit une cabane sur le balcon. Une montgolfière qui navigue au troisième. Une lanterne magique qui s'illumine le soir. (Deux rallonges et une lampe de bureau accrochée aux volets.)
On a mis par terre une couverture, recouverte d'une toile cirée « imprimée gazon ». Tout le monde déjeune sur l'herbe dans le ballon volant.
A midi, on est en maillot de bain. (Le balcon est orienté à l'est, alors la température y avoisine les quarante degrés). Mais le soir, il y fait si doux...
C'est l'heure de la fête.
« Maman, on peut inviter les copains ?
- On peut inviter les copains.
- Tu nous feras des pizzas ?
- D'accord pour les pizzas. C'est quand même plus facile à manger par terre que du cassoulet... »
On s'entasse à sept dans deux mètres carrés. Plus le chien. Il est super content : plein de bouffe à portée de truffe.
Pour le dessert, on réclame des glaces et du pop-corn.
On en émiette partout.
« Maman, on nettoie comment ?
- On balance en bas, ce sera pour les oiseaux !
- Maman, j'ai renversé mon jus d'orange.
- C'est pas grave, y a qu'à passer un coup d'éponge ! »
C'est magique, dans la montgolfière, maman, elle est cool.
C'est magique, dans la montgolfière, on sort les pieds par en-dessous et ça fait marrer les voisins.

Quand on mange pas, on joue.
On apporte des lego, des poupées et une chaise. On met un grand torchon dessus pour faire comme une tente, nos jouets dessous : on invente un château dans le château. On s'y perd avec délices. Je crois qu'on a attrapé la cabannite aiguë.
Maman aussi a été contaminée.
(Il faut vous dire que pendant le repas, elle a dû manger ses carottes rappées, -parce qu'il restait plus de pizza-, assise à côté. C'était mathématique, elle pouvait pas rentrer.)
Alors elle s'est levée à trois heures du matin, a déménagé ses feuilles, sa tasse de café et son crayon.
A allumé le soleil électrique du monde suspendu  et a écrit l'histoire.
Seulement, elle s'est endormie et c'est moi qui l'ai réveillée.

Le lutin.


mercredi 23 juillet 2014

Esprit d'entreprise ?

Entre management et ménagement, il y a souvent plus de différence qu'une simple voyelle...

Tour de France : le résumé

Il n'y a que les cyclistes pour faire des ronds de jambes en restant parallèles.

Le petit cuisinier s'en veut...

... mon bras-zéro !
J'ai renversé ma sauce-hier !

Le canapé près de la fenêtre

Frais dehors,
chaud dedans,
l'orage a lavé la moiteur.
La lune
claire
voyage en solitaire.
Rideaux mollement
bercés
dans le lit
de la nuit.
Ils font des rêves.
Appellent,
oranges sur le ciel noir
le cri
de l'oiseau
qui chasse.
Le cri rebondit
du néant
aux vitres impassibles,
se perd brusquement,
se dissout.
Le silence est douillet
comme une couverture.
Un bruit de moteur
au loin
rompt le charme.
Il devrait être interdit
d'abîmer la magie.
J'atterris,
réveille mon chien
qui dort
contre ma cuisse
et retourne me coucher.

Incroyable mais vrai...

Un train siffle dans le placard.
Pas trois fois :
beaucoup plus.
C'est une vieille loco
à vapeur
avec une fumée noire.
Elle circule
entre les draps
et les serviettes éponge.
Elle apprivoise
son voyage.
Elle invite,
elle entraîne
dans le bazar
du placard du couloir :
Une montagne de housses
de couettes,
une vallée de gants
de toilettes,
des tabliers
de grand-mère,
un lac de chiffons.
Une nappe ancienne
un peu froissée,
des bouts de carton,
du papier cadeau,
une machine à coudre cassée,
deux Playmobil embusqués,
et des bavoirs brodés.
On la suit,
la main entre les piles
qui s'écroulent.
On fait un tunnel.
On passe le bras.
On tâtonne au fond
pour deviner
le paysage.
On découvre une forêt
vierge
de linge oublié.
Alors on ouvre la mémoire
et on referme la porte
qui fait : « Cling ! »
car...
on a cloué au dos
un vieux panneau
de passage à niveau.

lundi 21 juillet 2014

Benoît Poelvoorde, un livre ? "Le quatuor d'Alexandrie".




Le Quatuor d'Alexandrie (The Alexandria Quartet) est un ensemble de quatre romans écrits par l'écrivain britannique Lawrence Durrell, publiés entre 1957 et 1960. Ayant pour sujet l'amour, les livres présentent plusieurs perspectives différentes sur un même ensemble d'événements et de personnages, situé à Alexandrie avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. (W.)

L'INTIME FESTIVAL CHAPITRE 2, Namur à partir du 18 juillet.

vendredi 18 juillet 2014

HELP !!!

