RESEAU

mercredi 30 avril 2014

Va chercher la mer Billit !

Brautigan Contest Courts #08

Cher Cafard de ma cuisine,

Je t’ai surpris ce matin, mordoré et fugace, avec l’air d’avoir des affaires à faire qui ne peuvent pas attendre. Tu avais une lueur d’intelligence dans une de tes antennes délicatement courbée vers moi, la gauche, qui semblait me dire « salut, je t’ai vue, mais on n’a rien à foutre ensemble ». Et tu as plongé derrière le meuble  à côté de l’évier.
Au début, je t’ai pris pour une mite ; je ne suis pas sûre que cela te  fasse plaisir.
Une mite ! La mite, bêtement, vole, et lourdement, en plus, on a le temps de la flinguer d’un claquement de doigt. Mais toi qui rampe, impossible de t’attraper sur le vif. Est-ce que tu es en train de nourrir tes petits en leur disant : allez, allez, faites-moi de beaux bébés dans plein de jolies colonies lointaines ? Mais ne frayez pas avec les autochtones, dévorez-les ?
Un bon  autochtone est un autochtone vidé de l’intérieur, fourmi, scorpion, ou mite (au repos). Au début, l’envahisseur cafardeux semble inoffensif, il vous fait un petit coucou discret, se nourrit de vieux machins desséchés que vous avez laissé : ce n’est pas parce qu’on finit les restes qu’on a pas soi-même des restes, et des plus pauvres qui finissent les restes de vos restes, et ainsi de suite… Le cafard qui est un malin connait le truc ; dans le manuel de « l’Invasion à portée de tous » du Grand Kancrela Blattaria, c’est le premier truc de base qu’on apprend. Voilà un passage du bouquin que j’ai trouvé en glissant la main derrière le meuble, page 375890  (le cafard écrit en pattes de mouches, c’est bien connu, alors pour la lecture bonjour !) :
« Une fois l’ennemi endormi, ou apprivoisé, c’est pareil, on commence à grignoter du terrain : on prélève dans une boîte à cafards négligemment posée par un Humain facétieux un peu de la cochonnerie sensée nous tordre les boyaux. Tu parles ! On est là depuis 400 millions  d’années ! Ma mère en rigole encore en me racontant comment ils ont, avec mon père et mes 54000 frangins et frangines, pourri la vie des habitants d’un immeuble entier, avec caves et dépendances.
C’est eux qui se sont entretués, en s’accusant les uns les autres ! En se traitant de gros dégueulasses, de blaireaux, en se reprochant des bruits et des odeurs,  en se faisant exploser leurs bagnoles et en se foutant sur la gueule après constitution de gangs rivaux avec tatouages et rites de passage (30 morts 42 blessés en une seule soirée). Ah, nos premiers colons, c’était quelque chose !
Revenons à notre autochtone à dégommer : une goutte de Propoxur et le tour est joué ! La fourmi toujours désireuse de nouveauté vient goûter la petite gaufrette du nouvel habitant inoffensif qui l’invite pour la fête des voisins et elle en ramène à ses nourrissons chéris… ».
J’ai arrêté là la lecture, j’aime bien les fourmis.

Hélène S.
Saint-André de Rosans
Hautes-Alpes


Brautigan Contest Courts #07

Chère Araignée,

Je t ‘aime, et je t’en veux : une seule toile de toi devrait permettre à tout le monde d’avoir une grande envie de vivre heureux, rien qu’en te regardant.
Au lieu de ça, tu te fais moche, et velue, en plus ! Pour une fille, ce poil aux pattes c’est pas joli joli.
Fais quelque chose ! Gazouille, par exemple, mélodieusement, dès qu’un inconnu s’approche, ou colle-toi des plumes colorées au derrière, mais fais quelque chose !
Tu te déplaces comme un crabe mal embouché au milieu d’une toile qui tourne vite au vieux chiffon graisseux dès qu’on a le malheur de la frôler, et tout le monde a peur, si petite que tu sois. C’est à cause de ton apparence que les gens malheureux s’en vont parce que plus rien ne les retient, qu’ils passent complètement à coté de la géométrie de pure beauté de tes toiles, de la résistance surnaturelle du fil que tu déroules inlassablement… Pas besoin d’être Spiderman pour le comprendre, surtout le matin quand la rosée fait étinceler chaque trajet de soie, pendant que tu te planques pour mieux descendre le moral de celui qui a le malheur de chercher l’artiste qui a peint cette petite merveille, et vient innocemment te regarder dans le fond de tes huit yeux ! Ca aussi, quelle idée ! Ca fout les chocottes !
La vie est mal faite. Une seule rencontre avec une seule araignée devrait suffire aux mornes, mélancoliques et déprimés, une seule délicate œuvre architecturale pour leur redonner le goût de l’intimité, du partage, celui des mêmes recoins et des mêmes angles de vieux murs…
Au lieu de ça, ils font un petit tour autour de nous et puis s’en vont, et on ne les revoit plus jamais, ils sont « ceux qui sont passés à côté de l’araignée ».

Hélène S.
Saint-André de Rosans
Hautes-Alpes


Brautigan Contest Courts #06

Cher Escargot de pluie,

Est-ce que tu pourrais éviter de traîner la nuit dans des rues de montagne peu sûres, de surcroît complètement bourré avec une glissade hésitante, à la recherche d’une hypothétique nana escargote qui elle reste bien au chaud de sa feuille de rhubarbe et a compris que les chemins de traverse n’existent pas, et que sur le goudron on se fait écraser à coup sûr ?
Je suis obligée de zigzaguer en bagnole et je risque à tous les coups de me mettre dans un ravin…  A cause de toi, une  espèce de limace qui a fait péter son plan d’épargne- logement et s’est offert un petit pavillon portatif, toi qui a « Fâis Cônstruire »…
Le nomadisme c’est bien à condition de pouvoir virer sa roulotte vite fait en cas de danger, d’allumés cogneurs à matraques… Toi, non, ta roulotte tu la trimballes avec fierté, et balalin par ci, et balalin par là, et crac ! Ecrabouillé, le « Sam suffit », le « Do mi si la do ré » en colimaçon, sous la roue de ma Clio innocente quand je rentre sous la pluie avec une seule idée, être au sec dans mon pavillon à moi.
Je déteste écraser les escargots, le craquement de leur coquille sous mon pied me désole, alors sous une roue de voiture, je  préfère ne pas y penser.
Dans la hiérarchie des bêtes, l’escargot est plus bête que certaines bêtes : on construit paraît-il des crapauducs, pas des molluscducs ! C’est inhumain ! Enfin, ingastéropodain ! C’est ça le fond du problème : tu es imprononçable, baveux, sauvage, hermaphrodite, bref pas comme tout le monde. Alors que le crapaud, lui, avec ses petites pattes rondes et ses petits doigts nous ressemble vachement, on dirait un petit fœtus sorti un peu trop tôt, mais que sa mère aime déjà.  Va t’identifier à un escargot, essaie de te déplacer en rampant sur le ventre ;  alors que toutes les mères appellent tôt ou tard leur bébé « ma grenouille «  (moi aussi ).
Pourtant, le premier mot de mon fils a été : « … Cagot » en me montrant l’escargot qu’il venait de trouver.
Pas « … Nouille ». Encore heureux.

Hélène S.
Saint-André de Rosans
Hautes-Alpes


Le train Marseille-Metz...

Arti, encore !

Salut Louis ! j'espère, je crois, je sais que tu vas bien...

Les enfants de Gaston...

Brautigan Contest Courts #05

Laragne - Veynes : Montana Express

L’écrit et la vie sont en route ; quasi tous les matins, le long de ce Buëch, le long de la voie ferrée, le blog de la 1075. Il s'agit bien d'un « road movie » immobile, car chaque soir il replie le temps et enroule la pellicule, dans I'autre sens, sagement au fond de la Place de l’église. Elle rêve des livres, des chapitres, des histoires, des nouvelles qui l'emballent, elle pourrait être écrivain ... et, bêtement aussi, elle mijote des réponses non dites aux petits chefs et aux ploucs. Cela lui file le bourdon.

Extirpée de sa gangue de galets et de pommes, de projets en rade, sur lesquels il serait bien utile de s'acharner encore, encore ... et ouvrant l'æil de khol ourlé, elle vise ainsi le nord. Le nord, se défilant entre les synclinaux dûment perchés de Beaumont , d'Aujour et Saint Genis, le nord, le nord magnétik et fantasmagorique.
Sur un ruban de bitume fort malaisé, souvent encombré d'européens vacanceux et campincareux et peint de lignes claires ou de pointillés vomis à l‘envers par un gendarme rancunier, il s'agit dès le matin de faire cache-cache avec le TER qui part, oh délices !, à la même heure. Que ne prend t-elle le train ? le soir elle attendrait sous le réverbère le retour de la nuit noire ... Mais la voiture électrique nucléaire « Areva mon amour » nbxiste pas à Veynes City, qui pourrait la conduire jusqu'aux destinations rêvées de Montmaur ou Gap. « Cette dépense (folle !) n'a pas été inscrite au budget » répondrait ceftainement un Chef. Ce budget décidément, manque d'imagination Durassienne .... Il faudra y remédier. Passage frileux à Pont la Barque qui gèle tout l'hiver à pierres fendre : -5° dès mi novembre jusqu'aux silencieux, pétrifiés -1° de janvier, cette forêt de glace étrange, un lieu magique, le palais de la Reine des Neiges y est enfoui sous les broussailles, dit-on. Une jeune fille lh cherché en cueillant des fleurs de givre qui ont fondu sous ses doigts, à la saison des complicités enfantines. Elle a ensuite laissé son costume scintillant et pris, la route q.ui, encore plus loin vers le nord, apporte les larmes contenues mais amères de la séparation des filles et des mères. Roulent aussi parfois, l'hiver, les larmes de l'échec, de la solitude, et de l'inquiétude. Les eaux salées glissent le long de la route.

