LE CHANT DU VENT
« Entends-tu jeune fille ? En es-tu
bien sûre ? »
Evidemment qu’elle entendait ! Cette
question absurde que lui avait posée un homme inconnu plus tôt
tournait en boucle dans sa tête. Que voulait-il dire ?
Elle frappa rageusement une pierre de
son pied; de toutes les attitudes qu’elle abhorrait, celle de cet
homme était celle qui l’agaçait le plus : elle ne le connaissait
pas et pourtant il l’avait abordée et lui avait posé cette
question insensée accompagnée d’un sourire sibyllin puis était
reparti sans aucune explication.
Malgré tous ses efforts, la jeune
fille ne parvenait pas à chasser de son esprit la mystérieuse
question et sentant que tourner en rond dans les ruelles du village
ne pourrait que l’exécrer davantage, choisit la solitude : elle
s’éloigna de la petite agglomération et quitta la grande route de
goudron pour un petit sentier qui menait en haut d’une colline
isolée.
Arrivée au sommet de l’éminence,
elle s’assit en tailleur sous un vieux bouleau accroché à la
pente caillouteuse. La jeune fille ferma les yeux et s’appliqua à
chasser toute pensée parasite de son esprit ; pourtant, malgré ses
efforts, une phrase continua de tourner dans sa tête en une ronde
entêtante. Elle prit une ampleur phénoménale jusqu’à ce que le
monde se résume à cette simple question.
« Entends-tu jeune fille ? En es-tu
bien sûre ? Entends-tu ? Entends-tu ?... »
La fille ouvrit les yeux.
Oui, elle entendait.
Elle comprenait.
Le cri du circaète solitaire.
Le doux balancement de la marguerite.
Et surtout le chant du vent.
Elle avait compris.
Un doux zéphyr se glissa près de son
oreille, lui murmura quelque douce mélopée.
La jeune fille sourit :
« Tu crois ? fit-elle à la brise ».
Elle se leva, écarta les bras et se
laissa entourer par le vent.
Heureuse, avec l’impression d’être
enfin entière.
En haut de la colline, il n’y avait
plus personne.
On dit qu’aujourd’hui encore, si,
allongé dans l’herbe, vous écoutez attentivement sa voix, le vent
vous contera peut-être cette histoire qui commença il n’y a pas
si longtemps là.
Au bout du chemin.
Zelia C. (14 ans)
Saint-Firmin,
Hautes-Alpes
Lauréate 2011
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