RESEAU

lundi 31 mars 2014

Arthur CRAVAN, too much, too soon

« Il faut regarder le monde comme le fait un enfant, avec de grands yeux stupéfaits : il est si beau. Allez courir dans les champs, traverser les plaines à fond de train comme un cheval ; sautez à la corde et, quand vous aurez six ans, vous ne saurez plus rien et vous verrez des choses insensées. »
Arthur Cravan, Revue Maintenant  n° 4, mars-avril 1914.

Fabien Avenarius Lloyd naît en 1887 à Lausanne (c'est un neveu d'Oscar Wilde) et, entre mille autres choses, il se consacre à la boxe et à la poésie. Il se rebaptise Arthur Cravan pour des raisons qui restent encore mystérieuses. Entre 1912 et 1915, à Paris, il est l'unique rédacteur des cinq numéros de la revue Maintenant. “Défaitiste...?” il n'aime pas la guerre ! il fuit la Première Guerre Mondiale et trouve d'abord refuge à Barcelone avant de s'embarquer pour New York où l'accueillent de nombreuses personnalités des avant-gardes de l'époque, notamment Mina Loy, avec qui il vit une intense mais courte passion. Il disparaît au large du Golfe du Mexique en 1918 (c'est du moins l'hypothèse la plus communément répétée).
Son corps n'a jamais été retrouvé.

 Arthur Cravan, le « poète aux cheveux les plus courts du monde », l'homme de Maintenant (cinq numéros explosifs), boxeur, anarchiste, conférencier, danseur, aventurier, beau, insultant, direct, dissimulé, voyageur, déserteur a hanté l’imagination révoltée d’André Breton et de Guy Debord. et n’a pas fini de nous faire signe sous son nom de légende. 

 


Un chroniqueur le décrit ainsi, dans une de ses « conférences » publiques : « Il exprime son mépris de l’artiste. A coups de trique assénés sur son guéridon, il exige le silence, bien que celui-ci soit total. » De temps en temps, il tire quelques coups de pistolet avant de parler, ça ponctue mieux le discours.

Et il écrit des vers de ce genre : « On a beau dire et faire agir et puis penser / On est le prisonnier de ce monde insensé. »
Des aphorismes : « Il est plus méritoire de découvrir le mystère dans la lumière que dans l’ombre. »
« Tout grand artiste a le sens de la provocation. »
« Les abrutis ne voient le beau que dans les belles choses. »


Ou dans sa revue Maintenant, qu'il distribue lui même, dans une voiture à bras :

Toute la littérature, c’est : ta, ta, ta, ta, ta, ta. L’Art, l’Art, ce que je m’en fiche de l’Art ! Merde, nom de Dieu ! — Je deviens terriblement grossier à ces moments-là, — et pourtant je sens que je ne dépasse aucune limite, puisque j’étouffe encore. — Malgré tout, j’aspire au succès, car je sens que je saurais drôlement m’en servir, et je trouverais amusant d’être célèbre ; mais comment ferais-je pour me prendre au sérieux ?[ ...] Cherchant une diversion, je voulus rimer, mais l’inspiration, qui se plaît à agacer la volonté par mille détours, me fit complètement défaut. A force de me creuser la tête, je trouvais ce quatrain d’une ironie connue qui me dégoûta bien vite :
J’étais couché sur mes draps,
Comme un lion sur le sable,
Et, pour effet admirable,
Je laissais pendre mon bras,
Incapable d’originalité, et ne renonçant pas à produire, je cherchai à donner quelque lustre à d’anciennes poésies, oubliant que le vers est un enfant incorrigible ! Naturellement, je n’eus pas plus de succès : tout restait aussi médiocre. Enfin, dernière extravagance, j’imaginais le prosopoème, chose future, et dont je renvoyai, du reste, l’exécution aux jours heureux — et combien lamentables — de l’inspiration. Il s’agissait d’une pièce commencée en prose et qui insensiblement par des rappels — la rime — d’abord lointains et de plus en plus rapprochés, naissait à la poésie pure.
Maintenant numéro 3


Il tente une approche plus moderne qu'il baptise prosopoème :


Hié
Je voudrais être à Vienne et Calcutta,
Prendre tous les trains et tous les navires,
Forniquer toutes femmes et bâfrer tous les plats.
Mondain, chimiste, putain, ivrogne, musicien,
ouvrier, peintre, acrobate, acteur ;
Vieillard, enfant, escroc, voyou, ange et noceur ;
millionnaire, bourgeois, cactus, girafe ou corbeau ;
Lâche, héros, nègre, singe, Don Juan, souteneur,
lord, paysan, chasseur, industriel,
Faune et flore :
Je suis toutes les choses, tous les hommes et tous
les animaux !
Que faire ?
Essayons du grand air,
Peut-être y pourrai-je quitter
Ma funeste pluralité !

Maintenant numéro 2

 
Il a sur la vielle Europe d'avant 1914 le regard cruel et anticipateur qu'il faut, et lui, le déserteur de six pays, clame un vibrant manifeste contre le code de nationalité.
« Brûlez vos états civils !
Saignez vos passeports !
Fusillez vos visas !
Tranchez vos racines !
Mettez en pièces votre identité ! »
Les Ogres
 
À partir de 1915, il quitte la France en guerre et entame un long périple à travers l’Europe, muni de faux passeports. C’est à Barcelone qu’il trouve finalement refuge en 1916 et renoue avec la boxe. Le dimanche 23 avril, il organise un combat singulier resté célèbre avec le champion du monde Jack Johnson qui le met KO au sixième round
 
La suite, on la connaît, New York, Mina Loy, le Mexique... puis le mystère.

Cravan continue de se manifester quelques années après sa mort.
Picabia ressuscite son ami en février 1919. Il publie dans le huitième numéro de sa revue "391", publiée à Zurich, une annonce ainsi rédigée: "New York. Cravan, professeur de culture physique à l'académie athlétique de Mexico, va prochainement y faire une conférence sur l'art égyptien..."
En 1920, le nom de Cravan figure parmi la liste des Présidents du mouvement Dada et, dans "Dada n°6", quelques aphorismes, à la manière de ses critiques d'art dans "Maintenant", sont publiés sous sa signature...

A quoi bon faire de l'art dans sa vie quand on a trouvé le secret de faire de sa vie une œuvre d'art...

Verbopathie


Quand les boyaux de la tête
S'indigestionnent de mots,
purgez les.
Faites leur cracher
nystagmus,
rhynchocéphale,
paraskevidékatriaphobie
qui ne servent pas tous les jours
et mettez les aux haïkus.
Vapeur, sautés,
aux légumes des quatre saisons.
Evitez pour un temps les alexandrins
et laissez les se vautrer
dans les néologismes.

dimanche 30 mars 2014

Aujourd'hui, comptes de la folie ordinaire

Bukowskipainting103


« La différence entre une démocratie et une dictature, c'est qu'en démocratie tu votes avant d'obéir aux ordres, dans une dictature, tu perds pas ton temps à voter. »
Charles Bukowski
Contes de la folie ordinaire

Le "satisme" n'existe pas ?