« La vie est une vallée de larmes » répétait naguère, l'étudiant espiègle, goguenard, hilare et boutonneux. Savait-il qu'il aurait raison ? La route du fleuve turbulent est surplombée d'un pont Eiffel qui nous promets de lointains voyages vers celui de Paul Doumer et Hanoi, si ce n'est, ici, le désert. Le Fleuve Rouge à larges enjambées, rouillées empofte les souvenirs de l'Indochine. Encore Duras ! Cette embarcation maintenant qui divague et crève sur un terre-plein, pleine de terre, assassinée par un drapeau breton, Gwenn a du passer par là, couvert d'hermines, couchant à l'hôtel des ducs de Bretagne et de ses cousins du même bois. Que dire plus loin, de cet aérogare fantôme perché sur une colline, il n’y a que dans cette vallée que l’on entrevoit cela ... néanmoins quelques record ont été ici ou là épinglés sur les cailloux et les galets vomis par le Buëch d'en haut. La route se poursuit vers Poteau Saint Luc, haut lieu de croisement cheminot qui a donné d'inénarrables rencontres historiques à partir de mails échevelés. Le lieu se retrouve vide maintenant, incroyablement dénudé, il a perdu son cèdre emblématique. Le Montana se rêve à droite vers Chabestan ... une truite pleure en silence. Une bâtisse borde ici le plan d’eau, japonisant si on le laisse faire, repaire de photographes et de théâtreux, abri d'aftistes et repère de diggers. Après la nef couleur Klein posée sous Oule, bateau échoué qui fit parler, parler toujours, un musée dépecé vendu en soldes annonce Veynes, rouge étoile ferroviaire, elle est là, somnolente entre deux vies. Terminus, elle se glisse doucement, se cale, dans l'interstice bleu, tout est pensé, reste à écrire.

Martine M.

Laragne-Monteglin,
Hautes-Alpes
Lauréate 2013

Brautigan Contest Poèmes #07

Sur ces 3 pattes, chaque matin il va.
Depuis 50 ans dans cette chambre
Il allume sa radio, son récheau et enfin son mégot
Il en connaît des choses à ce propos.

Contre tous les temps, il sort même
Le dimanche, voir un compagnon.
Toujours le nez au vent, sur les chemins
Ou dans les champs, avec rien il se sent bien.

Sans femme ni enfant, souriant doucement,
Parfois grimaçant, il avance.
Ce paysan ressemble au clown triste.

Sur ces 3 pattes, il ne va plus aux champs
Toujours au vent, il attend d’aller un jour
Courir dans les champs.


Marcel, le paysan

Patricia O.
Aspres sur Buëch
Hautes-Alpes

Brautigan Contest Courts #04

Une flaque de sang au cœur du Petit Buëch.

- J’avais confiance en toi, et voilà!
- Et oui, tu avais confiance en moi et maintenant tu vas mourir.
- Je ne sais pas si on ne tourne pas en rond. Ce caillou, on I’a déjà vu tout à I’heure.
- Des cailloux, y’a que ça ici. On est dans le lit asséché d’un torrent. D’ailleurs, ça doit être plein de serpents. Si on se fait mordre par une vipère, on est mal, d’autant plus que le portable ne passe pas...
- Regarde! Un sentier ! Y’a qu’à le suiwe.

Elles suivirent le sentier large de quelques centimètres (il s’agissait donc d’une sente) parmi les broussailles et la grande forêt sombre, même qu’en plein jour et par un beau soleil on n’y voyait goutte. On aurait dit la forêt de Blanche Neige, lorsqu’elle fuyait le chasseur qui devait la tuer et que les arbres essayaient de I’attraper avec leurs branches griffues, Elles marchèrent un temps... certain.

- Dès qu’il fera nuit, on pourra utiliser la lampe Queschua qui clignote pour âppeler les secours. Maudit raccourci !
- Qu’est-ce qu’elle dit la carte?
- La carte, y’a longtemps qu’elle ne dit plus rien. En tout cas, on s’en rappellera de Robert et Ginette et de leur livre sur “les petites promenades au cceur du Buëch”. Je vais leur écrire et leur demander pourquoi ils veulent perdre les gens en pleine montagne en fabriquant des fausses cartes.
- Peut-être que c’est parce qu’on ne sait pas lire les cartes?
- Peut-être, mais c’est pas une raison. Ils ont fait des traits rouges partout sur leur carte. Ohé!
- Robert ! Ginette ! C’est où la sortie ?!
- Ils ont dit trois heures de marche pour arriver, ça fait quatre heures qu’on marche et on est au milieu de nulle part.

Elles arrivèrent au bout de la sente et débouchèrent sur... une carcasse de vache.
- Pourvu que dans deux ans, personne ne tombe pas sur la nôtre de carcasse...
- Regarde les os, ils sont impeccables. Si ça se trouve, elle s’est faite bouffer par les loups.
- Tu crois qu’ils auraient laissé les os? Non, elle s’est cassé la figure et a déboulé jusque là où elle s’est rompu Ie cou.
- Il faudrait surveiller, des fois qu’une autre vache vienne à tomber. Attention, chute de vaches !
- Tu imagines le titre dans le journal ? “Une flaque de sang au cœur du Petit Buech : deux promeneuses écrasées par une vachemaladroite qui a déboulé la montagne.”
La faim commençait à les tenailler lorsqu’elles arrivèrent après cinq heures de marche, dans une clairière parsemée de bouses de vaches séchées. Enfin, un signe de civilisation ! La dent d’Aurouze se dressait devant elle - fière comme Artaban - la forêt bruissait laissant entendre sa mélopée plaintive au grès de la brise estivale tandis que les oiseaux, insouciants face à la gravité de I’heure, gazouillaient. Elles s’installèrent dans cet endroit idyllique (si tant est que idyllique comprenne aussi les mouches qui vous rentrent dans le nez, les guêpes qui s’installent sur votre fromage et les serpents qui risquent de prendre logis dans votre sac à dos).

- On devrait garder du pique-nique pour “en cas où”.
- Oui, on va garder des dattes, du chocolat et des biscuits.
- Je pressens que la dernière chose que I’on va manger, ce sera des dattes fourrées au chocolat.
- Avec la dernière cigarette, ce ne sera pas si mal...

Après s’être sustentées, les deux promeneuses partirent à la recherche d’un trait. Un trait jaune, rouge, blanc ou de n’importe quelle autre couleur pourvu qu’il eut été tracé par un être humain. Nous allons abréger le récit et sauter quelques pages laborieuses au cours desquelles nos deux promeneuses errèrent, sautèrent des ruisseaux, s’embranchèrent dans des souches, glissèrent sur des feuilles, suivirent des sentiers que seuls quelques chamois, mouflons ou sangliers avaient osé emprunter avant elles. C’est ça I’instinct de survie ! Quoiqu’il arrive, il faut avancer !

- Oh! Regarde! Une chapelle! C’est la chapelle de la Crotte!
- Mais qu’est-ce qu’elle fait là? Elle n’est pas là normalement!
- Ça, c’est encore un coup de Robert et Ginette !
- Ok, maintenant, c’est bon. On a qu’à suivre le premier trait qui se présente et une fois arrivées à Gleize, Charance, Conode ou Matachare, on téléphone pour qu’on vienne nous chercher.
- Oh! Regarde! Le Petit Buëch!
- Ohl Le Petit Buëch! On va tremper nos pieds?
- Oui mais pas longtemps. On est parties depuis neuf heures ce matin et il est dix-sept heures trente. Juste pour aérer nos ampoules et aprés on repart.

En haut du sentier surgirent deux individus. Une dame habillée de fines dentelles et un monsieur portant un short colonial et un parapluie rouge. Des alter-égos avec deux bras, deux jambes et qui parlent ! On se croise, on se salue avec de grands sourires. Nos deux promeneuses eurent envie de les embrasser mais elles se retinrent car elles eurent peur d’avoir I’air bête. Un panneau indiquait le sentier des Bans. Le sentier des bans ! Au bout- il y a Rabou. Raboui Ses boulistes, ses mémés qui promènent, sa buvette (sauf qu’aucune des deux n’avait un sou).