Tchi-te, tchi-te, tchi-te pschiiiiit...
Tchi-te, tchi-te, tchi-te pschiiiiit...
fait le tourniquet
arroseur
musicien raté
qui s'obstine
sur sa mesure
unique.
Dziiiii-ziii, dziiiii-ziii, dziiiii-ziii, dzzziiiiiiiii...
fait la scie
du voisin
subitement
devenu
bricoleur
pile le jour
où j'ai mal à la tête.
La scie n'y est pour rien,
elle fait son boulot
de scie...
Alors,
méchamment,
patiemment,
je rêve de
Dziiiii-ziii, dziiiii-ziii, dziiiii-ziii, AÏE !
Non.
Raté.
Maintenant c'est
Klon...Klon...Klon...Klon... Klon... Bing !
Klon...Klon...Klon...Klon... Klon... Bing !
Suivi de
Bli bli bli bli bli bli bliiiinnnng...
Marvellous !
Il a renversé
sa boîte
de clous.
Un répit...
Je ferme les yeux...
Merde,
le tourniquet
en solo
c'est encore pire.
MON DIEU,
proposez QUELQUE chose
pour faire diversion...
Un crrriiiiiiiii de pneus
par exemple,
suivi d'un beau
Pimpon pin... Pimpon pin...Pimpon pin...
(Pas trop grave quand même...)
Faux espoir,
à la place,
c'est boiiing, boiiing, boiiing, boiiing...
que j'entends :
Mon petit dernier
qui monte
les trois étages
en rollers
et qui,
vrooom, vrooom, scraaaaach...
a décidé
de s'entraîner
près du canapé
où je meurs
à petit feu.

dimanche 13 juillet 2014

Los deputats D'Ailamondhaut



Siffroy Boyer était employé agricole à Sigottier dans la famille R. Une des filles de la famille a appris cette chanson à « Gutin »*. C'est ainsi que le maire de La Piarre, monsieur O, explique la transmission de cette chanson qui finalement trouve son origine dans un fait d'histoire très local : avant 1914, le maire du village aurait, entre deux tours d'élection, habilement « retourné sa veste »...

* Auguste Depeyre, dit « Gutin », à La Piarre


Los deputats d'Ailamondhaut

Los deputats d'Ailamondhaut
Que ne son pas malauts
Qu'eira an tots bon apetis
Que ne devon pas partir.
 
Refrain
Ason pas bèstias
Son pas bèstias non
Si se son aumentats
Es per se regalar.

Chau veire quand van dinnar
Cò qu'an de preparat
E l'i laissan de suplements
Son per eles sens somacion.

Lo jorn que se son aumentats
Degun a protestat
Se son betats una pension
Sensa protestacion.

Aqui los roges ambe los blancs
Se son totes sarrat la man
Puei son anats au bufet
Per l'i beure un bòn cafè.

E l'an que ven
Quand venràn en autò
Aquo serè rigolò
nos venon tots a davant
Per nos sarrar la man.

Aquela [?]
Se son levats l'indemnitat
Mai dins lo corrent de son mandat
La volian ben gardar.

D'un bèu lombric
Coma lo braç, lor farem un bandanàs
E o direm a tonton
D'anar cultivar los champinhons.

E la retiraa de l'obrier
Aquò venrè en darnier
Dins lo corrent de l'an
Ganhan 15 millions de francs.

E puei si l'obrier
N'a ges de pan per manjar
Manjarè l'an que vendredi
Vaqui tots los discors
Que fan au Palais Borbon.

Paroles : Siffroy Boyer
Musique : avant 1914
Chanté par « Gutin » à La Piarre


Les députés de là-haut

Les députés de là-haut
Qui n'en sont pas malades
Ont maintenant si bon appétit
Qu'ils ne doivent pas en souffrir.

Refrain
Ah, ils ne sont pas bêtes
Ils ne sont pas bêtes, non,
S'ils sont augmentés
C'est pour se régaler

Il faut voir quand ils vont dîner
Ce qu'on leur a préparé
Là-bas il y a des suppléments
Qui sont aussi sans sommations.

Le jour où ils se sont augmentés
Personne n'a protesté
Ils se sont alloué une pension
Sans protestation.

Là les rouges et les blancs
Se sont serré la main
Puis sont allés au buffet
Pour y boire un café.

Et l'an prochain
Quand ils viendront en auto
Cela sera rigolo
Ils viendront au devant de nous
Pour nous serrer la main.

[…]
Ils se sont supprimé l'indemnité
Mais dans le courant de leur mandat
Ils voudraient bien la garder.

D'un beau lombric
Comme le bas nous leur ferons un bandanas
Et on dira à Tonton
D'aller cultiver las champignons.

Et la retraite de l'ouvrier
Cela viendra en dernier
Dans le courant de l'année
Ils gagnent 15 millions de francs.

Et puis si l'ouvrier
N'a plus de pain à manger
Il mangera l'an prochain
Voilà tous les discours
Qu'ils font au Palais Bourbon.