«Le satisme n'existe pas. S'il devait être créé, je lui serais hostile moi-même »
c'est ce que dit Satie de lui même.

Erik SATIE est né à Honfleur, en Normandie. Après avoir rejeté le monde académique du conservatoire et celui non moins contraint de l’armée, il s’installe à Monmartre (Paris), lieu privilégié de l’activité artistique en ce tournant du XXe siècle. Avec Jean Cocteau, il sera la figure de proue du Groupe des Six réunissant Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre, la seule femme du groupe.

A la fois humoriste et précurseur extravagant, il met son excentricité au service d’une musique aux titres parfois étranges (Préludes pour un chien flasque, Trois morceaux en forme de poire, Embryons desséchés...) et qui, tout en réclamant la discrétion, n’en fait pas moins scandale tel que le fameux ballet Parade monté avec Jean COCTEAU sur des décors de Pablo PICASSO et qui intègre à l’instrumentarium des sirènes, un révolver et une machine à écrire !
Avec Arthur Milhaud, il invente le concept de Musique d’ameublement, traduisant aussi, et contre toute attente, son goût pour la discrétion et l’humilité : "Nous vous prions de ne pas y attacher d’importance et d’agir pendant l’entracte comme si elle n’existait pas". Son oeuvre est un défi à ceux qui prônent la complexité comme seule garante de la qualité artistique.



Le 29 juillet 1881 est promulguée la loi sur la Liberté de la Presse représentant enfin la promesse de pouvoir communiquer sans réserve au grand public des nouvelles du front littéraire et artistique.
Les publications prolifèrent. S’y mêlent humour et satire. Les esprits bouillonnent. De petits groupes d’amis intellectuels se forment se réunissant dans les cafés ou cabarets alors en pleine expansion.
Parmi les différents comités qui se créent alors et qui portent parfois des noms bizarres (comme
le cénacle des Hirsutes, des Zutistes et des Jemenfoutistes), on compte celui dit de la "Société des Hydropathes" laquelle réunit des artistes, poètes, musiciens et acteurs âgés de 20 à 30 ans. La poésie et la chanson sont les principales finalités de ce cercle d’intellectuels, lui-même ancêtre du cercle du Chat Noir. C’est notamment dans ce célèbre cabaret de Montmartre qu’Erik Satie rencontre Claude Debussy.
Ces artistes, souvent remarqués pour leurs extravagances, s'emploient, entre autre, à se dresser contre une société progressivement happée par le progrès, le machinisme et le modernisme.

Érik SATIE publie sous son nom dans des revues, et sous des pseudonyme, comme il les affectionne (François de Paule, Sire des Marches de Savoie, Virginie Lebeau, Swift, etc.)
Sans signaler son appartenance à Dada ou au surréalisme, ces textes témoignent de ses liens avec les acteurs des deux mouvements.

Observations d'un imbécile (moi) publiés dans L'oeil de veau en 1912
Mémoires d'un amnésique publiées dans La revue musicale
Cahiers d'un mammifère, série d'écrits polémiques en réaction à l'actualité, publiés dans diverses revues d'avant garde, dont certaines sont proches du Dada, entre 1921 et 1924,( L'esprit nouveau, Le cœur à barbe, Création, 391 et Le mouvement accéléré).
Chroniques musicales, parues dans Les feuilles libres
 
« Conseils (de famille) : ... Se mettre à plat ventre est bien... Toutefois, cette position est incommode pour lécher la main de celui qui vous donne des coups de pied dans le derrière. » 
Mémoires d'un amnésique 
 
"J'ai connu autrefois un pauvre homme qui, par scrupule, n'a jamais voulu coucher chez lui disant que son nom était un nom à coucher dehors. ce souvenir ne m'est pas désagréable."
Ecrits réunis par Ornella Volta 

Les Commandements du Catéchisme du Conservatoire remis à 9

1. Dieubussy seul adoreras,
Et copieras parfaitement.

2. Mélodieux point ne seras,
De fait ni de consentement.

3. De plan toujours tu t'abstiendras,
Pour composer plus aisément.

4. Avec grand soin tu violeras
Les règles du vieux rudiment.

5. Quintes de suite tu feras,
Et octaves pareillement.

6. Au grand jamais ne résoudras
De dissonance aucunement

7. Aucun morceau ne finiras
Jamais par accord consonant.

8. Les neuvièmes accumuleras,
Et sans aucun discernement.

9. L'accord parfait ne désireras
Qu'en mariage seulement.

Ad gloriam tuam
Erit Satis
Amen

Écrits réunis par Ornella Volta


Mais ne pouvant vivre de sa musique, ni encore moins de ses écrits, SATIE est mort dans la pauvreté.
Quelques rares proches se doutaient de sa situation, mais ce n’est qu’à sa mort, en découvrant l’appartement, dont il refusait l'accès à quiconque, qu’ils prirent conscience de la misère dans laquelle il vivait, misère qu’il surnommait « la petite fille aux grands yeux verts ».

« Je regrette d'autant plus d'avoir compris trop tard, après sa mort, l'être de haute exception qu'il fut et qu'un rideau d'épines – sa malice, ses tics étudiés – me voilait. [...] Nulle plus haute école de liberté à l'égard de toutes les conventions, nul sourire plus espiègle et, en fin de compte, si poignant par dessus le gouffre intérieur, de l'espèce la plus noire, duquel s'échappe la nuée de ces dessins et inscriptions calligraphiées en pleine solitude – « Tout en fonte », à la fois si drôles et si inquiétants – qui attendent depuis longtemps un inventaire complet et une analyse rigoureuse. »
André Breton

Parade


Jean Cocteau raconte la création de Parade avec Picasso et Erik Satie.

Dans la peau





Ne perdez pas le nord...
même à poil !

Zoonose


La maladie  bêê r' ibérique est une affection carentielle
des chèvres espagnoles.

Chacun son genre


Contrairement à ce que dit le dictionnaire,
un pas sir (english accent, please...), c'est une dame.

samedi 29 mars 2014

Cent ans de guerre...

Missoula... Prononcez... Mizzoula !


A Missoula, petite ville du Montana coincée entre les Rocheuses, vivent ou ont vécu la plus grande partie des écrivains du Montana.
L'humoriste Patrick Raynal est allé voir à quoi ressemblait Missoula, voici ses impressions : “Il existait bien au nord-ouest des Etats-Unis dans un Etat immense, peuplé de cow-boys, d’élans et de truites gigantesques, une ville bourrée d’écrivains, une sorte de Ploucville improbable où écrire des bouquins était aussi commun que de jouer au jazz à New-York. Avec cinquante écrivains en activité sur une population de quarante mille, Missoula est une ville... où l’on a plus de chance d’écraser les pieds d’un auteur que d’un représentant d’une quelconque catégorie socio-professionnelle."