En rentrant à la maison, avec dans les jambes douze heures de marche, elles ont appris qu’elles avaient disparu et que tout le monde les cherchait. Cette aventure leur a inspiré un beau projet. Elles vont écrire un livre. Le titre ? “Ballades au cœur du Buech hors des sentiers battus”. Ce ne sera pas un topo pour se repérer, elles en sont incapables. Ce genre de ballades servira à tester I’amitié : elle en sortira renforcée... ou déchirée àjamais...


Gisel C..
La Roche-des-Arnauds,

Hautes-Alpes.

Brautigan Contest Poèmes #06

EN RETRAITE

A la maison de retraite
Il y a le vieux séducteur
Qui accroche des violettes
A son déambulateur

Près de la porte, tassée
Vibre celle qui attend
Attend en vain au courrier
Une lethe des enfants

Il y a la mamie-sourire
Qui rayonne dans un coin
Elle garde sans mot dire
Un bonheur pourtant bien loin

Fauteuil roulant de compète
Vieille carriole modeste
Même en maison de retraite
Les inégalités restent

Il faudrait peut-être mieux

Pour nos vieux...

Puis vient I’heure du goûter
Gâteaux secs ou pets de nonne
On ajuste les dentiers
Et à donf les sonotones!

Et là, sous la peau ridée
Comme avant battent les cæurs
Ils sontjuste un peu aidés
Par un nouveau pace maker

D’eau de Cologne aspergées
Les mamies font les yeux doux
On n’est jarnais trop âgée
Pour courir le guilledou

Une vie à travailler
Pour un verre d’Antésite
Une vie à tavailler
Et la vie passe si vite!

Il faudrait peut-être mieux
Pour nos vieux...

Serres
Hautes-Alpes

Brautigan Contest Poèmes #05

LE BUECH

Comme un célibataire endurci
La majeure part de l’année son lit
Est trop grand, bien trop vaste pour lui
Il n’enlace que des galets polis

Il emportera vers la Durance
Les derniers lambeaux de ma romance
Un bouquet de violettes fanées
Un bouquet que tu n’auras jamais

Le Buëch...
Pres de la berge peche
Un héron et la flèche
De son bec dans l’eau fraîche
Vient transpercer le cœur
D’un poisson maraudeur

Le Buëch
Est sans doute de mèche
Avec les pics épeiches
Car leurs voix mêlées sèchent

Par miracle les yeux
Des amants malheureux

C’est dans l’herbe à l’aplomb de Beaumont
Que j’ai délacé ton cotillon
Que nous avons froissé Ie cresson
Et le Buëch murmurait sa chanson

La chanson de cette eau emportée
Qui s’écoule et ne revient jamais
Mais aujourd’hui l’air est parfumé
Le ciel bien trop bleu pour les regrets

Le Buëch...
Près de la berge pêche
Un héron et la flèche
De son bec dans l’eau fraîche
Vient transpercer le cœur
D’un poisson maraudeur.

Serres,
Hautes-Alpes.

Brautigan Contest Courts #03

LE CHANT DU VENT

« Entends-tu jeune fille ? En es-tu bien sûre ? »

Evidemment qu’elle entendait ! Cette question absurde que lui avait posée un homme inconnu plus tôt tournait en boucle dans sa tête. Que voulait-il dire ?
Elle frappa rageusement une pierre de son pied; de toutes les attitudes qu’elle abhorrait, celle de cet homme était celle qui l’agaçait le plus : elle ne le connaissait pas et pourtant il l’avait abordée et lui avait posé cette question insensée accompagnée d’un sourire sibyllin puis était reparti sans aucune explication.
Malgré tous ses efforts, la jeune fille ne parvenait pas à chasser de son esprit la mystérieuse question et sentant que tourner en rond dans les ruelles du village ne pourrait que l’exécrer davantage, choisit la solitude : elle s’éloigna de la petite agglomération et quitta la grande route de goudron pour un petit sentier qui menait en haut d’une colline isolée.
Arrivée au sommet de l’éminence, elle s’assit en tailleur sous un vieux bouleau accroché à la pente caillouteuse. La jeune fille ferma les yeux et s’appliqua à chasser toute pensée parasite de son esprit ; pourtant, malgré ses efforts, une phrase continua de tourner dans sa tête en une ronde entêtante. Elle prit une ampleur phénoménale jusqu’à ce que le monde se résume à cette simple question.

« Entends-tu jeune fille ? En es-tu bien sûre ? Entends-tu ? Entends-tu ?... »

La fille ouvrit les yeux.
Oui, elle entendait.
Elle comprenait.
Le cri du circaète solitaire.
Le doux balancement de la marguerite.
Et surtout le chant du vent.
Elle avait compris.
Un doux zéphyr se glissa près de son oreille, lui murmura quelque douce mélopée.

La jeune fille sourit :
« Tu crois ? fit-elle à la brise ».
Elle se leva, écarta les bras et se laissa entourer par le vent.
Heureuse, avec l’impression d’être enfin entière.
En haut de la colline, il n’y avait plus personne.

On dit qu’aujourd’hui encore, si, allongé dans l’herbe, vous écoutez attentivement sa voix, le vent vous contera peut-être cette histoire qui commença il n’y a pas si longtemps là.
Au bout du chemin.

Zelia C. (14 ans)
Saint-Firmin,

Hautes-Alpes
Lauréate 2011

Brautigan Contest Courts #02

ZAPHIR

Il courait.

Depuis des heures, des jours. Il ne savait plus.
Il courait. A perdre haleine. Pour fuir le danger. Un danger qu’il ne voyait pas, qu’il n’entendait pas mais qu’il ressentait, imminent.

Zaphir n’en avait toujours fait qu’à sa tête. Alors, quand ses parents lui avaient interdit d’entrer dans la jungle, il avait acquiescé sagement. Dans un dessin animé, on aurait pu voir de petites cornes lui pousser sur la tête.
La famille Elaoufonny s’était installée au bord de l’Amazone pour cultiver la canne à sucre.

Dès les premiers pas, un sentiment de liberté s’était emparé de Zaphir. Et sans hésiter, il s’étail enfoncé entre les arbres. Il s’arrêta, subjugué.

Elle était belle,la forêt.
Magnifique même.
Les rayons d’or traversaient les arbres gigantesques et des reflets émeraude jouaient sur le sol. Des oiseaux aux couleurs chatoyantes chantaient dans les ramures. Un soupir de ravissement s’échappait de sa bouche à l’écoute des sons cristallins. L’air était chaud mais un vent léger faisait bruisser les feuilles et jouait avec les cheveux du garçon.
Mais sans le savoir, il s’était enfoncé loin dans la forêt.
Très loin.
Trop loin.
La nuit arrivait.

Zaphir, dans sa précipitation, n’avait pas retenu le chemin. La nuit étendit son Iong monteau noir sur la jungle. L’air devint étouffant. Le vent se fit bourrasque.
Le garçon frissonna.
Le silence s’emplit de bruits effrayants. Craquements de branches. Cris d’oiseaux , de bêtes sauvages.
Zaphir se mit à courir.
Il avait peur. Une peur qui lui donnait des ailes mais qui le poussait dans la mauvaise direction.
Il était complètement perdu.
Epuisé, il se laissa glisser à terre, songlotant.
Les ténèbres se refermèrent sur lui.

Personne n’échappe à la Jungle.

FIN

Rachel M. (14 ans)
Marseille,
Bouches-du-Rhône
Lauréate 2011 (ex-aequo)

Brautigan Contest Poèmes #04

LE JESUS

C’était un Jésus
Longs cheveux bouclés
Les châsses moillés
Au fil de la rue

Ce Jésus lunaire
Au sourire blême
Une enfant brumaire
Désert d’un poème

Après flagomer
Elle faisait esca]e
Pour s’amacorner
Avec les étoiles


Gueusard de l’amour
J’ai fart le doublard
Puis au petit jour
Sur le grand trimard

On a pris la belle

Et le premier soir
On a fait flanelle
Au bord du trottoir

Au coin de la nuit
Entre deux chansons
J’entends qui nous suit
Son coquin crosson

Son amant de cœur
A mon lutin pâle
Son amant de cæur
C’était les étoiles

M’a fallu payer
Durs pénitentiels
Pour avoir frayé
Le giton du ciel

Elle m’a fait banir
Que j’étais en tort
Elle m’a I’ait cronir
De la male mort

Mon tendre Jésus
Longs cheveux bouclés
Les châsses mouillés
Au fil de la rue

Saint-Romas
Marseille
Bouches-du-Rhône

Brautigan Contest Poèmes #03

LE FURTIF

Le furtif a passé
Au-dessus de ma tête
Où m’en aller crêcher ?
Mes os goualent en quête
Au moins d’un roupillon

Prince qui distribue
D’une seule paluche
Odeur de calebombe
A tous les rals d’église
Et soleil de minuit
Au ventre des amants
Réverbère au pochard
Raisiné à la une
Aux canards du matin
Et pierrots à la lune

A moi donne un grand plume
Et ma douce dedans

Le furtif a passé
Au-dessus de ma tête

Eh ! Mon Dieu le daron
Si la grande famille
A de quoi se pieuter
Là-haut et tous en rond
Dans la grande coupole
Au petit mironton
Glisse un bout de nuage
Où poser ses épaules
Et je prendrais alors
En rêve tes enfants
Pour des oiseaux sauvages

Le furtif a passé
Bientôt I’aube se lève
Où m’en aller crécher ?

