Un conte imaginé pour Faustine, pour
son anniversaire...
Il était une fois la très jeune reine
des chats, Faustiminette, qui gouvernait avec beaucoup de bonté et
de sagesse un petit royaume au bord de la mer.
Elle menait une vie heureuse mais avait
un désir secret : celui de rencontrer la Petite Sirène...
Un jour d'été, elle se décide.
Dans sa garde-robe, elle choisit son
plus bel habit-de-camouflage : le numéro dix, le rose avec une
queue de poisson.
Elle a évidemment un peu de mal à l'enfiler, à
cause de sa queue à elle, longue et fournie, qu'elle ne sait pas où
placer : le long d'une de ses pattes, ça la gêne. Droite
dans son dos, ça la chatouille. Finalement, c'est en l'enroulant
qu'elle arrive à la cacher.
Elle prend le parti de garder sa
couronne. Elle opte pour la numéro six, c'est la mieux assortie à
sa tenue.
Ainsi équipée, elle se rend sur la
plage... Respire un grand coup... Et plonge. (Qui a dit que les
chats n'aiment pas l'eau ? )
L'onde est claire, mais tout de même
un peu froide. Alors, de toutes ses forces, elle remue son petit
derrière pour se réchauffer et aller plus vite.
Les poissons au passage ont l'air
étonné.
« Elle est toc-toc, celle là ! »,
semblent-ils dire. (Ils n'osent pas l'exprimer ouvertement, mais
Faustiminette voit bien à leurs ouïes narquoises qu'ils le pensent
très fort).
Elle nage longtemps, longtemps...
Enfin, sur un fond rocheux orné
d'algues gigantesques et fleuries (ça existe dans la mer des contes), elle aperçoit le château.
Il est bâti en coquillages de
toutes les tailles et de toutes les couleurs. De gentilles méduses,
(celles qui ne piquent pas), servent de rideaux aux fenêtres en se
balançant mollement.
La porte est ouverte, Faustiminette
entre.
A l'intérieur, tout est bleu et vert,
avec de grandes portes ouvragées. Il n'y en a qu'une seule qui soit
rose : ce doit être la bonne. Mais
dessus, il y a une GRANDE pancarte où est écrit en GRANDES
lettres :
« NE PAS ENTRER, JE SUIS
TRISTE. »
« Pourquoi est-elle
malheureuse ? » se demande Faustiminette.
« Et si on ne peut pas entrer, on
ne peut pas la consoler ! »
« Et si on ne la console pas,
elle sera de plus en plus malheureuse... »
La très jeune reine des chats a deux
qualités : elle a un cœur d'or et elle adore désobéir quand
c'est VRAIMENT nécessaire.
Pour le coup, c'est un cas de force
majeure.
Elle pousse donc la porte rose et là,
elle voit, sur un lit entièrement rose surmonté d'un baldaquin tout
aussi rose, une jeune personne avec une queue de poisson...
rose.
« Tiens, comme la mienne ! », se réjouit-
elle.
L'inconnue verse d'abondantes larmes d'eau douces. (Eh oui,
quand les sirènes pleurent, c'est de l'eau douce qui s'échappe de
leurs yeux. Si c'était de l'eau salée, ça se mélangerait à la
mer et on ne pourrait pas voir qu'elles sont désespérées).
« J'espère que vous voudrez bien
m'excuser, Mademoiselle, d'être entrée sans votre permission, mais
ce qui est affiché sur votre porte m'a inquiétée.... »
Pas de réponse.
« Que puis-je faire pour vous
aider ? »
Les sanglots redoublent.
« Que vous arrive-t-il ?
La petite Sirène renifle et explique :
« Le jeune prince que j'aime,
dans le Royaume d'en Haut, ne me répond plus. Les bulles d'amour que
je lui envoie me reviennent toutes crevées...
- Toutes ?
- Toutes !
- Effectivement, c'est dramatique...
- Alors maintenant, je suis triste et
surtout, JE M'ENNUIE.
- Vous vous ennuyez comment ?
- A MOURIR. Le château est un peu
vide, vous savez, et je n'ai pas vraiment d'amies...
- Pour de vrai ?
- Malheureusement oui. Vous avez bien
fait d'entrer, comme ça, j'ai eu un peu de conversation...
- Est-ce que ça vous ferait plaisir...
si je pouvais rester un peu avec vous ?
- Vous feriez ça ?
- Oui... Je crois... En fait, je suis
la reine des chats, mais pour quatre semaines, je suis en congé de
mes fonctions. C'est mon premier vizir, un matou très expérimenté,
qui s'occupe du royaume... »
Marché conclu : Faustiminette
passera ses vacances sous la mer.
Elles deviennent vite très proches.
Elles restent des heures dans la
chambre rose à discuter, elles se racontent tout.
Elles se font belles : la Petite Sirène fait essayer à son amie tous ses
costumes d'écailles. Des plus simples, (pour tous les jours),
aux plus magnifiques, (pour les grandes occasions).
Faustiminette est heureusement devenue
très experte dans l'art de ranger sa queue.
Enfin, avec de grandes algues sombres (car j'ai oublié de vous dire que Faustiminette est entièrement
noire), elles confectionnent un costume de chat. Adapté à la
morphologie de la princesse de la mer, mais avec une longue queue qui
flotte derrière et qui les amuse beaucoup.
Ainsi accoutrées, elles font la course
dans le jardin féerique qui entoure le château : chat-sirène
et sirène-chat.
Les poissons n'osent plus se moquer.
Pris au jeu, ils se déguisent eux-aussi.
Il y a le poisson-chevalier dans son
armure de coraux, redoutablement armé d' une lance provenant d'un
navire englouti.
Il y a le poisson-hippie, coiffé d'une
incroyable perruque d'herbes marines, qui joue de la guitare sur le
dos de son pote l'hippocampe.
Même le narval prend des airs
mélancoliques et inspirés pour ressembler à une licorne.
Ce fut un mois magique, qui passa beaucoup
trop vite.
Un jour, il fallut se séparer :
la reine des chats devait remonter sur son trône.
Les adieux sont des au-revoir : elles se
promettent de se retrouver très vite.
Et puis, Faustiminette a au fond de son
cœur un projet inavoué : elle veut découvrir pourquoi le
jeune prince du Royaume d'en Haut ne répond plus à son amie.
De retour sur terre, elle commence son
enquête.
Elle s'embusque sur la plage, se dissimule
sous une barque, et là, elle comprend :
comme c'est l'été, tous les garçons et les filles
sautent dans les vagues. Ils ADORENT PAR DESSUS TOUT attraper les
bulles-ballons qui s'élèvent parfois. Ils jouent avec, et,
maladroitement, les crèvent.
Faustiminette leur chuchote à
l'oreille le secret des bulles d'amour.
Depuis, si vous voyez un enfant tenter
de saisir quelque chose d'invisible en l'air avec son épuisette,
c'est qu'il récolte avec délicatesse des bulles d'amour pour aller
les porter au prince du Royaume d'en Haut.
Car, entre nous, vous ne croyez pas que
le pauvre prince a terriblement dû s'inquiéter, lui aussi, de ne
plus recevoir de mots doux de son amoureuse ?
Joyeux anniversaire !!!
Que c'est joli ! Bon anniversaire aussi à Faustine de la part d'un genre Papi et d'une genre Mami
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