 
Si Missoula est devenue un "paradis pour écrivains", c'est d'abord parce que jusque dans les années 1970 elle était encore une petite ville provinciale au niveau de vie modeste, perspective intéressante pour des écrivains parfois désargentés. Ensuite, Missoula a pu séduire pour sa longue tradition universitaire en ateliers d'écriture. Cette émulation entre les ateliers d'écriture et les écrivains déjà installés a favorisé la venue de nouveaux venus, à la suite de Raymond Carver, de Richard Brautigan et du poète Richard Hugo.


sur la photo: Jim Harrison, Richard Brautigan, Thomas McGuane au centre, Bill Roecker, Becky McGuane, et Dink Bruce, 1973, (on ne sait pas qui est à gauche au 1er plan….)

 
Parmi les pionniers du groupe, on compte aussi William Kittredge et James Crumley. 
James Welch, l'étudiant de Richard Hugo, est l'un des meilleurs représentants de la littérature indienne avec Dorothy Johnson qui fréquente également l'atelier d'écriture de Missoula. Né dans la réserve indienne Pieds-Noirs de Browning (Montana), James Welch est l'auteur de C'est un beau jour pour mourir, un roman sur la fameuse bataille de Little bighorn, qui opposa les guerriers indiens aux troupes du général George Armstrong Custer.



Aujourd'hui, les écrivains qui y vivent combattent l'étiquette d'écrivains régionalistes et bien évidemment ils ne se croient pas obligés, même s'ils y résident, de situer leurs livres dans le Montana. Une remarque, cependant : Missoula semble inspirer les auteurs de romans policiers. A côté de Crumley, il y a John Jackson ( Dead Man ), James Lee Burke, probablement l'écrivain le plus riche de Missoula, grâce à sa série de romans policiers dont le cadre est La Nouvelle-Orléans ; et Robert Sims Reid, qui est un vrai détective, depuis quinze ans dans la police de Missoula...
Résultat : l'énergie est palpable. Impossible de ne pas sentir que Missoula est une ville obsédée par l'écriture sous toutes ses formes.










Quand la Route 66... écrit...


« La Nationale 66 est la grande route des migrations. 66… le long ruban de ciment qui traverse tout le pays, ondule doucement sur la carte, du Mississippi jusqu’à Bakersfield… à travers les terres rouges et les terres grises, serpente dans les montagnes, traverse la ligne de partage des eaux, descend dans le désert terrible et lumineux d’où il ressort pour de nouveau gravir les montagnes avant de pénétrer dans les riches vallées de Californie. »
John Steinbeck, Les Raisins de la Colère


Mythique route 66 qui est devenue le symbole de toute une génération d’Américains épris de liberté et de voyages motorisés. Elle fut en effet l’icône de la nouvelle Amérique, unie et aventurière. Construite afin de relier l’est à l’ouest - alors très peu connu -, la route 66 a encouragé des milliers d’Américains à prendre la route pour explorer leur pays, et elle est devenue une légende grâce aux nombreux artistes qui l’on célébrée.


 
 

La littérature fait la part belle à la "
Route 66 " à commencer par " Les raisins de la colère " (1938) de John Steinbeck.
Puis il y a ce mouvement qui met en lumière l'Amérique populaire qui borde la " Route 66 ", c'est la Beat generation, emmenés notamment par Allen Ginsberg, William Burroughs et surtout Jack Kerouac avec son illustre " Sur la route " (1957).
Un roman quasi autobiographique qui narre les errances de l'auteur (Sal Paradise dans le livre) et de son compagnon de route, Neal Cassady (Dean Moriarty) sur les routes américaines, au rythme de leurs rencontres, de l'alcool et des stupéfiants.
 

" Une fois de plus, nos valises cabossées s'empilaient sur le trottoir; on avait du chemin devant nous. Mais qu'importe : la route, c'est la vie"
Jack Kerouac   Sur la route

"Le hurlement des trains déchire la vallée. Les longs couchants sont rouges.Les la vallée se sont égrenés Manteca, Madera, tous les autres.Bientôt le crépuscule est arrivé, un crépuscule de grappes, un crépuscule de raisins noirs sur les plantations de mandariniers et les noms magiques de longs champs de melons, le soleil couleur des raisins pressés, tailladé de bourgogne, les champs couleur de l'amour et de tous les mystères d’Espagne.J'ai passé ma tête à la vitre, pour respirer à pleins poumons l'air parfumé. C'était le plus beau moment."
Jack Kerouac   Sur la route
 

Durant ses décennies d'existence, la "
Route 66 " inspire très largement le monde des arts.
Drainant derrière elle la culture populaire américaine, la " Mother road " constitue un décor mythique pour la chanson.
La " Route 66 " qui devient un classique musical avec " Get your kicks on route 66 ", écrit par Bobby Troup, un GI, qui, a l'instar de ses homologues durant la seconde guerre mondiale, arpente la " Route 66 ".
Devenu un hymne, le titre est repris par N
at King Cole, Chuck Berry, les Rolling Stones, Depeche Mode ou encore Guitar Wolf.

"If you ever plan to motor west / Travel my way, take the highway, that is the best / Get your kicks on route sixty-six…"
Extrait de
'Get Your Kicks on Route 66', composée par Bobby Troup. "Si tu prévois de rouler vers l'Ouest / Suis mon chemin / Choisis la route principale / C'est ce qu'il y a de mieux / Et prends ton pied sur la route 66…"

Depuis 1985, la Route 66 n’existe officiellement plus. Elle a progressivement été déclassée, jusqu’à n’être plus qu’un souvenir, ou le témoin d’un autre temps.
Aujourd’hui, elle se résume à des ruines, des panneaux fantômes d’établissements autrefois populaires, des motels abandonnés, des stations-services désaffectées, devenus les icônes d’une Route, qui ne vit désormais plus que dans le cœur des « passionnés nostalgiques ».




vendredi 28 mars 2014

Jorn Riel, le papou de l'Arctique


Jørn Riel est né au Danemark en 1931. Faisant partie de l’expédition de Lauge Koch en 1950, il a vécu 16 ans au Groenland. Du fatras des glaces et des aurores boréales, il rapportera une bonne vingtaine d’ouvrages, soit à peu près la moitié de son œuvre à ce jour.

Le versant arctique des écrits de Jørn Riel (dédié pour une part à Paul-Emile Victor qu’il a côtoyé sur l’île d’Ella, pour l’autre à Nugarssunguaq, la petite-fille groenlandaise de Jørn Riel) est constitué d’abord par la série des
Racontars Arctiques, suite de fictions brèves ayant toujours pour héros – ou anti-héros magnifiques – les derniers trappeurs du nord-est du Groenland, paumés hâbleurs, écrivain de pacotille, tireur myope, philosophe de comptoir devant un imbuvable tord-boyaux. Puis par deux trilogies, La maison de mes pères et Le chant pour celui qui désire vivre.