Source :
De vive voix. Les chansons d'ici. Les pays du Buëch.
Conseil Général Des Hautes-Alpes
Olivier Richaume, chargé de mission au CDMD.

Zoo au logis


Un soir,
j'ouvre ma porte
et sans mentir
je vois...
Un lion à demi-chauve
qui essaie des perruques.
Il les veut
bien fournies
pour draguer ses amies.
Un mainate anémié
qui prend des vitamines.
Il espère
j'en suis sûre
devenir perroquet.
Un nasique amnésique
qui se fait du café.
Il a zappé le filtre
il en prend
plein le nez.
Un loup gris édenté
qui mastique, gueule fermée.
Il ne veut pas
qu'on sache
qu'il a mis un dentier.
Un kangourou obèse
qui fait du karaté.
Mauvais perdant
il boude
et se saoule au saké.
Un boa constipé
qui révise ses textes...
Pour pouvoir digérer
le chapeau
de saint Ex.
Un crocodile du Nil
qui fait, oui, le tapin!
Il promène son sac
en croco
d'îles du Nil.
Un éléphant sexy
qui se met du vernis.
Il en rajoute
des tonnes
pour sniffer l'acétone.
Un zébu enrhumé
qui renifle tout bas.
N'ayant plus de  mouchoirs
il se mouche
dans mes draps...
Alors, je referme
doucement
la porte.
Sur la pointe des pieds
Je m'en vais.
Mais devant moi
il y a...
Une bouteille à la mer
avec mon poisson dedans,
qui tourne...
Il a oublié, bien sur,
qu'il était poisson rouge.

mercredi 9 juillet 2014

Dins l'oulo

Charles Galtier est un écrivain français né le 15 janvier 1913 à Eygalières dans les Bouches-du-Rhône, décédé à Saint-Rémy-de-Provence le 1er janvier 2004.
Son père était maréchal-ferrant et écrivait déjà des farces et des comédies à Eygalières.
D’abord enseignant, Charles Galtier a été chargé de mission par les Musées de France et le Musée des Arts et Traditions populaire en 1959, dans le cadre du centenaire de Mirèio, puis attaché de recherches au CNRS1 en 1960. Il fut également conservateur du musée Frédéric Mistral de Maillane.
Il a obtenu le grade de Docteur Es-Lettres pour sa thèse intitulée Vallabrègues : un village de vanniers soutenue à l'Université de Montpellier en février 1968.
Majoral du Félibrige, il a été le premier lauréat du Prix Frédéric Mistral en 1946 avec deux recueils de poèmes La Dicho dóu Caraco (« la chanson du bohémien ») et Dire Ninoi pèr la Ninèio (« Naïveté pour les enfants ») ainsi qu'un drame, Li Quatre Sèt (« Carré de Sept »).
Il est l’auteur de plus d’une centaine de récits, pièces de théâtre et nouvelles en provençal et de monographies de recherches sur la culture provençale. (source : Wikipedia)

Dins l'oulo

Dins l'oulo avèn mes
     Tres iòu
   De machoto
E sièis agrioto
(Tres e sièis fan nòu
Mai regardo res !)

L'avèn apoundu
      Li dènt
D'un chin maigre
Un pau de vinaigre,
De vièi aigo-ardènt
   E sege chevu

L'avèn mes enca
       Sèt iue
    De moustallo
(E li sèt parpallo),
Tres det de vin quiue
  E de semoustat.

E pièi, per fini
       Boutan
    Trento aguïo,
Pièi nò gaio bluio
 Dès-e-nòu tavan
   E trete arabi.

L'oulo pren lou boui
        Lou fiò
       Beluguejo,
la flamo petejo
Entendrem tres cop
Japa lou chin foui.

   Poudès apara
         Cadun
   Voste vèire,
Saupre, vostre guèire,
Lou dous, l'amarun,
Que i'a d'espera.

Charles Galtier

Dans la marmite

Dans notre marmite,
      Trois oeufs
    De chouette
Avec six cerises,
(Trois et six font neuf,
Mais ne cherchez pas !)

Avons ajouté
       Les dents
D'un chien maigre,
Un peu de vinaigre,
Un doigt de vieux marc
  Et seize cheveux.

Avons mis encore
       Sept yeux
    De belette,
(Et les sept paupières),
Trois doigts de vin cuit
    Et trois de surmôut.

Et puis pour finir,
        Mettons
    Trente anguilles,
Neuf agates bleues,
    Et puis dix-neuf taons
      Et treize moustiques.

Voici l'eau qui bout,
          Le feu
      Etincelle,
La flamme crépite,
Nous entendrons trois fois
Japper le chien fou.

   Vous pouvez tous tendre,
        Alors,
    Votre verre,
Votre vie saura
Le doux ou l'amer
Qu'elle doit attendre.

Charles Galtier
  



lundi 7 juillet 2014

Au secours, il y a des lutins dans la maison !


