Extrait de « Lou Pouèmo dou
Rose » « le Poème du Rhône »,
de Frédéric Mistral.
La prière du « Notre Père »,
revisitée par Patron Apian, batelier de son état.
Cant 1, Patroun Apian
« E dre sus lou poutin, la testo
nuso,
Adounc Patroun Apian em' un grand signe
De crous, à-z-auto-voues- q'ausisson
tousti
Lou papèu à la mau, - eu entamo
La piègo dou matin : O nostre
paire
Que siés au cèu, toum noum
se santifique !
Vèn coume acò.
Lis ome fan l'escouto
D'ageinouioun o ben
la testo clino.
Lou sagarés
blanquinous lis emborgno,
Atapant li
mountagno e li broutieros
Que tout-de-long
accoumpagnon lou flume ;
E podon ié coumta
sus l'embourgnado
Jusqu'à Givors et
belèm jusquo à Vieno.
Eù countuniant :
Toun règne nous avèngue !
Dis, l'adavau ta
volonta se fague
Coume adamount ! Lou pan
quoutidian nostre
Dis, vuei parge-nous-lou ! De nòsti dèute
Fai-nous la
remission, coume nous-autri ;
En quau nous as devent, dis, fasèn quite...
- Hoù ! Toco-biòu ! Pièi se coupant bramavo
Capounas de pas Diéu ! Dorme, fulubio !
A queli chevalas, amount, li veses
Que dintre si cabestre s'estrangulan ?...
Un batafiéu que vous cenglisse touti !
E reprenent : De tentacioun nous gardes !
E tiro-nous dou
maleu ! Ansin siegue
Chant 1, Patron Apian
« Et droit sur le tillac, la tête nue
patron Apian, avec un grand signe de croix,
et à haute voix- que tous entendent-
le chapeau à la main : O notre père
Qui es au ciel, que ton nom se sanctifie
dit-il. Les hommes se sont tus
agenouillés ou inclinant la tête.
L'épais brouillard blanchâtre les aveugle,
dérobant les montagnes et les brotteaux
qui tout le long accompagnent le fleuve
et ils en sont sûrs, d'aller à l'aveuglette
jusqu'à Givors, peut-être jusqu'à Vienne.
Mais lui, continuant : Ton règne nous advienne !
Dit-il, et qu'en aval ta volonté se fasse
comme en amont!
Notre pain quotidien
dit-il, donne le nous ce jourd'hui ! De nos dettes
fais-nous la rémission, dit-il, comme nous autres
les remettons
ceux qui nous redoivent...
Parfois s'interrompant : « Toqueboeuf !
Braillait-il
grand capon de pas Dieu, tu dors, eh ! Fainéant ?
Ces malheureux chevaux ; en amont, les vois-tu
qui s' étranglent dans leurs chevêtres ?...
Une garcette qui vous cinglât tous ! »
Et reprenant : De tentation garde-nous !
Et tire-nous du
mal-être ! Ainsi-soit-il !
Frédéric Mistral
Bravo Gaetan ! il s'agit d'un excellent travail de recherche dans les derniers travaux publiés
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