Mes os goualent en quête
Au moins d’un roupillon

Saint-Romas
Marseille
Bouches-du-Rhône

Brautigan Contest Poèmes #02

LA COMPTEE

Le soleil crache ses rayons
Rouges le soleil est tubard
C’est un poète le beau blond
C’est l’écrivain du plafonnard

Moi je rêvais de brigandages

Alors écoutez cet ana
Dans sa boutique de nuages
Un soir Jésus qu’elle infamie
J’ai boucardé le moulana

Et maintenant décarpillons
Glaviots de lumière je donne
A ta bouche en fait de raillons
Muse qui dort en ma sorbonne

A ceux que j’aime à mes copains
Deux tiers du soleil en partage
Et l’autre tiers à mes amis
Qui seront Ià pour mon voyage
Et je les compte sur la main

Lorsque pour moi sera dressée
I’ abbaye-de-monte-à-regret
Lorsque mon os prendra la fuite
Au quatre coins du cimetière
Alors assemblez ma poussière

Je blère pas les parasites
Et papillons d’amour les pantres
S’accrochent salement au ventre .
De la pureté buissonnière
Ils seraient bien capables encor
De s’empaffrer l’âme d’un mort

Alors assemblez. ma poussière
Et balancez,-là dans le ciel
En souvenir de moi gardez
Ma muse glaviots de lumière
Mes amis un tiers du soleil
Les copains mille et un sourires

Pour les autres on verra demain

Saint-Romas,
Marseille,

Bouches-du-Rhône

Brautigan Contest Poèmes #01

Tu sens bon mon enfance
Tu sens bon la Terre
Tu sens bon la sagesse.

Nos vies sont passées
Combien de temps s’est écoulé
Nos vies éloignées, sont intimement liées.

Mon père, celui que j’aurais voulu avoir
Mon père, tu sens bon mon enfance
Mon père, tu sens bon la Terre
Mon père, tu sens bon la sagesse.

Mon père celui dont je suis fière
Mon père, celui que tout le monde aimerait avoir
Mon père, éloignée de toi
Je t’ai emmené partout avec moi
Sans le savoir, tu m’as aidé à avancer
Sans toi, où serais-je arrivée.

A la croisée des chemins, un jour
Nous allons nous quitter
Mais nos vies éloignées ne seront jamais séparées.
A la croisée des chemins, nous pourrons continuer
Notre chemin ne sera jamais terminé.

Mon père,
Mon enfance,
Ma Terre, Ma sagesse


Mon père

Patricia O.
Aspres sur Buëch
Hautes-Alpes
Lauréate 2011

Brautigan Contest Courts #01

LE CERVEAU D’ALBERT

Sur le moment, je n’ai pas tout compris. J’ai su bien plus tard avoir assisté à la plus grande découverte du siècle. Jusqu’à ce jour, je n’en avais parlé qu’à bouche cousue.
Pourtant, le destin de l’humanité prit un virage décisif au cours d’une partie de pêche ordinaire.
La veille, nous avions cherché un endroit propice. Entre la clue et l’embranchement des deux rivières, la petite et la grande. Albert, tout en marchant, m’avait expliqué que son cerveau n’était pas commun. Il affirmait avoir dans sa tête l’exacte copie de notre région... la réplique en petit.
Un grand sillon qu’il appelait, lui, la scissure de Sylvius s’enfonçait, large et profond, dans les circonvolutions de la montagne. Nous, on croyait que la vallée montait tout simplement vers le haut du massif, mais pour Albert, elle allait du front au sommet du pariétal. Elle commençait à Sisteron, bifurquait à Serres. Puis elle grimpait jusqu’à Lus, en plein ciel.

« Et c’est une zone utopique, disait-il, ce qui devrait me permettre, grâce à cette surface plus large qu’à l’ordinaire, d’avoir un meilleur raisonnement abstrait, tu comprends ?
— Non, pas du tout. Tu veux dire que ta cervelle et le paysage, c’est pareil ?
— Exactement. Il suffit de regarder.
Il dit encore, après réflexion :
— Par contre, si j’en crois les savants, ma région du langage se réduirait d’autant ?... C’est cela : plus je réfléchis, plus je parle court ; plus je monte vers le sommet et moins je sais le dire. 
J’ignore s’il dormit beaucoup cette nuit-là. Toujours est-il qu’à l’aube, il décida d’aller provoquer le poisson dans la courbe où l’eau prend de la vitesse sur les rochers épars.
A partir de cet instant, sa parole se raccourcit de phrase en phrase. Je le suivis en silence.
Nous arrivâmes sur cette berge où les pins assoiffés descendent boire à la rivière. Il se mit à chanter :
« ... ainsi qu’un trait d’argent, la truite vagabonde... la mouche brille et passe, la truite peut la voir glissant à la surface... »
Sa courte canne à la main, il entra dans l’eau prudemment.
Je restais sur la rive et m’assoupissais, je l’avoue, le nez dans la résine d’un jeune arbre. Un petit cri m’éveilla. Au milieu du courant, dans l’eau jusqu’à mi- cuisses, Albert moulinait. Un sourire pincé lui venait aux lèvres que l’on ne voyait pas. Sa moustache en balai-brosse cachait son inquiétude. Elle lui donnait un air plus vieux, alors qu’il avait à peine vingt-trois ans. Il ferra sec et se battit aussitôt. Il tira, peina, déroula, enroula, hésita... l’épuisette ou pas ? Vite... il lâcha du lest, s’acharna. Etait-ce la prise de sa vie ? L’énorme au bout du fil ? Une truite lacustre, une saumonée ? Glop ! Gloup ! Flop ! La bête s’éloigna, plongea, revint à la raison, s’abandonna.
Albert sortit enfin, à force de courage, au péril de glisser et de se noyer... gros comme un petit doigt, un bébé de truite, un alevin presque.
Je pensais qu’après une telle bataille, la déception devait être grande. Comme s’il lisait en moi, mon ami murmura :
— C’est relatif.... Tout est relatif !
La Fédération, cette année-là, limitait la taille des prises à plus de dix-huit centimètres. Il était raisonnable de rendre le monstre aux affres de la vie.
— Le rejeter... oui. Mais vois-tu, si je tire un poisson, je tire une leçon.
Et comme je restais couac telle grenouille bouche ouverte,
Albert de m’expliquer :
— Suppose... Une truite au repos pèse un kilo. Son énergie dans le courant quand elle se met à poursuivre la mouche... lui vient de son poids multiplié par la vitesse de sa nage, de son mouvement... le mouvement, mais qu’est-ce ? ... Un éclair... la mesure du temps.
Ce pauvre Albert ! Je me demandais alors s’il perdait la raison. Il tirait la langue. Il arpentait la rive, d’un arbre à l’autre. Tantôt il fredonnait « Voyez au sein de l’onde, ainsi qu’un trait d’argent » Tantôt : « ... tenant l’appât trompeur, voici l’adroit pêcheur. » Pauvre Albert qui délirait en termes de lumière, de vitesse, de puissance et de poids du poisson.

Je crus un instant qu’il atteignait les limites de la raison. Il me tapait sur l’épaule d’un air joyeux : 
« Je formule, je formule... répétait-il. » Et vers l’entrée du village, il jeta notre matériel dans un fossé... les limites de la raison ? C’étaient les limites de l’univers.
Il joignit ses mains vers le ciel et s’écria :
— E = mc2 !
Jacques D.
Marseille,
Bouches-du-Rhône.

mardi 29 avril 2014

Dépression sur verre pilé

« Dimanche, on y va. Dimanche, promis ! » La réponse à « Maman, c'est quand qu'on va à la rivière ? »
Juin deux-mille-huit, ou deux-mille-sept, elle ne sait plus et ne veut pas le savoir, mais juin, c'est sûr. De la lumière à n'en plus pouvoir, la nuit, le jour et encore la nuit d'après. Impossible de fermer les yeux, impossible d'oublier La Vie ne serait-ce que quelques heures : dès le matin, le soleil roulait ses manches et faisait voir ses gros muscles.

Elle se remet, mal, d'un gros chagrin d'amour. Elle était restée accrochée deux ans à son homme, comme une moule à son rocher qui attend la marée. C'était la Méditerranée, il n'y avait pas eu de marée.
Pour laisser aux sentiments le temps de battre les cartes et de donner une nouvelle règle du jeu, elle s'était lancée, avec ses enfants, dans « la reconstruction de la cabane de la rivière ». Quitte à reconstruire, autant que ce soit dans du solide.

