Résistant de la
première heure (1940), membre du réseau Action que dirigeait le
colonel Hollard, arrêté, mort à quarante-quatre ans du typhus en
déportation en juin 45, Robert Desnos, poète incroyable et perdu,
écrivait :
Ce coeur qui
haïssait la guerre
Voilà qu'il bat pour le combat et la bataille
!
Ce coeur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des
saisons,
À celui des heures du jour et de la nuit,
Voilà
qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines
Un sang brûlant
de salpêtre et de haine.
Et qu'il mène un tel bruit dans la
cervelle que les oreilles en sifflent
Et qu'il n'est pas possible
que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne
Comme
le son d'une cloche appelant à l'émeute et au combat.
Écoutez,
je l'entends qui me revient renvoyé par les échos.
Mais non, c'est
le bruit d'autres coeurs, de millions d'autres coeurs
Battant
comme le mien à travers la France.
Ils battent au même rythme
pour la même besogne tous ces coeurs,
Leur bruit est celui de la
mer à l'assaut des falaises
Et tout ce sang porte dans des
millions de cervelles un même mot d'ordre :
Révolte contre
Hitler et mort à ses partisans !
Pourtant ce coeur haïssait la
guerre et battait au rythme des saisons,
Mais un seul mot :
Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères
Et des
millions de Français se préparent dans l'ombre
À la besogne que
l'aube proche leur imposera.
Car ces coeurs qui haïssaient la
guerre battaient pour la liberté
Au rythme même des saisons et
des marées,
Du jour et de la nuit.
Robert Desnos
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