Le petit monde des Borrowers, c'est pas qu'au cinéma. Ça peut arriver dans n'importe quel T3 ou T4.
Un lutin, c'est tout-puissant, imprévisible et rempli d'imagination.

Les lutins sont farceurs.

Vous avez perdu votre lampe de poche et votre briquet.
La première vous est indispensable pour ne pas vous éclater dans les crottes de chien, quand vous sortez le vôtre, la nuit. Le second, (un Clipper hors d'âge amoureusement bichonné), vous sert tout bêtement à allumer votre clope vespérale.
Vous cherchez partout, vous retournez vos affaires, vous regardez sous les meubles : RIEN.
Vous vous faites une raison en pensant que vous perdez la tête.
Le lendemain, en forme pour la lessive, vous retrouvez votre divine lumière dans la poche du petit dernier. Vous lui demandez :
« Dis donc, bonhomme, t'aurais pas vu ma lampe de poche ?
- Ben non...
- Même pas un peu ?
- Ben non...
- Même de loin ?
- Ben non...
- Même en faisant un effort de mémoire ?
- Ben non... » ( Il joue à la DS, il lève à peine le nez.)
« Parce que je viens de la retrouver dans ton pantalon...
- ….................... » (Pas de réponse, il est concentré ailleurs.)
«  PARCE QUE JE VIENS DE LA RETROUVER DANS TON PANTALON !
- Ben, c'est pas moi ! »
C'est le lutin.
Trois heures plus tard, votre rejeton vous ramène triomphalement votre briquet :
« Maman, il était tombé du balcon, je l'ai retrouvé, je savais que c'était le tien ! »
Vous calculez : de l'appui de fenêtre de la cuisine au balcon, ça fait huit mètres. Du balcon au sol : trois étages.
Les lutins font des progrès.
Vous remerciez chaleureusement le fruit de vos entrailles en l'envoyant, (mentalement), brûler dans les flammes de l'enfer.

Les lutins ont des pouvoirs magiques.

Vous avez absolument besoin de faire des courses : vous êtes en panne de PQ. (Vous êtes en train de boucher les chiottes avec le Sopalin.)
Le problème, c'est que vous avez cinq mômes (les vôtres, les petits voisins), dans la salle de jeux. Ils sont sages.
Vous demandez TRES gentiment à « La Grande », quatorze ans, de garder la smala dix minutes.
Vous courrez à DIA avec la chienne (comme ça, elle aura fait pipi), vous revenez, vous passez la porte et vous entendez :
« Ouais... bientôt...!
 - Attends encore un peu... dès qu'y passe, tu balances ! »
Vous posez votre sac sans bruit, vous faites comme le cheyenne sur la piste de la guerre... Et vous tombez sur quatre gamins hilares agglutinés contre la rambarde du balcon.
Pétants la santé mais bizarrement sans bras. (Ils les ont derrière le dos.)
Vous en retournez un et vous découvrez dans les petite mains innocentes un ENORME ballon rouge rempli d'eau. Vous obtiendrez la même pêche miraculeuse avec les autres.
Vous confisquez les bombes, (la semonce est un plat qui se mange froid), vous les crevez dans l'évier où ça fait schlooouuup et vous vous dirigez, l'âme guerrière, vers la chambre de « La Grande »... Au téléphone...
« Je t'avais pas recommandé de surveiller les petits ?
- Ben ouais, ils sont dans la salle de jeux...
- Ben non, ils font des conneries sur le balcon !
- Mais je T'ASSURE, Maman, qu'ils sont dans la salle de jeux. Ils ont pas bougé ! »
Les lutins ont des pouvoirs hallucinatoires.

Les lutins sont parfois méchants.

Vous avez rangé la baraque : vous allez avoir de la visite.
Vous êtes dans la cuisine, trois casseroles dans chaque main.
Vous entendez des bruits pas nets.
Vous ne pouvez pas lâcher la-sauce-qui-va-coller ni le-caramel-qui-va-cramer. Vous vous dites :
« Faut pas s'inquiéter pour rien. »
Mais ça s'intensifie.
Vous éteignez le gaz, posez vos cuillères et passez dans le couloir avec appréhension.
Vous avez bien fait : on ne peut plus ouvrir ni fermer les portes.
Berlin après les bombardements.
Vous arrosez le tas informe qui s'ébroue dans le bazar de lourdes menaces et de questions indiscrètes :
« C'est pas moi !
- C'est pas moi !
- C'est pas moi ! »
C'est le lutin.
Vous refusez, (la sauce attend), de rentrer dans un débat perdu d'avance et vous enjoignez les bras qui sortent DE REMETTRE TOUT EN ETAT.
« Mais puisque c'est pas moi !
- Mais puisque c'est pas moi !
- Mais puisque c'est pas moi ! »
Vous avisez votre deuxième : (c'est elle qui a crié le plus fort, et il faut savoir diviser pour régner). Vous la SOMMEZ de réparer le désastre.
Dix minutes plus tard, vous la retrouvez en larmes.
« Mamaaaaannn..... ça me fait MAL AUX DOIGTS quand je range..... c'est pas possible ! »
Les lutins sont vicieux.