C'est pourquoi, depuis le début de ce mois de soleil extraterrestre, on ne les voit pas décoller du bord de l'eau. Un rituel renouvelé tous les mercredis après-midis et aussi les week-ends.
On les aperçoit de loin déménager des cailloux gros comme des moutons, les mettre en rond pour faire convivial. Ça fait Stonehenge.
Au deuxième jour, ils construisent un feu. Pas un feu, un four : quatre-vingts centimètres de diamètre sur autant de haut. On pourrait presque faire un méchoui dedans, ou au moins un demi-méchoui.
Au troisième jour, ils s'attellent à la charpente. Du costaud, du bois flotté traîné sur des kilomètres, aussi lisse que sauvage, de la corde (verte, la corde, pour faire naturel, mais comme elle était fluo, ça donnait un charme particulier ) et des galets bien plats pour le sol.
Ils montent même un placard préhistorique « all in stones » pour ranger le nécessaire de survie : des allumettes mises au sec dans trois boites plastiques enfoncées comme des poupées gigognes, du café, du sucre et une vieille casserole.
Au cinquième jour, ils creusent dans la berge un escalier pour pouvoir aller confortablement faire trempette, délimitent un frigo ( un grand trou d'eau avec des pierres autour) et se tuent les doigts à empiler des cailloux pour faire un barrage avec piscine.
A l'aube du sixième jour, c'est fini. Vu de la berge opposée, c'est un vrai squat néandertalien cinq étoiles, (version Foire du Trône, rapport à la ficelle).

« Dimanche, on y va. Dimanche, promis ! » C'est dimanche. La majestueuse procession d'inauguration se met en route, comme les rois mages vers l'étoile, chargée d'offrandes solides et liquides pour le feu et le frigo.
Le chemin d'espérance. Cueillir du thym pour donner du goût aux tomates, se mettre en maillot dès les premiers galets pour se sentir dans l'ambiance.
Tourner à gauche vers la bande de sable.
Le désastre.
Un terrain vague de bouteilles concassées, au moins cinquante, c'est tout vert par terre et c'est pas du gazon. Le placard : pillé démoli. Le four : écrasé. Forcément, les salauds ont fait brûler la cabane dedans.
Dieu ait leurs âmes.

Elle s'effondre avant ses enfants.
Pauvres types, assez près de la nature pour avoir déniché l'endroit, mais incapables de voir que, derrière le placard, il y avait des jouets d'enfants. Plutôt, si, ils les ont vu parce qu'ils n'y sont plus.
Elle a envie de se noyer, là, tout de suite, dans les restes du frigo ( elle se mettra à plat ventre pour y arriver ) , elle a envie de faire le fakir sur le verre pilé, elle a envie de partir habiter au Japon, elle a envie de tout plaquer et de s'en aller.
" Maman, maman, ça va ?  Maman, est-ce que ça va ?"
Non, ça va pas. Ça peut pas aller.
" Maman, viens, reste pas comme ça... Tu viens ?"
Elle veut pas y aller, elle peut pas y aller. Dans sa tête, elle fait le résumé de sa vie sur terre, elle fait le point sur le triangle des Bermudes.
"Maman, on va les trouver, dis, on va les trouver, ceux qui ont fait ça ?"
Elle leur dit pas que c'est pas la peine de chercher, qu'elle a de fortes, de très fortes présomptions.
" Maman, lève-toi, c'est pas grave, on va faire le pique-nique ailleurs..."

Il y a mille manières de faire craquer une mère, là, c'est la bonne. Ce sont eux qui la consolent, l'entourent, la bercent comme un nouveau-né prématuré." On va les trouver ", elle finit par leur dire, "on va leur faire payer"
C'est pas grand-chose mais c'est un début. Donnez assez de temps à l'existence et elle résoudra tous vos problèmes, y compris celui d'exister.
" On peut réparer la cabane ? 
- On peut pas réparer la cabane.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il faut attendre l'année prochaine. Parce qu'il faut attendre que la rivière ait emporté le verre et tout le bazar.
- on aura plus d'endroit à nous, alors ?
- Si, on aura un endroit à nous, ailleurs.
- On va refaire une cabane ?
- je sais pas, je sais vraiment pas..."

Pourquoi elle refuse de se lever ? A cause du point sur le triangle des Bermudes.
Elle avait croisé des amoureux, des maris, des enfants. Elle avait croisé un bel et sombre inconnu, encore plus sombre que beau...
" Maman, tu viens !
...et le classique « on se quitte pour pas se faire du mal », le mauvais goût le plus total...
- Maman !
...et puis là, même l'Idée de Reconstruction qui se retrouve carbonisée...
- Maman ?
...sur l'échelle de Richter des tremblements de cœur, ça fait trop de raisons d'annoncer force huit...
- Mamaaaan ?
...si, au moins, elle pouvait se mettre en colère !
- Maaaamaaan !"
Elle ramasse la glacière et les sacs Casino, tente un pied de nez raté au ciel trop bleu et parvient à sortir un timide-qui-se-veut-assuré : "Venez, on va trouver un endroit chouette. Un endroit secret. Loin, très loin des hommes. On va brouiller les pistes et jouer aux indiens."

Ils ont déniché une île, en amont. La rivière y était plus puissante, fallait mettre le barda sur la planche de surf pour traverser.
Y avait des jacuzzi naturels.
Y avait des chevreuils qui venaient boire, on voyait plein de traces.
Ils ont pas refait de cabane, le cœur n'y était plus et elle avait une pancarte " EN PANNE"  scotchée sur le front.
Ils ont juste mis des pierres pour le feu et ont monté une tente.
Ils y ont passé le début des vacances. Le reste, elle l'a passé à l'hôpital. Putain de caboche.
Elle en est revenue pas guérie mais furieuse. C'était déjà mieux. L'instinct de survie.
Elle a attendu un soir d'orage, elle est allée sur l'île, s'est calée dans la tente et a écouté les gouttes tomber.


lundi 28 avril 2014

Jean-Louis Aubert et Michel Houellebecq

L'amour et caetera


Formel
ou informel,
for mail,
ou two for maux,
entre deux chaos,
j'idolâtre mon clavier.
Tyrannique,
jaloux,
exclusif,
il possède les fesses
de l'homme de ma vie.
Je caresse,
je confesse.
Ma souris me fait des scènes
parfois.
Qu'à cela ne tienne,
je caresse ma souris aussi.
A voiles et à vapeur,
que je suis.
La terre est en danger :
internet est garanti à vie.
Les bébés se font
et sortent
par la touche enter.
La touche # n'est pas mal non plus :
faut s'y mettre à deux mains
pour l'attraper.
Double promesse !
Je m'égare,
je déraille,
je divague.
Je mets gares,
je des rails,
je dis vagues...
Je me tâte à partir,
des vacances,
out of  Ordi...
Bon, c'est pas tout,
mais là, je vous laisse :
ça fait cinq minutes
que j'ai pas interrogé
mon login live !



Fait froid !


je l'ai
gelée
jeu laid
de mollet.

Le petit cuisinier philosophe

Quand on fait tapisserie, on est poire,
quand on fait pâtisserie, aussi

dimanche 27 avril 2014

Mai bêtises

L'enfant danse,
de la terre
jusqu'au rire,
du rire
jusqu'aux yeux.
Il a trouvé du plastique
dans la poubelle.
Il n'a pas trouvé
de neige.
Il a trouvé mieux :
des copains terreux.
Il fait de la luge
sur la pente.
Il s'en fout qu'on soit en mai.
Il a coincé son ballon
dans l'arbre.
L'arbre est trop lisse,
il ne peut pas grimper.
Il arrache
des roseaux
pour aller le pêcher.
Il ne pêche rien.
Il lance des cailloux.
… la voiture ! Il se sauve.
Il revient,
la tempête il connaît.
Il a fait une cabane
avec des planches
volées. Des tuyaux
un matelas
et de grandes idées.
Il accroche dedans
une corde
pour pouvoir se balancer.
Il s'enchante,
il s'envole,
il est le roi du monde.

Proverbe indien


Suis Generis et accepte toi !

Champagne !


Quand on a bu Chodonosor, on est rond...

Wilden


samedi 26 avril 2014

Du chili dans la piscine

Quatre jours, j'ai tenu. Quatre jours sans papier ni gomme ni crayons. Maya râlait...
" Maman, AVANT d'écrire, tu nous faisais des tartes aux pommes et du chili con carne. Maintenant, c'est de la Mousline et des nuggets. Et encore, tu fais cramer les nuggets ! "
Mea culpa . Mea grandissima culpa.
J'ai couru au Casino, j'ai acheté du steak haché, le super, à 5 % de matières grasses, j'ai palpé les poivrons, j'ai reniflé les oignons, j'ai amoureusement tourné et retourné les pommes, j'ai choisi les plus belles, dodues, charnues, fessues, je suis rentrée à la maison chargée comme le renne du père Noël.
Alors que j'étais prête, le cœur léger et la tête haute, à enfiler mon tablier de Génitrice Parfaite, l'impensable s'est produit :
" Maman, pourquoi t'écris plus, t'as plus d'idées?"
Incroyable dilemme.
Je commence à couper les poivrons, je fais frire le steak et les oignons, j'ai l'âme ménagère et bienveillante. Je couve mes ouailles et la sauteuse de mes yeux à facettes, une vraie mère mouche.
" Pourquoi t'écrirais pas une histoire pour nous, une histoire de nous ?
- Ben, j'en ai raconté, des histoires de vous... Même qu'y en a qui vont être dans un bouquin.
- Mais nous, on voudrait que tu racontes une Histoire Extraordinaire qui nous est arrivée. Pourquoi tu racontes pas l'orage avec la piscine ?"
Alors... voilà l'histoire de l'orage avec la piscine.