Il vit aujourd’hui en Malaisie. "Histoire de décongeler", se plaît-il à dire. Mais derrière la boutade se cache quelque chose de plus fondamental. «J’aime la nature, quand il y en a assez, les étendues de glace de l’arctique et la jungle tropicale.» Et cette nature, et les hommes qui la vivent encore, Jørn Riel va maintenant les retrouver, quelques mois chaque année, parmi les papous de l’Irian Barat en Nouvelle Guinée. Ils vivent encore à l’âge de pierre, et n’avaient jamais vu d’homme blanc avant lui.

 

"- Tu vois Lasselille, nous ici, nous sommes comme le début de tout. Nous ne sommes pas si éloignés des long-bras, qui sautaient tout autour à la période glacière dans des conditions à peu près identiques, que nous ne puissions retourner à cet état. Nous faisons un peu de chasse et nous nous réjouissons de l'existence. Nous sommes toute l'évolution mais nous sommes aussi le début. Tu comprends?"
- Non répondit Lasselille honnête."
 La vierge froide et autres racontars



"Après le café, allongés, ils laissèrent le schnaps leur réchauffer le sang dans tout le corps et prirent plaisir au magnifique spectacle. La glace étincelait et flamboyait dans la lumière du soleil ; la grande coulée de glace, par laquelle ils étaient montés, mouillait comme un long coup de langue la vallée couverte d’herbe. Ils voyaient les sommets des montagnes de la côte, pointus comme des alênes, et la mer qui était verte et ressemblait plutôt à une prairie de printemps".
La vierge froide et autres racontars



"Non, ce qu'il y avait de terrible , c'est que la tempête avait tellement secoué l'étagère au-dessus de ma couchette que deux bouteilles de rectifié et toute l'usine à distiller tombèrent sur le parquet. J'ai été pompette une journée entière avec la langue pleine d'échardes parce que j'avais lapé l'eau-de-vie à même le sol. L'alambic foutu, c'en était fini des boissons alcoolisées pour des mois. Quel hiver !"
Un safari arctique et autres racontars 

Qui est-ce ?




Paul Gauguin à l'harmonium,
photographié par Alphonse Mucha.

Et ce n'est pas un canular...

Le petit cuisinier suit la politique


... mes collègues ne respectent pas la parité.
Ils font le coq au vin mais la poule au pot !

jeudi 27 mars 2014

Mexique

Ballast

L'hôtesse de ces eaux


Une écrevisse,
Une grande, grosse et grasse écrevisse,
toute verte, échouée sur un banc de galets
au milieu du Buëch.
Les pinces tendue comme l'osier d'un sourcier,
elle cherche désespérément l'eau.
L'aider ou la manger?
Le chien ne se prononce pas.
Deux bâtons, un seau... et vogue la galère,
cortège insolite d'enfants nus comme Vendredi,
portant contre leur coeur leur aquatique trophée.
Défilent les galets.
Se débat l'écrevisse.
On trouve une mare. Accueillante,
mi courante, mi dormante. Chevelue d'algues sympathiques.
On relâche la bête. Ses reflets métalliques
s'estompent dans la vase qui remonte.
Se ferment les ronds dans l'eau.
Ce soir, on mangera du poulet !

Chauvinisme

Mérité...???

Masculin / féminin


Un héro, une héroïne
Un tsar, une tsarine
Un galant, une galantine
Un sarde, une sardine
Un bob, une bobine
Un coq, une coquine...etc

vos idées en commentaire !

Le petit cuisinier s'en mord les doigts


Pour parfumer leur galette
les gendarmes utilisent
de l'amande amère...

mercredi 26 mars 2014

Ad vitam aeternam


Rattrapée par le réel
en pleine vitesse
en déliquescence,
je suis tombée sur le cul
culottée d'idées,
dé à coudre,
pour coudre la vie
au point de croix... de crôaa ?

Solution de continuité


Le jour avant le lendemain
l'heure avant l'heure
le plaisir
à l'état pur.
Immaculé
sans souvenirs
sans regrets.
Appétissant comme le gâteau
qui gonfle dans le four.
L'attente en espérance.
Les rêves
sans censure
sans commune mesure
au point de souhaiter
que ce que l'on guette
n'arrive jamais.

La comptine du paumé


Piqué piqué colle et grammes,
bourré bourré rate ta femme
am stram gram...

L'étymologie pour tous


Astéroïde : n.m. du grec eidos, aspect, et aster, étoile. Petite planète.
Polaroïd : n.m. du grec eidos, aspect, et polar, policier. Film de série B.

mardi 25 mars 2014

Le petit cuisinier et les gastéropodes


Avant d'accommoder les petits gribouillis,
il faut soigneusement les dé-coquiller.

RRRhhhh!!!

Des linguistes britanniques ont déterminé que nos ancêtres de l'âge de pierre vivant en Europe pourraient avoir utilisé certains mots reconnaissables aujourd'hui dans plusieurs langues modernes. Certains noms, verbes, adjectifs et adverbes descendent en grande partie de manière inchangée de mots d'une langue commune aux hommes qui s'est éteinte il y a environ 15.000 ans.
Utilisant un modèle informatique, ces chercheurs ont pu déterminer que certains mots ont changé tellement lentement au cours du temps qu'ils peuvent conserver des traces de leur passé ancestral pendant 10.000 ans et plus. Ces mots indiquent l'existence d'une grande famille linguistique qui unifie sept groupes de langues en Eurasie.
Ces quelques mots comme: je, vous, nous, mère ou écorce (respectivement I, you, we, mother, man et bark en anglais) ont dans certaines langues le même sens et presque la même sonorité qu'ils avaient alors. Mais ces linguistes anglophones n'ont pas trouvé trace de " Pierre," ni de" Il va faire tout noir.... Ta gueule...!" 



Rodinisme


Certaines pensées 
sont trop lourdes
à porter...

En latin, s'il vous plait !


L'aquarium, c'est pour l'eau.
Le solarium, c'est pour le soleil.
Le sodium, c'est pour les imbéciles.
Le columbarium, c'est pour faire popo.

lundi 24 mars 2014

Printemps mozza... hic!


Chanter à tue-tête
en descendant l'escalier...
Bonjour les voisins !

Arpenter les champs,
les poumons en liberté
mais éternuer...

Saluer le Buëch
d'un bout d'orteil frétillant.
Aïe... elle est glacée !

Courir les garennes
avec Médor tout content,
attraper des puces...

Laver tous ses draps,
les mettre à sécher dehors,
...un caca d'oiseau !

Sortir les balais,
sus ! aux toiles d'araignées !
Les laisser en paix...

Fouiller ses placards
pour trouver des sandalettes.
Où est passée l'autre?

Faire le marché...
Et si on déteste ça,
prendre des asperges...

Manger les minutes
en salade avec les doigts...
Vive l'heure d'été !