Les lutins sont des artistes.

Vous venez de passez la serpillière.
Vous vous retournez pour admirer votre carrelage, brillant comme dans les pubs.
Horreur, malheur, y a du bleu partout.
Des traces de pieds nus.
Vous vous dirigez vers la source de la couleur et vous apercevez un adorable bambin d'un mètre vingt-sept, azuré jusqu'aux chevilles. Vous lui demandez :
« Tu m'expliques un peu ce que tu fais ?
- Ben, rien...
- C'est quoi, tout ça ?
- C'est joli, hein, Maman !
- Non, c'est pas joli... qu'est-ce que t'as encore inventé ?
- Je sais pas ! »
Vous choississez de poursuivre l'enquête en amont et vous trouvez un paquet de craies, écrasées sur le balcon. (A votre avis, de quelle nuance?)
Vous rattrapez l'ange blond et vous l'invitez à vous expliquer le rapport qu'il peut y avoir entre le lac bleu et ses pieds. 
« Ben, je t'ai déjà dis que je savais pas...
- Tu te fous de moi !
- Non... non... peut être qu'y avait quelque chose, mais, MOI, j'ai RIEN vu !
- Et t'as laissé le " quelque chose " te grimper dessus sans te défendre ?
- Ben, ça doit être ça.... »
Vous vous dites que si les schroumpfs ont décidé de faire amis-amis avec les lutins, vous êtes pas sortie d'affaire.

Les lutins sont télépathes.

Il pleut. Vous êtes en train de boire le café avec des copains.
Vos tribus coalisées, (neuf chenapans dans la montée d'escalier), vous annoncent qu'elles vont jouer dans l'entrée.
Ça vous arrange, mais vous prévenez :
« Je NE veux pas vous entendre. Vous NE hurlez pas, vous NE sautez pas, vous NE dérangez pas tout le monde ! »
Vous retournez à vos invités.
De temps en temps, vous jetez un œil et une oreille du haut de votre troisième.
RAS...................Cool !
Une demie-heure après, le gardien de l'immeuble sonne à votre porte.
A sa tête, vous voyez tout de suite qu'il y a un problème.
Vous craigniez le pire.
Y a pire que le pire.
Solennel, il vous assène :
« IL VA FALLOIR QUE VOUS CONTACTIEZ UNE ENTREPRISE DE NETTOYAGE ! 
- …..... Pourquoi..... ? » ( vous commencez à trembler.)
« Venez voir ! »
Vous descendez, vous découvrez un hall entièrement retapissé de boue : le sol, les portes vitrés, les murs.... Y en a même qui dégouline du plafond : on dirait le tunnel sous la Manche pendant les travaux.
Vous scotchez vos coupables au mur, où ils restent collés tellement ils sont gluants. Vous appeler le ciel à l'aide et vous passez quatre heures à karchériser le HLM, avec vos voisines et les apprentis-terrassiers. (Le gardien a eu pitié de vous et vous a prêté son matériel). Comme vous êtes pieds-nus et trempés, vous aurez tous la crève après.
Le soir, calmée et lavée, vous demandez aux arsouilles :
« Mais qu'est-ce qui vous est passé par la cervelle ?
- Ben... on sait pas... mais c'est pas de notre faute !
- C'est la faute à QUI, alors ?
- Ben, Maman, c'est VRAI, c'était  un truc dans notre tête, mais c'était comme si c'était pas nous ! »
Les lutins sont télépathes.
Alors vous leur envoyez des ondes MEGA FORTES.
« BARREZ-VOUS... BARREZ-VOUS... VOUS ÊTES INTERDITS DE SÉJOUR ! »
Mais, dès le lendemain, vous les suppliez de ramener leurs fesses et leur compassion, (heureusement, un lutin, ça a bon cœur et c'est pas rancunier), à la première chute de vélo.

mardi 1 juillet 2014

Attack Punk Records intervista a Jumpy Velena

CCCP Io sto bene

CCCP - Curami

Strade parallele (Aria siciliana) Giuni Russo e Franco Battiato

Caparezza- Vengo dalla Luna

Caparezza - Fuori Dal Tunnel

Caparezza - Vieni A Ballare In Puglia ft. Al Bano

Albano e Romina Power - Felicita 1982 (HQ)

Mina & A. Celentano _ Parole parole _ 1972

Adriano Celentano - pregueró

Adriano Celentano - pregueró

Adriano Celentano Don't Play That Song (You Lied)

Adriano Celentano Don't Play That Song (You Lied)

Adriano Celentano - I want to know (Original)

Adriano Celentano - I want to know (part II)

La ragazza di Trieste 1982 Film Completo

lundi 30 juin 2014

Storie di ordinaria follia (Contes de la Folie ordinaire)

ORNELLA MUTI 1981 (Contes de la Folie ordinaire)

Sophia Loren Documentary

Pane amore e fantasia ... Dino Risi (1955)

'E la nave va', Fellini (1983)

Le Bal (1983)

Les Nouveaux Monstres 1977 Mario Monicelli, Ettore Scola, Dino Risi av...