... C'est dans le petit bassin que ça a commencé, un bébé éclair, tombé sans brassards dans l'eau pipi-chlore...
" Nous, on fait pas pipi dans l'eau...
- Oui, mais y en a qui font."
...  Donc, un bébé éclair...
" Les éclairs, ça met pas des brassards ! 
- Ça s'appelle une image, c'est pour faire joli..."
... Donc, un bébé éclair (je vais y arriver), tombé sans brassards dans l'eau pipi-chlore. Y a eu comme un froid même s'il faisait quarante degrés à l'ombre et la marée des serviettes a reflué, fantômes multicolores encapuchonnés d'éponge se ruant vers les vestiaires. L'eau est grise comme le ciel, presque trop chaude.
La piscine pour nous tout seuls, le paradis, plus besoin de se battre pour avoir les tapis mousse...
" C'est vrai, maman, on était comme des marsouins, on flottait dans nulle part, c'était cool !"
... On flottait comme des marsouins, dans nulle part. Les premières gouttes s'étalent, douces sur les cheveux...
" Mais y z'étaient dejà mouillés !
- L'eau du ciel, c'est mieux, non ?"
... Seulement vite, c'est le déluge. On décide de rentrer. On se sèche (ça, j'ai jamais compris pourquoi), on s'habille, on se tasse dans le hall de la piscine, c'est l'aventure. Des seaux, des trombes, des geysers, la route comme le Niagara et le Zambèze réunis...
" C'est qui, Niagara et Zambèze ?
- C'est pas des gens, c'est des grosses rivières, avec des chutes gigantesques.
- Comme nous, alors ?
- Comme nous alors"
... Je compte les secondes entre l'éclair et le tonnerre. Dix secondes, cinq secondes, trois secondes, plus de seconde, c'est tombé juste derrière les grilles. «  Maman, j'ai peur... Maman, on va mourir...  » Là, l'auditoire Faustine râle :
"Tu fais croire que je suis un bébé, enlève ça !"
Recommençons :
... C'est tombé juste derrière les grilles. Il n'y a plus que nous et les employés municipaux qui voudraient bien partir. Ils calculent le nombre de mètres qui les séparent de leur bagnole...
" Raconte, quand Josua est sorti sous la pluie pour faire le malin".

Le malin, c'est la maline, le chili est en train de se dessécher sur le gaz et les pommes noircissent sur la table.
" On fait une pause ? "
On fait une pause. Y m'aident pour avoir vite la fin de Leur Histoire. Touiller, enfourner. Faire gaffe au four cette fois.
Je renfile mon chapeau de conteur.
... Josua est sorti sous la pluie pour faire le malin, y s'est fait engueuler...
" Maman, t'es forcée de le dire ? 
- Oui, mon cœur, on sort pas sous les éclairs."
... Pourtant, on a été obligé : la piscine ferme pour de bon. On passe le Niagara, de la flotte à mi-mollets. Depuis les murets qui bordent le stade, y a des cascadent qui s'effondrent, grosses comme mes trois gamins réunis...
" Plus grosses encore que ça, on aurait pu se cacher derrière ! 
- D'accord "
.... des cascades grosses comme trois géants réunis.
L'avenue, la crèche, la maternelle, le chantier.
LE CHANTIER. Des échafaudages et deux grues qui nous narguent. L'orage décide de se venger, il tourne, zèbre, bombarde, s'acharne sur les grues. Ça pète de partout...

( Le public a l'air d'apprécier. Il a les yeux rond et la bouche ouverte.
Un tour vers le four, faut retourner la tarte pour éviter qu'elle ne cuise que d'un côté.)

... Cinq secondes, quatre secondes, trois secondes, plus de seconde. Là, juste devant le platane, un truc bleu fluo qui nous transforme en statues. Lesquelles refusent d'avancer, tout comme les chaussures qui resteront dans le torrent et qu'on a jamais retrouvées.
«  Courrez, COURREZ ! »
La grande y va de bon cœur, les deux petits réintègrent doucement leurs corps et finissent par s'y mettre.
Droit devant, la barre du bâtiment et son providentiel paratonnerre (bénis soient les HLM). Dix mètres, dix kilomètres, un demi-marathon. Je me maudis, je suis une mère indigne, on va faire La Une des journaux.
On fait le record du dix mètres coulé sans chaussures.
Le parking, le tilleul, (qui fait la gueule), LA PORTE D'ENTREE...

( Ça commence à sentir le caramel depuis la cuisine, la tarte doit être cuite. On aura L'histoire et Le Dessert.)

" La fin ! La fin !"
... Ben, quand on est rentré, on a vu qu'on avait juste oublié de fermer la fenêtre de la chambre, alors le papier cloquait, pendait comme la langue d'un dinosaure atteint de fièvre aphteuse.
On s'est mis à poil parce qu'on était frigorifié.
... Et vous vous souvenez, vous m'avez demandé de prendre un bain : J'ai dit oui, fallait bien se laver de toute cette eau. Puis vous avez voulu construire une GRANDE cabane sur le balcon avec des draps. Vu qu'y pleuvait toujours, j'ai dit non.


Pour Maya, Faustine et Josua


jeudi 24 avril 2014

Les quatre saisons

Il était une fois une maman qui vivait avec les oiseaux et dans les nuages.
Elle avait une petite maisonnette près du plus gros nuage à oiseaux.
L'hiver, elle partait rejoindre le pays des hirondelles.
Le printemps, elle allait au pays du rouge-gorge pour voir les premiers bourgeons
L'été, elle choisissait la plage pour se réchauffer, voir les poissons qui s'amusent dans la mer.
Pour l'automne, elle part au pays des feuilles et des oiseaux rouges, jaunes et oranges.

Cool

Il coule dans l'eau
Laisses-toi aller dans les airs.
C'est où les feuilles de brouillon?
C'est moi qui les ai piquées
Pour rassembler mon histore,
Ne pas en perdre un mot, Les frangins, les frangines,
Le tout dans une bonne frangipane.

"Vous avez refermé la porte de l'imaginaire? Oui, on a avalé la clef"

Le vendredi entouré des mots
Le vendredi où les mots sont écrits
Le vendredi des mots
Le vendredi exquis
Le vendredi imaginaire des mots
Le vendredi cafi de mots
Le vendredi où il ne faut pas fermer la page
Le vendredi écriture
Le vendredi qui nous fait rêver
Le vendredi qui nous fait sourire des mots
Le vendredi des enfants
Le vendredi où les mots sont écrits
Le vendredi à histoires
Les mots sont de plus en plus gros
Les petites fabriques avec les mots
Le vendredi où on écrit même sur les mouches
A l'atelier on est tous égaux
L'atelier des plumes, l'atelier des mots
théo, Théo, t'as oublié tes mots...

Momo le gorille

Vole de mot en mot
Les mots de Momo
Sont toujours rigolos
Momo a mal au dos,
Il a un mot coincé dans le dos.

Des mots, toujours des mots

Le jeu du mot lancé attire d'autres mots
Dimanche: vacances, blanc, pas d'école
Trésor: pirate, île, bateau, bouton
Louche: yeux, dent, lentille, penser à l'envers, lunette soupe
Peut-être: balou, pas sûr, accent circonflexe
Etes: il était une fois, lunette
Imagine: atelier des mots, gazelle, blanc et noir
Explorateur: à l'aventure, explosion, aspirateur
Coucou: chat, oiseau, cheval, soleil
Oubli: cookie, fruit, me fait penser à ne plus penser
Ecrire: arbre, parler, penser feuillle
Parce que: fraise, carotte, bol, chèvre
Ecrabouille: ratatouille, crabe, crapaud

Mariages

Arbre-brevet: Arbrevet, petite ville invisible à l'oeil nu
Citron-trompette: Citrompette, plante très rare
Lutin-teinture: Lutinture, étoile minuscule
Heure-regarde: Heuregarde, fête de lutins

Il y avait une fois

La plume qui se prit d'amitié avec une autre plume.
L'une était en métal, l'autre tombée d'un oiseau.
Elles se sont rencontrées au bord d'un encrier.
Il était une fois une plume qui se prit d'amitié avec une main,
Tout a commencé le jour où la main s'est laissée guider par la plume.

Le cheval vert

Il était une fois un cheval vert,
Un vrai petit gangster, mais avec un révolver.
Il allait dans les bars tuer le cafards, avec son ami le jaguar.
Il allait aussi tous les matins acheter du shampooing
Pendant que les canards faisaient Coin... Coin
Oui mais dans cette histoire, rien n'est vrai...