La vie des peuples


Les anciens égyptiens n'étaient pas racistes,
ils adoraient les papis russes.

Premier discours


L'édile élu élude l'édit et dit, dit-on "doit-on doter Dorothée des dons dodus donnés à Didier?"

Quand le petit cuisinier rêve...


Il serre la langue sur des corps nichons...

dimanche 23 mars 2014

23 mars : conjugaison panachée


Je vote
Tu voles
Il vogue
Nous voguons
Vous volez
Ils votent

Giboulée


Pluie de mars
lignes brisées.
Les premières gouttes
l'asphalte sent bon
l'odeur de l'été
au printemps.
Frappe
contre les carreaux.
Les essuis-glace
s'enrayent.
Dans les bottes,
presqu'îles.
Dans le cou
coulent les rigoles.
Le parapluie s'envole.
Pluie de mars
chèvre têtue
encorne.
Le déluge
l'arche de Noé.
La maison prend l'eau
s'en va à vau-l'eau
dérive
joyeuse.
Les prochaines giboulées.

Préférez vous?


Un gâteau au choco ou un cachot au Togo?

Nus mais r'au logis


Après mai 68, on a remis ça avec le 69 !

samedi 22 mars 2014

Odin mange du beurre de cacahuètes

Andy Warhol mange un hamburger

Le petit cuisinier prudent


Avant d'en faire tout un plat,
il faut être sûr de pouvoir le manger.

Drague ratée en 1900...



Midi... le Buëch...


Une braise s'éteint, tombée du feu
d'entre les pierres. Mariée tzigane
échappée de l'ardente fête, tout de rouge vêtue,
elle danse un instant,
chancelle, un peu ivre peu être
avant de s'effondrer,
son habit de lumière devenu robe noire.
En tombant, elle a fait un trou
dans un vieux short mis à sécher
contre le foyer.
Il sera short du Buëch désormais.
Il faut remettre dans les flammes
du thym, ramassé à coté. Mélanger les parfums
de l'eau toute proche,
de la terre au soleil et des galets
qui éclatent de plaisir.
Retourner les grillades.
Frotter de la main la table de pierres plates.
Appeler les enfants éparpillés.
A table!

vendredi 21 mars 2014

Pour en finir avec le jugement de Dieu (1947)

 

"Pour en finir avec le jugement de Dieu", Antonin Artaud, Studios de la Radio Française, 1947.

"Pour en finir avec le jugement de dieu, est une création radiophonique d'Antonin Artaud, enregistrée dans les studios de la radio française entre le 22 et 29 novembre 1947. Ce texte radiophonique, une commande de l'ORTF, fut censuré la veille de sa première diffusion, et il fallut attendre 20 ans pour qu'il passe sur les ondes. C'est toute la puissance subversive d'Artaud qui y parle, qui crie, qui hurle : poésie de la cruauté, éructation verbale dénonçant avec une vigueur effrayante tout ordre moral, religieux, détruisant tous les tabous. Les textes d'Artaud lus par Maria Casarès, Roger Blin, Paule Thévenin et l'auteur, ponctués de cris, de battements de tambour et de xylophone, enregistrés par Artaud lui-même, demeurent comme un moment de radio exceptionnel en même temps que l'affirmation d' "une certaine idée de l'honneur humain", qu'Artaud n'a jamais cessé de clamer, sans aucune concession et sans d'autre alternative que de "mourir à la société"."
Parham Shahrjerdi.

Brigitte Baumié

Née en 1958, musicienne et écrivain, Brigitte Baumié mène en parallèle la pratique de la composition électroacoustique et l'écriture poétique. Elle anime des ateliers de lecture et d’écriture pour tous les publics.
En perte d'audition depuis dix ans, elle travaille à la diffusion de la culture poétique auprès des personnes sourdes et anime des ateliers de création poétique en français et langue des signes. Elle collabore à la traduction de créations poétiques de la LSF vers le français et a mis en place avec l'association Arts Résonances, qu’elle anime avec Michel Thion, poète, un groupe de recherche sur la traduction et la création de la poésie dans les langues signées.
Elle participe au festival Voix Vives, à Sète, pour l’animation d’une scène où les poètes sont traduits en LSF.
Elle a créé plusieurs spectacles poésie et musique, a réalisé la « mise en sons » et a collaboré à la réalisation de « films dessinés » de Pierre Duba. Elle vit dans l’Hérault où elle anime avec Michel Thion, poète, l’association Arts Résonances.  

Bibliographie
États de la neige, gra­vu­res de Philippe Tardy, éd. Color gang, 2011 (poésie)
J’ai tué, ça existe pas, éd. Color gang, 2010 (poésie)
La tra­ver­sée des aban­dons, illus­tra­tions Pierre Duba, éd. 6 pieds sous terre, 2007 (BD) 

Créations musicales
Les oreilles plissées, voyage dans l’univers sonore des sourds, création au festival Son Miré (Aude) 2008.
— Création musicale et bande-son pour le film « à Kyôto, cinq tableaux d’eau » de Pierre Duba, 2004-2007.

Spectacles
Homère par mots et par gestes 2009 et 2010 avec Philippe Brunet et Olivier Schétrit.
L’os qui voyage (spectacle jeune public). Stabat Mater furiosa (sur un texte de Jean-Pierre
Cheyne ou vivre en poésie (sur des textes publiés par Cheyne-Éditeur).


Extraits 

j'ai tué
ça veut rien dire
même une araignée
un serpent
c'est dans les grands trous
plus rien ne rentre
tout est blanc
sur blanc
on voit plus rien
on marche dans plein de blanc
personne ne donne la main

(…/…) Brigitte Baumié

(extrait de "J'ai tué, ça existe pas")


...
Hiver
ci gèle gît tu neige est fausse douceur
ci blanc gît bien sûr poudre aussi
ci blanc abstrait cristal
envolée poudreuse
ci-gît tu crois
tu peux marcher sur l'eau
ci neige mur vertical brûlant
pour perdre
se perdre
plus que neige enveloppe
ci-gît neige gelée au matin
Brigitte Baumié
(extrait de" Etats de la neige")

...
 
Hurle plus fort n’entend pas assez bien
Parce que la chaise est posée à cet endroit-là pas un autre
Pas rangée
Pas bougée
Blanc sale
Hurle plus fort que la chaise
Plus fort que le bras de la chaise
Que le carrelage
Hurle et grince et triture et emmagasine pour recracher
pourquoi pas
Pourquoi pas hurler avec la chaise sale et le papier blanc et lui qui est quelque part et qui dit
Lâche-toi
et il n’y a rien
et lui quelque part
peut-être travaille
peut-être dort
peut-être veille
… que c’est la limite quelle limite qu’on impose qu’on s’impose qu’il faut tenir et lâcher de l’autre part et pas hurler s’il te plait pas hurler comme ça
soit rassurante
marche clair sur le chemin
accompagne
pas hurler
pas dormir
pas lâcher mais lâcher quand même parce que si tu veux être toi
si être quoi
lui
sans question
lui comme ça dans l’instant pas plus pas moins juste ça
sans les comptes ni les jugements ni les remords ni
juste lui libre et libre aussi et ne hurle pas en claquant la porte
et qui empêche de hurler et d’écraser la fleur les pétales dans la main qui poissent
est-ce que ça tache ?
rouge qui devient violet malaxé gris
ça ne sent rien
juste poisseux collant un peu
jus essuyé trace sur les doigts morceaux de pétales collés comme des plaies
mains maquillés
maladie
n’est pas lui
dans la fleur écrasée


Brigitte Baumié
(extrait inédit)

Don Juan


Quand on tombe des nues, c'est pas pour les rhabiller!