Les Monstres 1963 De Dino Risi Avec Ugo Tognazzi , Vittorio Gassman Fr

Pain Et Chocolat Fr Brusati,Nino Manfredi Version Française!

Le pigeon 1958 Mario Monicelli Claudia Cardinale, Vittorio Gassman...

Il Mattatore - Dino Risi - Vittorio Gassman 1960 vost FR/ENG

poesia - Vittorio Gassman - verrà la morte e avrà i tuoi occhi.

Cesare Pavese - Verrà la morte e avrà i tuoi occhi

Cesare Pavese e la sua solitudine - CULT BOOK

27 AGOSTO 1950 MUORE SUICIDA LO SCRITTORE CESARE PAVESE (SCHEDA BIOGRAFI...

CESARE PAVESE - da "Il mestiere di vivere"

Cesare Pavese dans la série "Un siècle d'écrivains"

Emil Cioran - documentaire "Un siècle d'écrivains"

samedi 28 juin 2014

Bestiaire

Il y a un léopard
dans mon couloir
rose et noir
avec des yeux violets.
Il stationne.
Il ronronne.
Il a l'air bien intentionné.
Le courant d'air qui passe
par les fenêtres ouvertes
frôle ses oreilles rondes,
le fait éternuer.
Il a une moustache cassée,
hirsute,
qui voudrait se sauver.
Il me regarde.
Il ne bouge pas.
Je lèche mon ongle qui saigne
trop rongé.
J'avance de trois pas.
Il ne bouge pas.
Encore trois pas...
Je l'attrape,
je l'étreins
contre mon coeur
comme un bébé prématuré
qui va se noyer.
Je l'enfile
pour le rassurer.
Pour me rassurer :
mon gilet imprimé léopard,
rose et noir
avec des yeux violets.

Vertige

Je me suis ensauvagie,
pieds nus dans la colline.
La marne qui s'écroule
laisse un sable doux.
Naïveté des sens
dans le soleil brûlant,
son odeur de vent.
Les genévriers griffent.
J'étale le sang
en peinture de guerre.
J'ai cinq ans.
Alors, comme un jeune chêne,
je fais des feuilles.
Douceur précaire de l'heure,
bonheur sans parure.
J'écrase le thym,
le suc de la roche
et me couche en étoile
pour voir tourner le ciel.

Le carré des eaux

Le carré des eaux
a quitté ses hardes d'hiver.
A enfilé sa robe d'avril,
ne te découvre pas d'un fil...
Mais, avant mai, laisse ton esprit dériver
vers les sources en amont.
On pressent un soupir,
On découvre le bruit de l'eau
qui sinue entre les galets.
S'évade en sautant quelques pierres.
Accepter le paradis,
ouvrir les bras aux dons de la terre,
ses couleurs ferment l'horizon.
La prêle se hisse,
chevelure de mariée sauvage
au premier réveil.
Bleu des fleurs nourrissonnes.
jaune des genêts, timides encore.
Naïveté.
Nouvelles amitiés, autres que celles des hommes.
Les yeux d'or du chien
reflètent le ruisseau.
Il boit,
dans le frais jusqu'au poitrail,
mouillé et satisfait.
Partout, des souvenirs amis.
Traces de chevreuils,
de sangliers,
en forme de cœur,
enfoncées dans le sable.
Confidences.
Empire secret.
Abîme vertigineux de l'imaginaire,
en toute noblesse et toute religion.
Le païen tout puissant
sommeille.

vendredi 27 juin 2014

jeudi 26 juin 2014

Do you remenber...?

« Oiso...
- Bido... 
- Oisooooo...
- Bidoooo.... »
Oiso est perchée sur son toit. Bido est dans la cabane. Elles jouent à « on est caché mais on sait où on est ».
Oiso à dix ans. Bido cinq.
Le jardin regorge de surprises. Il y a le cerisier, où on peut construire des cabanes de poupées, et qui, en plus, donne des cerises. Qui offre aussi aux gourmets sa gomme brune qui globule par endroits : on la récupère, on la met dans un bocal avec du miel et de l'eau, on laisse une semaine au soleil... Et on boit. Ça pétille, ça doit sûrement être infect mais c'est délicieux.
Il y a le poulailler où s'ébrouent innocemment deux poules, deux poules naines, un dindon, un lapin et une vingtaine de cochons d'Inde.
Les poules pondent des œufs rosés. Les poules naines des œufs tout blancs. Même le « jaune » à l'intérieur est blanc crémeux.
Le dindon joue la star : il est susceptible et veut toujours avoir le dernier mot.
« Glou... Glou... » fait le dindon.
« Glou... Glou... » répond Oiso.
« GLOU... GLOU... » rétorque le dindon.
« GLOU... GLOU... » surenchérit Oiso.
«  GLOOUU... GLOOUUUU... » s'étrangle le dindon, qui passe par toutes les couleurs de l'arc en ciel. Rouge, violet, bleu, bleu-vert.
Oiso croit toujours qu'il va éclater, mais non.
Le pauvre est quand même passé à la casserole. On lui a coupé le la tête, un après-midi. Oiso l'a vu à travers les fentes des volets de la chambre où elle était censée faire la sieste.
Le lendemain, pourtant appétissant et rôti, personne n'en a mangé.
C'est dur de digérer un artiste.