Lune

Tu arrives sans prévenir,
Toujours à moitié
Et puis tu t'installes,
Tu passes de silhouette fine
A gros ballon éclairé
On croirait même que tu me regardes.
Quand un soir tu commences à te dégonfler
Et puis un beau jour tu t'en vas.
La lune c'est ma copine, plutôt bonne copine,
Elle est comme ça, elle va, elle vient,
Mais revient toujours vers Terre.

Aujourd'hui à l'atelier des mots plutôt en bon état

Léa: plutôt blabla
Lola: plutôt chouïa insolente
Clhoé: plutôt énervée
Patricia: plutôt dans les airs
Gwenaëlle: plutôt chipie

Les ans

Dans 1000 ans j'aurai 1008 ans
Car 1000+8=1008 et 8+1000=1008
Quand je serai vieille, j'aurai des espèces de traits sur ma peau,
ça s'appelle des rides.

On marche sur la tête

Si j'avais la tête à la place des jambes
Je ne pourrais pas marcher, pas du tout
Mais si, j'ai toujours mes pieds
Regardez, ils sont là, sous ma tête.
Me revoilà tête en bas, tant pis, allons-y.
Mais où? En Italie, voir du paysage.
Et puis faire le tour du monde.
Je saute et d'un bond, je suis accroché à la lune...
On marche sur la tête!
C'est à ce moment-là que l'étoile filante m'emporte.
Badaboum, me voilà sur terre,
Mais où ai-je la tête maintenant?

Une photocopieuse

Une photocopieuse ressemble à une photocopieuse,
Mais pas la mienne.
La mienne elle a un chapeau carré, quelques rides, une bouche,
Et son nez... n'en parlons pas.
Elle sait faire des photocopies que de cocotes en papier qui font le tour du monde.

Je m'envole

Sur un âne volant avec des petites oreilles
Je mange une glace
D'un coup je me sens partir
A l'envers...
Je m'envole

Je suis un oiseau qui ne vole pas

J'ai la moitié d'une pomme, une aiguille, du fil
Dans le ciel les oiseaux se réveillent.

Qu'est-ce que vous amenez?

Le chat rêveur

Un chat qui passe son temps à dormir, s'aperçoit à son réveil qu'il ne lui arrive jamais rien dans son sommeil.
"Je ne rêve donc pas", pense le chat.
"Quelle tristesse de dormir sans que rien ne se passe."
Il décide de ne plus jamais dormir.
Alors, puisqu'il ne dormira plus, il lui faudra trouver quelque chose à faire.
En attendant, il s'installa à la fenêtre et laissa son regard s'évader.
Ses yeux l'emmenèrent loin derrière la colline.

Un petit homme

Un petit homme rêve de voyager dans l'air,
Lui qui en rêvait jour et nuit découvre une affiche.
On peut y lire: Passez votre diplôme pour s'envoler
Petit homme s'envole vers l'aérodrome le plus proche.
Ouf pas de monde!
à l'accueil il demande pour passer le diplôme.
Pour le passer, il doit décoller. Facile, il a déjà la tête dans les nuages. Il court si vite vers l'avion qu'il le dépasse et s'envole.
Je ne me rappelais pas de rêver...!

Moi, je rêve de voler

Je vole en arrière
Je vois des poissons
Je les trouve très beaux
Il y a même un dauphin
Moi, je rêve de voler

Deux voitures

Une grande voiture super perfectionnée,
Elle a une aile, elle vole.
Une petite voiture super perfectionnée,
Elle a deux ailes de chaque côté
C'est une quatre ailes.

Le blanc et le noir

Il existe une personne au nom de noir,
Cette personne c'est... c'est une bouteille d'encre.
Mais il existe une personne au nom de blanc,
Cette personne c'est... c'est... c'est une feuille!
Sur la feuille, l'encre
Sous l'encre, la feuille.
C'est parti, une, deux, trois, quatre, cinq... phrases
Bravo, bravo!
ça va pousser.

La ville

Une petite dose de pollution
Pour une grande dose de Poésie
Nous partons à la ville.

Le noir et le blanc

Un jour un petit cheval se promenait,
Jouant à regarder son ombre.
Il se dit que son ombre est importante
Alors, il ne la quitta pas des yeux.
Il vit une autre ombre
Un cheval comme lui
Ils devinrent amis pour toujours
Et jouèrent à regarder leur ombre.

Un soir

Un soir dans le noir une grenouille essayait d'attraper son ombre
Un soir dans le noir une petite fille essayait d'attraper la grenouille
La petite fille attrapa la bête
"Joues avec moi", dit la petite fille
"Eu... eu...eu... non eu... je veux dire oui, un oui!" dis la grenouille.
Un soir dans le noir une grenouille et une petite fille essayaient
d'attraper leur ombre.

Vole

A vec
B ébé
C
D é
E
F ée
G envie d'aller me coucher

Histoire de filles

Tout commence comme ça quand on parle entre filles.
Il y a toujours un garçon qui surgit.
Vous allez me demander ce qu'il va dire aux filles?
Il va dire: "qu'est-ce que vous dites?"
"Rien... c'est une histoire de filles!"
Alors fille alla pêcher des mots dans la rivière.
Mais fille a pêché paire de chaussures, tee-shirt et puis un short...
Un épouvantail qui passait par là prit ce que fille avait pêché
Il s'habilla
Au petit matin qu'est-ce que voit fille
L'épouvantail dans le jardin.

Le corbeau à robe rose

Oh! joli corbeau à robe rose
Un beau chapeau
Et du rouge à lèvres
Je suis belle?
Lilo je m'appelle.
Le corbeau est rigolo

Monsieur Le et Laba

Vous n'avez jamais vu
Une maison si là-bas
Je veux aller dedans

L'homme et l'ombre

L'homme vivait dans l'ombre
Et il se fit un nouvel ami.
Ils s'amusent beaucoup...

L'ombre de l'arbre fantôme

Ouh... Ouh...
J'essaye de lui faire peur
A mon ombre!
Je n'y arrive pas, regardez
Ouh... Ouh...
Quoi qu'est-ce que tu as?
Hein... Hein...
Tous les arbres fantômes n'arrivent pas à faire peur à leur ombre
Ouh... Ouh... Ouh... Ouh... Ouh... Ouh...
Et l'arbre se dispute pour toujours avec son ombre.

L'arbre volant

Les feuilles font envoler l'arbre
Les oiseaux soulèvent l'arbre
L'amènent et le déposent dans la mer
Une grosse vague le bouscule
Et l'arbre s'envole à nouveau
Il arrive dans une cabane posée sur un arbre
Un panier en bois et une liane le repoussent
L'arbre s'envole encore
L'arbre rentre chez lui
Il a fait un rêve
Il se lève, mais cette fois il se sent partir
Il s'envole...

Il était une fois

Il était une fois
Un arbre qui chantait.
Il lui arrivait plein d'aventures.
Il faisait du toboggan, mais un jour il tomba...
Aïe aïe aïe...
Alors, il décida de faire de la corde à sauter.
Il se prit les pieds dedans.
Donc il décida de faire du trapèze...
Il réussit toujours.
Et voilà mon histoire est terminée.

La pomme et la couture

Il y a très longtemps,
Une aiguille, un morceau de pomme et un fil.
La pomme se fait croquer,
Le fil se fait couper,
Et l'aiguille pique dans le tissu

Le chocolat noir sur le blanc

Ca commence comme ça
Les maisons étaient noires sur le blanc,
La route était en chocolat noir sur le blanc.

Les chantebêtes

Simple comme l’âne 
Quel âne cet homme ! 
Méprisé, injurié, 
Mis à toutes les sauces 
L’âne, ainsi va sans bruit dans l’herbe du monde. 
Au paradis des ânes, les chardons sont juteux.

Si j’étais une plume

 J’écrierais tout ce que vous dites. 
Si j’étais une plume 
Je ferais n’importe quoi,
 J’irais au cinéma, je mangerais des pop-corn. 
Si j’étais une plume 
J’aurais un copain plume 
Qui serait sorcier  

Madame goutte d’eau

Aujourd’hui, madame goutte d’eau prend sa douche.
 Au marché, elle voit… trois moutons, dix lions, trente et une vachettes. 
Au revoir madame goutte d’eau.

Cette nuit

Cette nuit la fille a entendu des… 
Clic…clic…clic 
La fille va dehors et elle voit un cheval. 
Toute la nuit la fille dit des secrets au cheval.  

Deux bananes

Deux bananes s’accrochent dans un bananier géant.
 Deux bananes s’accrochent dans un bananier.  

La tache d’encre

La feuille vierge avec la tache !
 La tache sur le vierge ! 
La feuille avec deux taches ! 
Deux taches sur la feuille !
 Une phrase sur le vierge ! 
Le vierge sous la phrase ! 
Une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept phrase !!!
 Un titre ! 
Voilà un texte !  

L’encre

L ‘encre, faut-il la manger, faire une fée, 
Une histoire, un mot, une phrase ?

Chaud

Le soleil se promène. Soudain, il croise un homme cacahuète. Il continue son chemin et croise l’homme sapin. D’un coup il s’arrête, sourit, se retourne d’un air coquin. Il y a bien longtemps… ! Quelques instants plus tard il se régale avec cacahuète et pin grillé.

