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samedi 5 avril 2014

Ponson du Terrail : les mots de Montmaur

Pierre Allexi Joseph Ferdinand de Ponson nait à Montmaur dans la propriété de campagne de son grand père maternel Pierre Toscan du Terrail, le 8 juillet 1829, propriété qualifiée dans l'acte de naissance de "maison de campagne". Son arrière-grand-père, côté maternel, Jacques Toscan du Plantier, notaire à Montmaur, est par ailleurs l'ancêtre de Daniel Toscan du Plantier.
Pierre séjournera au chateau tous les étés de son enfance et de son adolescence et y vivra de façon permanente entre 5 et 7ans "pour égayer la vieillesse de ses grands parents". Il en gardera toute sa vie un vif souvenir et décrira le lieu sans le nommer dans plusieurs de ses écrits. Adulte, il y reviendra plusieurs fois pour y chasser. Et c'est en lisant les récits des 1500 ouvrages que contient la bibliothèque du château du Terrail que lui viendra la vocation d'écrivain. Il aurait, entre autres, dévoré Les Mille et une nuit, Les Romans de la Table ronde, Walter Scott et bien sûr Eugène Sue, Soulié, Dumas, Balzac.

 

Ponson du Terrail commence à écrire vers 1850. Ses premiers écrits s'inscrivent dans la tradition du roman gothique. Par exemple, son roman La Baronne trépassée (1852) est une histoire de vengeance située autour de 1700 dans la Forêt-Noire. Il s'agit, au même titre que La ville vampire de Paul Féval, d'une parodie des histoires de vampires.

C'est l'époque où les titres de presse se multiplient. Pour fidéliser leurs lecteurs et accroître l'audience de leurs journaux, les patrons de presse ont imaginé de publier le roman d'un écrivain par épisodes. Ainsi est né un genre nouveau  : le roman-feuilleton. Pierre, toujours désireux de vivre de sa plume, s'essaie à cette littérature. Il écrira dans le journal Le Voleur en 1859
Le jour où j’ai lu cette phrase : "Quelle était cette main ? Quelle était cette tête ? La suite au prochain numéro", j’ai compris que ma voie était trouvée. »






Pendant plus de vingt ans, il fournira en feuilletons toute la presse parisienne (L'Opinion nationale, La Patrie, Le Moniteur, Le Petit Journal, etc.) Son œuvre aux intrigues échevelées fruit d'une imagination débordante contient aussi de nombreux calembours, par exemple : « En voyant le lit vide, son visage le devint aussi. » Écrivant très vite et sans se relire, il parsème ses romans de phrases fantaisistes telles que « Ses mains étaient aussi froides que celles d'un serpent » ou « D’une main, il leva son poignard, et de l'autre il lui dit… »
 
C'est en 1857 qu'il entame la rédaction du premier roman du cycle Rocambole (cycle parfois connu sous le titre Les Drames de Paris).
Quand on demandait à Ponson d'où venait le nom de Rocambole, qui a donné l'adjectif rocambolesque, il répondait : «  je ne l'ai pas inventé. Je l'ai tout simplement emprunté à un dictionnaire d'horticulture. C'est le nom d'une plante. Rocambole, l'ail d'Espagne, dont les graines incitent l'appétit. »
Le feuilleton Rocambole vise principalement à mettre à profit le succès des Mystères de Paris d'Eugène Sue
Il devient un grand succès populaire, procurant à Ponson du Terrail une source de revenus importante et durable. Au total il rédigera neuf romans mettant en vedette Rocambole.
L’ironie et l’humour sont pour l’auteur de Rocambole des ingrédients aussi importants que l’action et le mystère.
Il montre aussi combien le roman-feuilleton, hier comme aujourd’hui, peut se construire à partir de situations caricaturales autour desquelles l’auteur tisse les fils de son histoire. Ponson réalise cela avec une endurance peu commune : On peut critiquer son art , supporter difficilement que la plupart de ses chapitres voient apparaître à chaque fois de nouveaux personnages, croire à peine en ces hasards étonnants qui font les rebondissements de son récit (placés si possible en fin du feuilleton du jour pour contraindre le lecteur à acheter le journal du lendemain)… force est de reconnaître qu’il a la puissance d’un Balzac, d’un Sue et d’un Dumas lorsqu’il lui faut, sur plusieurs dizaines d’épisodes, tenir en haleine son public et mêler différents genres : aventure, fantastique, horreur, comédie… 
 
« La vie est un champ de bataille où, pour triompher, il est nécessaire de faire quelques victimes, ce dont un homme d’esprit se console toujours en pensant que la population du globe est beaucoup trop nombreuse. » Les Exploits de Rocambole



En remerciement pour ses feuilletons "politiquement corrects" publiés entre autre dans le Petit Moniteur (bonapartiste) et le Petit Journal, Ponson reçoit la Légion d’honneur en 1866, en même temps que Gustave Flaubert.

En août 1870, alors que le romancier vient d'entamer la rédaction d'un autre épisode de la saga de Rocambole, Napoléon III capitule devant les Allemands. Fidèle à l'image du chevalier Bayard, il quitte Paris pour Orléans, où il forme une milice en vue de faire la guerilla. Mais il est vite obligé de s'enfuir à Bordeaux.
Il y meurt en 1871, victime de la variole, laissant inachevée la saga de Rocambole.


Plus de 150 ans après sa mort, l'oeuvre de Ponson du Terrail n'a pas encore fait l'objet non seulement d'une édition définitive ou même complète mais d'un simple recensement. Éparpillée dans divers journaux, réunie dans des éditions où, apparemment, on a essayé de corriger certaines invraisemblances ou diverses anachronismes, elle a été affublée de titres souvent contradictoires et lorsqu'on entreprend la lecture des aventures de son plus célèbre héros, on se retrouve souvent en train de lire des textes qui n'ont pas été nécessairement écrits dans le même ordre.

L'Association Les amis de Montmaur, qui a pour but d'animer et de préserver le patrimoine artistique et culturel de Montmaur mais aussi d'aider à la diffusion des connaissances dans ces domaines a participé, en 2009, à l'élaboration de l'exposition sur « la gloire » du village Pierre-Alexis de Ponson du Terrail, le père de Rocambole.


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