Ils ne voulaient pas tenir la chandelle...


Faites la moue, pas la guet...disaient les hippies anglais.

Covoiturage





Chaises à l'arrêt !

Tim


Le tablier de ma grand mère, le bleu à pois jaunes et blancs,
réveille mes souvenirs d'enfant.
La pêche à la grenouille à cinq heures du matin,
pieds nus dans la rosée ;
le café au lait, fruit défendu, avalé trop sucré ;
les poupées trouvées dans la décharge,
lavées, raccommodées, maquillées... avec du vernis à ongle!
... de vraies geishas...
Les fous rires qui réveillaient le lit. L'antique poire
de la lumière, cachée sous les oreillers,
au milieu des mouchoirs,
au milieu de nulle part.
Mes souvenirs tristes aussi. Tim perdue
dans son fauteuil roulant trop grand.
Tim qui ne pouvait plus écrire,
plus broder,
plus inventer.
Tim qui riait pourtant. Quand elle me voyait porter
son tablier bleu à pois jaunes et blancs.

jeudi 20 mars 2014

Ragazzo di vita


Pier Paolo Pasolini
(Bologne 1922- Ostie 1975)

Jeffrey Ford, l'illusioniste


Jeffrey Ford, né le 8 novembre 1955, est un auteur américain de nouvelles, de romans, de
fantastique et de science fiction que l'on a commencé à découvrir en France en 2005, grâce
à "Physiognomy". Depuis, d'autres romans et nouvelles, dont "La fille dans le verre" et
"Le portrait de madame Charbuque" ont  contribué à le faire connaitre.
Amateur de contes tordus, de légendes à l'intérieur des légendes et d'humour loufoque,
c'est une plume qui verse dans l'onirisme, parfois le lyrisme, toujours capable de nous
emmener dans des lieux que l'on aurait jamais crû possibles. Il est le chef de file américain
de ce que Michaël Swanwick appelle le Hard fantasy, un fantastique littéraire, audacieux,
anti conventionnel et toujours surprenant.
Auteur phare du phénomène "small press", Jeffrey Ford publie régulièrement ses textes
dans des revues confidentielles ou sur des sites web ; une manière pour lui de rendre
hommage à ceux qui lui ont donné sa chance, mais aussi un moyen de publier une
littérature expérimentale et sans contraintes.


"If you are interested in my published works, this is 
a good place to learn what's on there."
www.well-builtcity.com/podcasts----stories-and-interviews.html














"La première leçon est que tout portrait est, d'une certaine façon, un autoportrait, de même
que tout autoportrait est un portrait"
Jeffrey Ford
Le portrait de madame Charbuque


"Je trouvais le processus créateur aussi passionnant que le résultat final. M. Sabott m'avait
enseigné à déchiffrer une peinture, à voir sous l'illusion des formes et à remarquer les coups
de brosse, les divers pigments et la façon dont ils étaient appliqués. Chaque toile était alors
pour moi un manuel m'apprenant à obtenir certains effets, à utiliser une technique donnée.
Parfois, je plongeais dans la confluence de la couleur, de la texture et de la toile au point
de voir réellement l'artiste planté devant son chevalet."
Jeffrey Ford
Le portrait de madame Charbuque


"Nous profitons que la mort ne se soucie guère des dépressions économiques et ne prend
jamais de vacances. Une personne endeuillée est de surcroît plus facile à arnaquer si elle
a de la fortune. Un pauvre comprend tout de suite le caractère inéluctable de la mort, mais
un riche a besoin d'un peu de temps pour s'apercevoir qu'aucune somme d'argent ne peut
la mettre en échec"
Jeffrey Ford
La fille dans le verre 


Chouette!

...la rivière a recouvré ses esprits!

Nomades du Buëch


La cabane au bord de l'eau
s'en va chaque année, aux grandes transhumances
des crues de printemps.
Les pierres du foyer retournent à la rivière,
les bancs de bois flotté redeviennent bois flottés.
Les montants résistent, parfois,
grands bras tendus,
totems dérisoires
qui réclamez à l'homme un toit et un filet...
Bicoque made in Buëch, cour des miracles
du peuple des galets,
nous allons te reconstruire.
A nouveau te parer
de tes épingles à linge
et des dessins d'enfant au charbon
qui noircissent les doigts.
Sois patiente...
Invite les genêts et ne te gêne pas,
en attendant,
fais comme chez toi!

mercredi 19 mars 2014

Variations Brautigan #05 (OD 1994/2014)

"J'imagine que vous êtes plutôt curieux de savoir qui je suis, mais je suis de ceux qui n'ont pas de nom fixe. Mon nom dépend de vous. Donnez-moi le premier nom qui vous passe par la tête.
Si vous pensez à quelque chose qui s'est passé il y a longtemps: quelqu'un vous posé une question et vous ne connaissiez pas la réponse.
C'est ça, mon nom."
 Sucre de pastèque (1975), 
Richard Brautigan 
(trad. Marc Chénetier), éd. 10/18, 1994.

Colum Mc Cann, un irlandais à New york


"Un jour, en 1998, le Monde des livres a rencontré Colum Mc Cann pour la première fois.
C'était à New York - ou plutôt dans les entrailles de New York. Mc Cann avait alors 33 ans
et une belle bouille ronde de poupon. Il était arrivé peu de temps auparavant de son Irlande
natale. Il avait traversé l'Amérique à bicyclette et bourlingué, tel un Blaise Cendars nourri
de la Beat Generation. Il avait lu Kerouac jusqu'à plus soif et voulait " avaler la route ",
se " cogner aux autres ". Il avait essayé mille métiers pour " tâter " de la vraie vie, enseigné,
servi dans des bars, repeint des maisons, écrit dans des gazettes. Il s'était pris de tendresse 
pour les marginaux et avait noté leurs histoires. Et puis, un jour, il avait eu envie d'écrire."

Colum Mc Cann est né à Dublin en 1965 et vit aujourd'hui 
à New York. Il est l'auteur de deux recueils de nouvelles :
 Ailleurs en ce pays,   La rivière de l'exil, et de six romans : 
Le chant du coyote,   Danseur,    Les saisons de la nuit      
Et que le vaste monde poursuive sa course folle .
Zoli
 Transatlantic, son nouveau livre, vient de paraître.