« Oiso... T'es où ? Oisoooo... ?
- Juste là, au dessus !
- On va jouer au « chien qu'est blessé ?
- Ben si tu veux, je vais chercher les bandes...
- Tu prends aussi les piqûres ?
- Ouais, et les comprimés pour la récompense... »
« Le chien qu'est blessé » consiste à immobiliser Poucet, le berger d'Oiso, à lui expliquer qu'il est TRES malade, et à lui bander extrêmement serré la cuisse et la patte arrière.
Après, Poucet boîte. Elles n'ont jamais su si c'était pour leur faire plaisir ou à cause du bandage.

Le troupeau de cochons d'Inde a suivi deux courbes : la première, nettement exponentielle (une portée tous les trois mois), la seconde, franchement dégressive. (Ils finiront par s'éteindre à force de consanguinité). En attendant, dans leur phase d'opulence, ça grouille et c'est super pratique : on peut apporter à l'école, dans une cage, une maman enceinte, la laisser le jeudi, et le vendredi, y a trois bébés en plus.
Les cochons d'Inde, c'est aussi ce qui a permis à Bido de ne pas crever de faim. (N'allez pas croire qu'elle les mangeait, NON... Mais petite, elle VOULAIT RIEN avaler).
Alors, on lui mettait à côté de son assiette une bestiole et un peigne... et pendant qu'elle coiffait le mammifère, ni vu ni connu, on enfournait les cuillerées.

« Bido, viens vite.... Bido, viens voir ! »
Elles lâchent le chien et se précipitent vers le poulailler.
L'ATTRACTION.
Y a encore le lapin qui « fait des enfants » à une poule.
Vrai de vrai, juré, craché.
Bido comprend rien mais se marre, Oiso glousse. Elle espère secrètement voir, un jour, un poussin poilu avec de grandes oreilles sortir d'un œuf...
Pour le coup, elles sont plutôt complices, pourtant Oiso n'a pas toujours été tendre avec Bido.
Quand sa sœur avait trois ans, elle lui faisait manger les crottes de souris.
« C'est quoi ?
- C'est des bonbons.
- Pourquoi ils sont par terre ?
- Parce que c'est comme les œufs laissés par les cloches de Pâques.
- Je peux goûter ?
- Ben ouais...
- T'en veux pas ?
- Je te les laisse, tu es la petite ! »

Après, il y a eu les limaces. D'abord une minuscule, un bébé limace. Avalée, même topo, même histoire.
Encouragée par l'expérience, Oiso en a présenté une GROSSE à sa frangine, accompagnée de moult « Huuum...Huuum... ! » (Pauvre limace...)
Là, ça a coincé lors de la mastication.
De la bave qui moussait, bullait et sortait de partout.
La môme avec la bouche ouverte, béante comme la gueule d'un crocodile qu'on a coincée avec un bâton.
Maman est intervenue, n'a pas tout saisi (heureusement), mais a flanqué une ratatouille à Oiso : « On ne peut pas te faire confiance ! »
Ensuite, y a eu le portique.
Oiso hissait sa sœur sur la barre du milieu, l'accrochait avec des cordes et lui disait :
« T'es une guerrière, une vraie sauvage, t'es prisonnière, tu DOIS te débrouiller pour descendre ! »
Bido hurlait juste.
Maman rappliquait et râlait : « On ne peut pas te faire confiance ! »

