Laurent Gaudé est un écrivain français né le 6 juillet 1972 dans le XIVe arrondissement de Paris. Ancien élève de l'École Alsacienne de Paris, il poursuit des études de lettres modernes à Paris III.
Il prépare l'agrégation mais ne sent
pas d'attirance pour l'enseignement. Son sujet de thèse porte sur le
théâtre. Il décide de vivre de sa plume et ses premiers écrits
seront pour la scène (1999).
Sa première pièce, Combat de possédés, paraît en 1999. La seconde pièce de Laurent Gaudé, publiée en 2000, est Onysos le Furieux. Laurent Gaudé a aussi écrit d'autres pièces de théâtre dont Pluie de Cendres, Cendres sur les mains, Médée Kali, ou encore Le Tigre bleu de l'Euphrate.
En 2001, il publie son premier roman : Cris.
Laurent Gaudé est marié à une femme d'origine italienne. Son roman Le soleil des Scorta, dont l'action se situe dans les Pouilles, remporte le prix Goncourt 2004 et couronne pour la première fois son éditeur Acte sud qui jusque là n'avait jamais remporté ce prestigieux prix. Le livre s'était déjà vendu à 80 000 exemplaires avant que le verdict du Goncourt ne soit rendu.
Paraîtront ensuite Eldorado, en 2006; La Porte des Enfers, en 2008, Ouragan en 2010 et
Pour seul cortège en 2012.
La mort du roi Tsongor, remporte le prix Lire dans le noir 2012
« [...] - J'ai vu aujourd'hui
une foule immense apparaître à mes yeux, reprit le mort. Ils
sortaient de l'ombre et se sont dirigés, lentement, vers la barque
du fleuve. C'étaient des guerriers hagards. J'ai observé leurs
insignes ou ce qu'il en restait. J'ai regardé leurs visages. Mais je
n'ai reconnu personne. Dis-moi, Katabolonga, qu'il s'agit d'une armée
de pilleurs que les troupes de Massaba ont interceptés quelque part
dans le royaume. Ou de guerriers inconnus qui sont venus mourir sous
nos murailles sans que personne ne sache pourquoi. Dis-moi,
Katabolonga, que cela n'est pas.
- Non, Tsongor, répondit Katabolonga. Ce n'est ni une horde de pilleurs ni une armée de mourants venus s'échouer sur nos terres. Ce sont les morts de la première bataille de Massaba. Tu as vu passer sous tes yeux les premiers écorchés de Souame et de Sango Kerim, mêlés les uns aux autres dans une pauvre colonne de révulsés.
- Alors la guerre est là et je n'ai rien empêché, dit Tsongor. Ma mort n'a servi à rien. »
- Non, Tsongor, répondit Katabolonga. Ce n'est ni une horde de pilleurs ni une armée de mourants venus s'échouer sur nos terres. Ce sont les morts de la première bataille de Massaba. Tu as vu passer sous tes yeux les premiers écorchés de Souame et de Sango Kerim, mêlés les uns aux autres dans une pauvre colonne de révulsés.
- Alors la guerre est là et je n'ai rien empêché, dit Tsongor. Ma mort n'a servi à rien. »
La mort du roi Tsongor
« Je n'ai rien voulu,
pensait-elle, je n'ai fait qu'accepter ce que l'on m'offrait. Mon
père me parlait de Kouame et avant même de le voir je l'ai aimé.
Aujourd'hui, mes frères se préparent à une bataille. Personne ne
me demande rien. Je suis là. Immobile. Je contemple les collines. Je
suis une Tsongor. Il est temps de vouloir. Moi aussi, je livrerai
bataille. Ils sont deux à me réclamer comme un dû. Je ne suis due
à personne. Il est temps de vouloir. »
La mort du roi Tsongor
« Lorsque le soleil règne
dans le ciel, à faire claquer les pierres, il n'y a rien à faire.
Nous l'aimons trop cette terre. Elle n'offre rien, elle est plus
pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d'entre
nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil, Elia. Sa chaleur
nous l'avons en nous. D'aussi loin que nos corps se souviennent, il
était là, réchauffant nos peaux de nourrisssons. Et nous ne
cessons de le manger, de le croquer à pleines dents. Il est là dans
les fruits que nous mangeons. Les pêches. Les olives. Les oranges.
C'est son parfum. Avec l'huile que nous buvons, il coule dans nos
gorges. Il est en nous. Nous sommes les mangeurs de soleil. »
Le soleil des Scorta
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