 
"Si tu veux être heureux une heure, enivre-toi ; si tu veux être heureux une journée, tue un
 cochon ; si tu veux être heureux être heureux une semaine, marie-toi ; si tu veux être heureux
tout une vie, va pêcher."
Colum Mc cann
Le chant du coyote 



"Pas à pas, nous trébuchons dans le silence, à petits bruits, nous trouvons chez les autres
de quoi poursuivre nos vies. Et c'est presque assez. Tourne le monde sous nos pas hésitants.
Cela suffit. Le vaste monde."
Colum Mc Cann
Et que le vaste monde poursuive sa course folle



 "A la fin de la soirée, elle chantait toujours une chanson qui parlait d'emporter son amour
à travers l'océan, mais il était trop large, elle ne savait pas nager, et elle n'avait pas d'ailes
pour voler"
Colum Mc cann
Ailleurs en ce pays 










 







 

Les z'arts...

...lézardent au hasard
Balthazar...

Machinarium


Gueule avide de la nuit qui se goinfre,
mécanique des songes, rythmée par les réveils.
Se lever, écrire, se recoucher.
Dans la bouche, l'arrière goût douceâtre
du thé avalé brûlant.
Le tic et le tac de l'horloge.
Se mélangent les heures... midi dans minuit,
allègres allégories.
Attendre la marée montante des rêves,
s'y noyer et se relever
pour permettre à l'âme,
gavée à l'auberge du subconscient,
de vomir son trop plein.

mardi 18 mars 2014

Gaston COUTE, le gars qu'a mal tourné...

Né en Beauce en 1880, ce fils de meunier commence à réciter ses textes à Paris en 1898,
à l'encontre des voeux de ses parents qui l'auraient vu dans L'Administration des Finances de la Nation. Il revêt d'abord le costume de son pays puis passe très vite à un autre, plus adapté à ses chansons où il fustige les bourgeois, son époque et l'égoïsme de ses contemporains.
Sa carrière sera courte : il mourra, de privations et de l'abus d'alcool, en 1911, non sans avoir
laissé derrière lui des textes mémorables.
Les poèmes de Gaston Couté ont régulièrement été interprétés, notament dans des disques et spectacles.
Certains groupes de musique contemporaine ( rap, électro, techno ) ont aussi repris son répertoire.



Ce que Couté disait de lui-même...
"C'est égal ! si jamés je r'tourne
Un jour r'prend l'air du patelin
Ousqu'à mon sujet les langu's tournent
Qu'ça en est comm' des rou's d'moulin
Eh ben ! Faura que j'le dise
Aux gâs r'tirés ou établis
Qu'ont pataugé dans la bêtise,
La bassesse et la crapulerie,
Coumm' des vrais cochons qui pataugent,
Foura qu' j'leur dis qu' j'ai pas mis l'nez
Dans la sale pâtée de leur auge
Et qu' c'est pour ça qu' j'ai mal tourné!..."

Gaston Couté.
Le gâs qu'a mal tourné.





  
Par chez nous, dans la vieille lande
Ousque ça sent bon la lavande
Il est un gâs qui va, qui vient,
En rôdant partout comme un chien
Et, tout allant, il dégoise
Des sottises aux gens qu'il croise.



Honnêtes gens, pardonnez lui
Car il ne sait pas ce qu'il dit :
C'est un gâs qu'a perdu l'esprit.



-Ohé là-bas ! bourgeois qui passe
Arrive ici que je t'embrasse ;
T'es mon frère que je te dis
Car quoique t'as de bieaux habits
Et moi, des hardes en guenille,
J'ont tous les deux la même famille.



-Ohé là-bas ! le gros vicaire
Qui menez un défunt en terre,
Les morts n'ont plus besoin de vous
Car ils ont bieau laisser leurs sous
Pour acheter leur eau bénite
C'est point ça qui les ressuscite...



 -Ohé là-bas !  Monsieur le Maire
Disez moi donc pourquoi donc faire
Qu'on arrête les chemineux
Quand vous, qui n'êtes qu'un voleur
Et peut-être bien pire encore
Le gouvernement vous décore.



-Ohé là-bas ! garde champêtre
Vous feriez ben mieux d'aller paîtr'
Qu'embêter ceux qui font l'amour
Au bas des talus, en plein jour,
Regardez si les grosses vaches
Et les petits moineaux se cachent.



-Ohé là-bas ! bieau militaire
Qui trainez un sabre au derrière
Brisez le, jetez le à l'ieau
Ou ben donnez le moi plutôt
Pour faire un coutre de charrue...
Je mourrons ben sans qu'on nous tue.



Et si le pauvre est imbécile
C'est d'avoir trop lu l'Evangile
Le fait est que si Jésus Christ
Revenait aujour d'aujord'hui
Répéter cheu nous dans la lande
Ousque ça sent bon la lavande
Ce que dans le temps il a dit
Pas mal de gens diraient de lui
"C'est un gars qu'a perdu l'esprit !..."


Gaston Couté
Le gâs qu'a perdu l'esprit









Haïku-ku la praline

"Mon petit garçon
Tu es mon petit garçon
Mon petit garçon."

HLT
Zindien, 2000.
Anthologie de l'Oulipo

La sirène du sixième jour...



“Mother Earth”, Mosaïcultures Internationales Jardin Botanique de Montréal
www.mosaiculturesinternationales.ca/

Anarchiste !



Nietzsche - 'Last Days' Footage - 1899

En 1881, Nietzsche, 37 ans, tombe malade, perd son poste d'enseignant et l'amour de Lou Salomé, future amie de Freud et de Rilke... Commence une décennie d'errance et d'écriture en compagnie de son "double" Zaratouschtra... Le Gai Savoir, Par delà le bien et le mal, La généalogie de la Morale... Survient l'année 1888, zénit tragique, lucidité exacerbée : Le cas Wagner, Le crépuscule des Idoles, Nietzsche contre Wagner, L'Antéchrist et Ecce homo...

Il adresse alors à des amis ou à des inconnus des lettres et billets signés " Dionysos " ou " Le Crucifié "... Puis, le 3 janvier 1889, sur la place Carlo Alberto, à Turin, il embrasse un cheval de fiacre qu'un cocher vient de frapper et tombe soudain sans connaissance... Diagnostic de la clinique psychiatrique d'Iena : paralysie générale.

" Encore faut-il porter un chaos
pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. "

Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844/1900)

L'arbre aux cuillères


Il n'est pas grand, notre chêne,
une majesté modèle réduit, l'Infant d'Espagne
à Arzeliers.
Il est bon d'y monter au printemps,
d'y accrocher - sa casquette rouillée le permet -
nos chemises et nos faux-semblants.
Sous les feuilles mortes qui s'accrochent,
des bourgeons charnus comme des échantillons.
C'est la nouvelle collection.
A ses pieds s'éveille la petite faune,
mouches et moucherons,
les premières abeilles.
La terre est jaune et sablée tout autour,
un vrai gâteau, alors l'envie nous prend
d'y enfoncer les bras,
pour sentir, parmi les jeunes racines,
vibrer les tendons du printemps.
Et parfois, enfouie sous l'humus intime,
un peu rouillée par l'hiver,
c'est une cuillère que nous trouvons.
Vestige oublié d'un pique-nique
de l'année passée.