J’ai déjà vu, je n’ai pas vu

J’ai déjà vu, je n’ai pas vu Le soleil se lever J’ai déjà vu, je n’ai pas vu Une plume écrire J’ai déjà vu, je n’ai pas vu Les oiseaux se lever J’ai déjà vu, je n’ai pas vu Une aiguille coudre dans une moitié de pomme.

La Pauline un jour

Quand je serai grande, j’irai acheter une bouteille la Pauline Linepeau. Le chapeau a besoin d’une bouteille d’eau pour aller dans l’eau. La Pauline Linepeau restera dans l’eau pour rencontrer Lorieu son amoureux. Ils eurent beaucoup de têtards à chapeau. Ainsi finit l’histoire de Linepeau la grenouille et Lorieu le chapeau.

L’arbre magique

Ce n’est pas l’arbre qui est magique, Regardez de plus près, ici, Le petit ver si minuscule, c’est un magicien. Avec une fleur trouvée, il fait apparaître plein d’autres fleurs… Des coquelicots Fla, fli, flo fleurs je veux faire apparaître des fleurs dans les champs. Pour les fruits dans l’arbre, il dit : Babou babi babouba je veux des fruits, des pêches dans l’arbre. Pour faire apparaître le soleil, il dit : So sa si so su soleil brille le plus fort possible. Pour le ciel bleu, il dit : Blou blé bleu ciel bleu soit le plus bleu que tu peux. Le matin venu, tous les gens venaient se promener autour de l’arbre… Jusqu’au jour où un petit garçon découvre le petit ver magicien… Et la fin… C’est bien… Petit ver Reste Solitaire

L’arbre à mots

Mes fruits sont des mots… Cerise, abricot, poire, orthographe, Un deux trois… plapla. Eh bonjour, vous êtes là ? J’ai plein d’amis, ils viennent surtout… ils viennent pour l’orthographe. J’admire une classe qui fait une dictée… CHUT ! « Allez, montez nous allons partir pour parler…. Bolo, bala, pala bili bila Strugunovalu, sav el sand sem…. L’arbre parle d’une langue magique. a L’arbre à mots (version originale) Mais fruits sont des mots… Cerise, abricot, poir, orthographe, Un, deux, trois, Plapla. Ah bonjour, vous êtes là ! J’ai plein d’amis, ils vienne surtou… ils vienne pour l’orthographe. La par exemple, j’admire une classe qui fait une dictée… chûte ! Allée montée, nous allon partir pour parler. Bolo, bala, pala bili bila Strugunovalu, sav el sand sem…. L’arbre parle d’une langue magique.

Certains mots peuvent en cacher d’autre

La phrase, le cheval trotte. Cache la phrase, j’ai peint ma main. La phrase, ma marmite est rouillée. Cache la phrase, j’ai repeint la marmite.

Brautigan's mentor : Jack Spicer

Crazy Bill !

L'atelier des mots



A l'atelier des mots 2007-2008, une longue histoire était sur le point de s'écrire, nous ne le savions pas. Certains n'avaient que 3 ans en arrivant, ils sont partis à 8 ou 9 ans. A l'atelier des mots, des amoureux des mots et des plumes plongent dans l'imaginaire, chacun y trouve son échelle, ouvre sa fenêtre et laisse s'envoler les mots pour déposer délicatement sur le papier du bout de leur plume... l'immensité d'eux-mêmes.



Ce livre est édité avec le soutien de la Fondation SNCF qui se mobilise pour la prévention et la lutte contre l’Illettrisme.
L’objectif de la mobilisation de la Fondation SNCF : donner goût de lire, d’écrire, de compter et de s’exprimer pour permettre aux jeunes de se construire en toute autonomie. L’illettrisme est la première barrière à l’autonomie, la lever au plus tôt, avant que les difficultés ne se transforment en blocages 
irréversibles, c’est le choix de la Fondation SNCF.
L’Atelier des Mots a reçu le Prix fondation SNCF 2011. 


Enfant je ne jouais pas à la poupée, je rêvais. J’ai appris à écrire à la plume. Je formais des lignes de lettres sans me lasser. Puis les mots sont arrivés, je découvrais le secret de l’écriture les doigts tachés d’encre.
Convaincue d’être la seule à découvrir ce secret, je voyais les lettres se dessiner et se déplacer pour former des mots qui me racontaient qui ils étaient. Le temps a filé, ma main n’a jamais cessé d’écrire…
L’atelier des mots, je l’ai imaginé à la rentrée scolaire 2007. Il est né de l’envie de partager l’amour des mots, les dire, les écrire, les lire…Les mots font voyager, rêver, s’émerveiller, c’est avec les enfants que 
je voulais le partager. Des mots, ils en sont plein, tout simplement.En toute confiance les enfants se sont ouverts à l’émotion, chacun a su s’exprimer sans retenue, se sentir en confiance, écouter, regarder le corps s’exprimer avec les mots. Discussions, réel, imaginaire, festival des mots, dessins, collages… C’est par la plume et le calame que l’atelier des mots s’écrit.
Un mot, Une phrase, Une histoire.
Connaissez-vous le grand secret ?
Vous n’aviez pas oublié vos mots,
J’avais gardé vos brouillons
Quelqu’un s’est proposé de les éditer
C’est la seule chose que nous n’avions pas imaginé

Patricia Olivier



Instrument de l'animation globale et du lien social sur le territoire du Haut Buëch, le centre social Rural du Haut Buech est une association au service de la population en général, des enfants, des adolescents et des 
parents en particulier. Egalement association d’Éducation Populaire, le centre social s'inscrit dans une démarche favorisant la réussite éducative notamment par l’organisation d'ateliers d'accompagnement scolaires sur des temps périscolaires les soirs après l'école. Ces ateliers CLAS (Contrats Locaux d’Accompagnement Scolaire) ont été mis en place dès 2002 et sont des outils qui permettent de valoriser, de stabiliser des savoirs-faire de l'enfant, d'aider les enfants à acquérir des méthodes, de promouvoir une ouverture culturelle et sociale et aussi permettre des échanges entre générations et au sein des familles.

Depuis le rentrée 2007, l'atelier des mots est un atelier du CLAS qui a pour objectif de "réconcilier" l'enfant avec l'écriture, de lui permettre de construire une estime de soi positive, de lui apporter des éléments méthodologiques et culturels qu'ils ne trouvent pas toujours dans son environnement. Depuis 2007, Patricia Olivier, animatrice et intervenante sur ces ateliers invite donc les enfants à continuer et finir une histoire, individuellement ou collectivement, à écrire une histoire sur un support fabriqué par eux. Elle propose d'écrire à la plume ou au porte plume (fabriqué par les plus grands !). Sur ces ateliers, elle incite à choisir des mots au hasard pour créer des personnages et des histoires autour. Jamais à cour d'imagination, Patricia propose une « écriture dessin », ou comment transformer un mot, une phrase, un texte… en dessin. Enfin, conforme aux attentes du CLAS, Patricia implique naturellement les parents dans le suivi de ces ateliers.
Cet ouvrage est ainsi le recueil des différents écrits - précieusement conservés par Patricia - des enfants sur plus de 5 années d'ateliers des mots.
Gabriel Debut (Dir. Centre Social Rural du Haut-Buëch)

Apprendre la curiosité, de soi et des autres… apprendre à s’exprimer pour soi et pour le groupe dans lequel on choisi de s’inscrire, apprendre à apprendre, à s’étonner, à se nourrir de l’expérience d’autrui, autant que de sa propre créativité, apprendre à produire… par exemple à l’aide d’une plume, d’un peu d’encre et de quelques mots : voilà la modeste et essentielle activité proposée aux enfants de l’Atelier des Mots pendant 5 ans.

mercredi 23 avril 2014

Ma thématique


A contre-courant, parallèles, perpendiculaires,
je sais plus. Si, je sais, parallèles.
Deux droites infinies ne se coupent jamais.
C'est triste mais c'est beau.
Les cailloux râlent de voir l'eau qui les fuit.
Je saute en travers,
à pieds joints sur les galets
des trottoirs de la cité.
Un, deux, trois, soleil.
Pas bouger, t'es foutu.
L'ombre trahit sur le béton gris.

J'entame une relation particulière avec les objets.
Mon critérium,
que je remplis à l'envers.
Vise le trou, appuie sur le bout,
enfile la mine jusqu'à la garde,
comme dans un corps qui se défend.
Mon oreiller,
avec une vague odeur de toi,
répandue,
qui fleurit.
Cerisiers en fleurs sur fond de champs de lavande.
Japan in Buëch,
forever.
Formidable.
Forcément.
Forteresse de tes cheveux devant les yeux.
Coucou, je suis là, je suis pas là.
Je suis plus là mais je suis là.

L'infinitésimale pensée qui nous relie
à travers les marées
des dossiers.
La propension exponentielle
de nos deux côtés similaires
à retarder
le jour J.
La tête dans le souvenir,
la tête dans le devenir,
je me demande :
Le point X sur la droite B
fera-t-il se perpendiculariser
A et B ?