Le couronnement, ça a été « le Cirque du Soleil ».
Pendant le spectacle, il y avait un équilibriste qui montait sur une échelle posée contre RIEN.
Une passerelle magique.
Le lendemain, dans le jardin, Oiso sort la grosse échelle de Grand-Père, essaye de l'enfoncer dans la pelouse, n'y réussit pas, mais dit à Bido :
« Mets toi devant et REGARDE ! »
La petite obtempère, et, du haut de ses cinq ans, ADMIRE SA GRANDE SOEUR.
Laquelle grimpe sur l'échelle.
Premier barreau : ça tient.
Deuxième barreau : ça tient.
Troisième barreau : ça tangue.
Quatrième barreau : ça valse.
Cinquième barreau : ça tombe sur la tête de la spectatrice qui espérait le miracle.
L'échelle avait des crochets de charpentier : le massacre.
Le crâne fendu, et du sang, du sang, du sang...
Oiso repose l'échelle ( elle la cachera plus tard), appelle les parents, berce sa sœur en lui murmurant à l'oreille :
« C'est la balançoire qui t'a cognée.... c'est la balançoire qui t'a cognée... je me balançais, tu es passée devant et t'as pris la balançoire... »
Pompiers, urgences, radios, points de suture. Un jour d'observation.
Oiso était paralysée par la peur et le remord.
(A dix ans, quand même, on se doute que trente-cinq kilos de gamine plus une échelle, c'est pas tout à fait pareil qu'une balançoire).
Elle se renseigne en douce sur « les examens » « le suivi médical ».
Elle jure au ciel et à sa sœur qu'elle lui lui prêtera, lui DONNERA, tous ses jouets.
C'est la tête de l'homme invisible qui est revenue, l'hôpital avait réparé le trou et enturbanné de blanc.
La vie continuait.
Vingt ans après, au cours d'une rigolade de souvenirs d'enfance, Oiso demande à Bido :
« Tu te rappelles, quand je t'ai fait tomber l'échelle sur la tronche quand t'avais cinq ans ?
- Ah, ouais, je me rappelle...
... mais c'était pas une échelle, c'était la balançoire ! »
Bénies soient les petites sœurs.



Ps : Bido n'a pas gardé de séquelles...
Elle est maintenant une auteure-illustratrice reconnue de livres pour enfants.
Si vous voulez aller voir sur internet, elle s'appelle Claire Cantais.





mercredi 25 juin 2014

Chançon de mariatge


Voici une chanson qui provient de l'enquête " Fortoul ".
Sur une des pages est portée la date du 12 janvier 1852.
Le collecteur ajoute que " cette chanson  a été composée, par Pierre Ferrier, de " La  Tuillièrère", hameau de Saléon, à l'occasion de quelques mariages qui devaient se faire dans le hameau."

Il relate sur d'autres feuillets  quelques contes et historiettes, mentionne des usages relatifs au mariage.
"Jeux de la veillée à Saléon : on fait deux rouleaux de chanvre, qu'on enveloppe de papier, après on les dresse sur une chaise, après quoi on y met le feu. Si, en brûlant, les rouleaux tombent l'un sur l'autre, cela pronostique un mariage."

Et, si, par miracle, ce pronostic s'est avéré exact.....

Se fai plusor mariatges
Din aqueste paìs
Es un badinatge
Que chascun ne ris.

Aiçò es çò que ne chau
per garnir l'espitau
D'una pòrta a l'autre
Donnatz nos un pauc.

Filhas de la toriera
Vos chacrinetz pas
Quand vòstre mariatge
Ne'n passaria pas.

Aqueu de Cabassum
Benlèu passarè pron
Ai auvit de novèlas
Que ditz pasde non.

S'enamèm vèrs Margoton
D'estiani si n'a pas passat
Aquò n'es l'encausa
L'argent a manqua.

Quand venrè lo bon temps
De teules pastrarem
Alora porm dire
Que se mariàm.

S'enamèm vérs la cadeta
De l'Abelhon
Que nes tan braveta
S'apela Suson.

A pas volgut dire de oui
Ambe lo Joan d'Enric
Ditz que ne vòl un autre
Que siaja plus polit.

La plus estonaa
Es aquelade Gargàs
Dison qu'es tròp paura
Per aqueu bèu mas.

A desenemies
Dedins lo pais
Dison qu'es bergiera
Garda las brebis.



Chanson de mariage.

Plusieurs mariages se font
Dans ce pays
C'est un badinage
Dont tout le monde vit.

Ceci est ce qu'il faut
Pour remplir l'hôpital
D'une porte à l'autre
Soyez généreux.

C'est le bon Dieu
Fils de la Tourrière
Ne vous chagrinez pas
Quand bien même vôtre mariage
Ne se ferait pas.

Celui de Cabassun
Peut-être se fera-t-il
J'ai entendu dire
Qu'il ne disait pas non.

Allons chez Margoton
Si Destiani n'est pas v'nue avant
En voici la cause
L'argent m'a manqué.

Quand le bon moment sera venu
Nous pétrirons des tuiles
Alors nous pourrons dire
Qu'ils se marieront.

Allons chez la cadette
De l'abeilloun
Qui est si gentillr
On l'apelle Suzon.

Elle n'a pas voulu dire oui
Au Jean d"Henri
Elle dit en vouloir un autre
Qui soit plus joli.

La plus morose
Est celle de Gargas
On dit qu'elle est trop pauvre
Pour ce beau mas.

Elle a des ennemis
Dans le pays
Ils disent qu'elle est bergère
Elle garde les brebis.


Source : " De vive voix
                Les chansons d'ici
                les Pays du Buëch "
Conseil général des Hautes-Alpes.
Collection dirigée par Olivier Richaume.