RESEAU

mardi 18 mars 2014

Gaston COUTE, le gars qu'a mal tourné...

Né en Beauce en 1880, ce fils de meunier commence à réciter ses textes à Paris en 1898,
à l'encontre des voeux de ses parents qui l'auraient vu dans L'Administration des Finances de la Nation. Il revêt d'abord le costume de son pays puis passe très vite à un autre, plus adapté à ses chansons où il fustige les bourgeois, son époque et l'égoïsme de ses contemporains.
Sa carrière sera courte : il mourra, de privations et de l'abus d'alcool, en 1911, non sans avoir
laissé derrière lui des textes mémorables.
Les poèmes de Gaston Couté ont régulièrement été interprétés, notament dans des disques et spectacles.
Certains groupes de musique contemporaine ( rap, électro, techno ) ont aussi repris son répertoire.



Ce que Couté disait de lui-même...
"C'est égal ! si jamés je r'tourne
Un jour r'prend l'air du patelin
Ousqu'à mon sujet les langu's tournent
Qu'ça en est comm' des rou's d'moulin
Eh ben ! Faura que j'le dise
Aux gâs r'tirés ou établis
Qu'ont pataugé dans la bêtise,
La bassesse et la crapulerie,
Coumm' des vrais cochons qui pataugent,
Foura qu' j'leur dis qu' j'ai pas mis l'nez
Dans la sale pâtée de leur auge
Et qu' c'est pour ça qu' j'ai mal tourné!..."

Gaston Couté.
Le gâs qu'a mal tourné.





  
Par chez nous, dans la vieille lande
Ousque ça sent bon la lavande
Il est un gâs qui va, qui vient,
En rôdant partout comme un chien
Et, tout allant, il dégoise
Des sottises aux gens qu'il croise.



Honnêtes gens, pardonnez lui
Car il ne sait pas ce qu'il dit :
C'est un gâs qu'a perdu l'esprit.



-Ohé là-bas ! bourgeois qui passe
Arrive ici que je t'embrasse ;
T'es mon frère que je te dis
Car quoique t'as de bieaux habits
Et moi, des hardes en guenille,
J'ont tous les deux la même famille.



-Ohé là-bas ! le gros vicaire
Qui menez un défunt en terre,
Les morts n'ont plus besoin de vous
Car ils ont bieau laisser leurs sous
Pour acheter leur eau bénite
C'est point ça qui les ressuscite...



 -Ohé là-bas !  Monsieur le Maire
Disez moi donc pourquoi donc faire
Qu'on arrête les chemineux
Quand vous, qui n'êtes qu'un voleur
Et peut-être bien pire encore
Le gouvernement vous décore.



-Ohé là-bas ! garde champêtre
Vous feriez ben mieux d'aller paîtr'
Qu'embêter ceux qui font l'amour
Au bas des talus, en plein jour,
Regardez si les grosses vaches
Et les petits moineaux se cachent.



-Ohé là-bas ! bieau militaire
Qui trainez un sabre au derrière
Brisez le, jetez le à l'ieau
Ou ben donnez le moi plutôt
Pour faire un coutre de charrue...
Je mourrons ben sans qu'on nous tue.



Et si le pauvre est imbécile
C'est d'avoir trop lu l'Evangile
Le fait est que si Jésus Christ
Revenait aujour d'aujord'hui
Répéter cheu nous dans la lande
Ousque ça sent bon la lavande
Ce que dans le temps il a dit
Pas mal de gens diraient de lui
"C'est un gars qu'a perdu l'esprit !..."


Gaston Couté
Le gâs qu'a perdu l'esprit









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