Post mortem


Quand, depuis trop longtemps,
on est six pieds sous terre,
on doit avoir envie
de les bouger.

Dans ce monde cruel...


...Si vous êtes contraints de faire la manche,
cultivez vos faire aumônes!

Alinéa



Quand, de cliquer sur L'Ombilic
vous serez lassés,
entrainez vous à dessiner...
ça...

lundi 17 mars 2014

Brautigan Contest Haïkus #05

LES QUATRE SAISONS DU BUËCH…

En hommage à Richard Brautigan

Les saisons passées
Disent aux singes comment
Faire la grimace

Printemps

Ne les sucre pas
L’homme sous son grand chapeau
Ramène ses fraises

Les mots les abeilles
Dans la moustache piégés
Fabriquent le miel

Il est mille fleurs
A l’horloge du bonheur
S’approche l’été

Été

Les deux pieds dans l’eau
Le retour à la rivière
C’est froid mais c’est beau

Sous le grand chapeau
L’hirondelle a fait son nid
Les idées au chaud

Tournesol se meurt
L’été, fa si la prévoir,
Lui tourne le do


Automne

Haï... coucou d’automne
L’oiseau chante au fond des bois
Quel intrus va là ?

Le jus du raisin
L’encre du poète enfui
Fermente pour rien

La truite s’en vient
Dans l’eau froide du torrent
La mouche s’en va

Hiver

Neige papillon
Souffle le vent des montagnes
Rentre tes moutons

L’hiver bouche ouverte
Au visage de l’été
Crache ses flocons

La tête à l’envers
D’un seul coup de revolver
La morte-saison.
Saint-Romas,
Marseille, Bouches-du-Rhône.
2011

Brautigan Contest Haikus #04

Route commune
Passe ton chemin camarade
C’était bien nous deux

Eclair déchirant
Le ciel bleu s’en va c’est fini
Dit l’enfant surpris

Sous l’empire d’un seul
Plus rien ne poussera
Le reste survivra

Ils spéculent sur la vie
Déchirent la lumière
Les faux monnayeurs
Capitan a ri
Dans sa candeur minérale
Son coeur a rosit

Mon gâteau réduit
Chaque fois que je bouge
Diminue le temps

Le mal est passé
L’ange blond est arrivé
La fête peut commencer

Belle étincelle
Et tout repart comme avant
Tourne le manége

Son contrat : tuer
Dans la ville dévastée
Tsunami est né

Il fallait juste
S’arrêter regarder comprendre
Comme le jardinier

Macha D.
Marseille, Bouches-du-Rhône.
2011

Brautigan Contest Haïkus #03

Histoire du passage
Lutter aimer transformer
Le petit pont bleu

Tous conduisent au
Pique-nique de la vie
Ce qu’il a de mieux

Ailes déployées
La liberté programmée
Les gabians s’envolent

Plus tard ou plus tôt
Il faut renier pour naître
Ainsi va la vie

Les journées sans nom
Comme des jours invisibles
Encerclent la ville

Maintenant c’est fait
L’orchestre va s’installer
Le vent peut chanter

Depuis l’origine
Le beau vieillard vigoureux
Court le temps astral

Il vient de si loin
Il les frôle les contourne
Mais l’arctique l’attend


Macha D.
Marseille,  Bouches-du-Rhône.
2011

Brautigan Contest Haïkus #02

Les nuages passent
Jaunes et roses, effilochés
Mais la montagne reste

Voile d'herbe mouillée
Feuilles dentelles, fourreaux de mousse
Bal dans la forêt

Fendue, la colline
Et le ciel qui tombe dedans
Comme un grand drap blanc

Le salut oblique
De trois grands arbres penchés
sur leurs grosses racines

Du haut du château
Fleurs de verres et couteaux
attrapent le soleil

Des papillons blancs
Dans la lumière rayée
Mort d'un cerisier

La route déroule
Sa longue langue de feu
Rien à l'horizon

Helena N.
Chabestan, Hautes-Alpes
Brautigan Contest ( Concours Brautigan ) Lauréate 2011

Brautigan Contest Haïkus #01

Ce matin la boue
blanchit l'aile du papillon
qui noircit la boue

Sur la balançoire
Le ciel vert et l'herbe bleue
N'en finissent pas

Le rouge parfait
D'une prune mordue
coule sur la table

Têtes de lumière
Dans la même direction
Tendues, par milliers

Quand la chaleur tombe
En gouttelettes de plomb
Les feuilles chuchotent

La transparence rouge
D'un après midi d'été
Derrière le rideau

Le dernier verre tombe,
Etoile filante sur la pierre
De la dernière marche


Helena N.
Chabestan, Hautes-Alpes
 Lauréate 2011


C'est la saint Patrick!



Pour les daltoniens...
Aussi!

Le baiser


A peine une clairière, un rond nouveau-né
où les sorcières ont passé la nuit.
Des chênes de trois centimètres
y bercent leurs museaux tendres
et les derniers petits gris
y sourient.
Je vais, sans bruit, l'oreille attentive,
espérant le miracle
d'un lièvre ou d'un chevreuil.
J'essaie le pas des fées...
Mais, zut!
J'écrase une violette.
Je pleure son chant du cygne
de fleur décapitée
et pose sa joue pâle
contre mes lèvres:
C'est un baiser sucré.

Le petit cuisinier so british


Les anglais ont inventé le nuage de lait
pour ne pas cacher le soleil.

Lui aussi...





Un rayon de soleil s'obstinait
sur les fenêtres closes,
il fantasmait...

dimanche 16 mars 2014

Crise d'angoisse


Dompter la bête,
la démembrer,
lui arracher les yeux,
couper les jambes et l'herbe sous le pied.
Se réfugier dans les eaux territoriales
de La Cervelle,
y implorer Charybde pour plaire à Scylla
et se faire héberger
par L'Arche de Noé.

Mauvaise nuit


Une lune obèse,
repue du sang des femmes.
Tintent les crécelles,
résonnent les tambours,
elle trône.
Sa cour décadente l'entoure, damnés
en quête d'éternité, comme elle
assoiffés.
S'aiguisent les appétits
des démons de midi,
qui lui offrent, pour lui plaire,
un manteau d'apparat.
Son halo s'élargit,
jaune,
venimeux.
Que la fête commence...

Vertical


Après L'Ombilic des Neiges,
L'Ombilic des Rêves...

Isis le blog médecin : la réponse...


Isis le blog médecin... c'est l'anagramme de
L'Ombilic des Neiges...