RESEAU

vendredi 13 juin 2014

Je LOVE le ballon rond

Petite chronique décalée sur le coup d'envoi de la Coupe du Monde 2014 au Brésil.
Jour J : Brésil-Croatie.

« Whouaaaaaaaaaaaaah ! Yéééééééééééééh ! »
Ça décoiffe en stéréo : ma télé, à l'autre bout de l'appart ; mes voisins d'en face et leurs potes, entassés à trente-cinq dans un T2.
Y doit y avoir eu un BUT !!
Je cours, la pizza entre les dents.
Y a eu un but.
Pour le brésil.
Ça me va. Je suis contente pour mon voisin, beau comme un dieu ET brésilien.
Dans un autre contexte, j'aurais plutôt été pour les croates. Le foot est une planète qui m'est inconnue, mais par conviction, je préfère les outsiders.
Sinon, ma fille cherche toujours à comprendre pourquoi, tout à l'heure, j'ai passé deux heures à quatre pattes, à essayer de rebrancher le dinosaure-hors-d'âge-et-exilé qui nous sert de téléviseur. ( Cinq mètres de câbles capricieux, trois prises de toutes les couleurs, un décodeur déconneur qui déchiffre peut-être votre cœur mais PAS les ondes hertziennes.)
Je VEUX, pour la première fois de ma vie, REGARDER UN MATCH DE FOOT.
J'ai fini par y arriver.
Il était 19 heures trente, c'était la cérémonie d'ouverture : vision paradisiaque de nanas adorables, déguisées en forêt amazonienne, virevoltant sur des trampolines.
J'ai repoussé au fond de ma tête les émeutes et l'Absolue Vérité de la Pauvreté, j'ai réintégré la France pour préparer la pizza en attendant le début de la fête.

Que j'ai loupée.
Du coup de pied magistral, y a plus rien à voir. En plus, je suis myope et je trouve pas mes lunettes.
Mais d'en haut et de loin ( de très très loin, cf la ligne du dessus ), les bonhommes sur le terrain ont l'air contents. Tous. Ceux qu'ont marqué et ceux qu'ont été marqués.
Un bon point pour l'humanité.
La Coupe du Monde, pour ça, c'est bien. On peut se sentir, l'espace de deux heures, brésilien, camerounais, australien (aborigène?).
L'entente cordiale.

Rapatriement vers la cuisine, mon assiette, ma fille. J'en profite pour lui faire part de mes réflexions footistiques. ( Les différences, l'indifférence, la morale du truc, les règles de la vie quoi.)
Dans l'expectative d'un nouveau concert de joie explosive.
Pourtant, (si je retrouve mes lunettes ), j'aimerais un peu suivre l'affaire, participer, cœur et âme, aux infarctus des commentateurs. Et des joueurs.
Pour être franche, c'est pas le ballon qui m'intéresse, mais les-volumes-musculaires-comparés des gladiateurs sur l'arène. Leurs belles gueules heureuses-mais-déformées-par-l'effort. Les reflets du soleil d'outre-Atlantique sur leurs maillots tout neufs.
Je tente une incursion.
Mais juste quand j'arrive (gros plan sur une cuisse ), passe sur l'écran une énorme main virtuelle brandissant un pouce qui fait du stop. Sur fond de lauriers césariens où flambe « 2014 ».
Merde, j'ai pas pu profiter de la cuisse.

Je m'en retourne, je fais la vaisselle, j'attends un nouveau « Whouaaaaaaaaaah ! Yééééééééééééh ! » pour me précipiter.
«  Whouaaaaaaaaah ! » ( depuis le balcon mitoyen )
Pas « Yéééééééééééh ! » ( depuis mon dinosaure )
Je vais jeter un œil : tout bleu.
Joli, le bleu, la couleur de l'équipe de France ( je fais des progrès ).
Mais là, bleu carré et obstiné.
Re quatre pattes, re-connexion, re-branchement.
Les couleurs reviennent avec une contre-plongée sur un mec par terre, qui lève vers le ciel des mains implorant Dieu et des pieds implorant Nike. Un croate.
Finalement, j'aurais dû être pour les croates. Ils ont de jolis noms. En plus, je rêve d'aller en Croatie, ça doit être plein de montagnes et de loups méchants, avec des bergers gentils.

Y paraît que l'équipe du Brésil tourne sur «  un cylindre ». Deux, c'est quoi, c'est le ballon dans les tribunes ?
Je décide de finir la vaisselle.
Hurlements.
Sprint.
Encore trop tard, je tombe sur du vert ( la pelouse ). Avec toujours la main d'auto-stoppeur géante ( des fois que j'ai pas compris que c'était LA COUPE DU MONDE ). Mais si moi, j'ai pas pigé, la Fédération des Alzheimer Réunis doit regarder du patinage artistique.
Les brésiliens mènent 3 à 1.
Je suis à nouveau pour le Brésil, j'aime pas être déçue.
Je me cale et je reste, mais c'est presque fini.
Fini pour les croates « surprenants, qui ont donné le meilleur d'eux même » dixit le commentateur.
Pétards sur le balcon, drapeaux brodés, c'est la fiesta à côté...
En fait, j'étais pour les croates.



Ps : Je me suis accrochée. J'ai persévéré. J'ai regardé d'autres matchs EN ENTIER. J'ai fini par m'habituer au logo "Coupe du Monde" et j'ai fait des progrès : maintenant, j'arrive à choisir l'équipe pour qui je suis... !


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