Il n'était pas du genre à rire des
sujets sérieux et il prenait peu de thèmes à la légère.
Son entourage le disait plein
d'ambition mais dénué de ce grain de folie qui fait le talent. Il
visait les étoiles et n'atteindrait que les cumulus. Les gens qui le
connaissait bien le trouvaient prétentieux, insipide voire
normopathe, ceux qui le côtoyaient de loin ne cherchaient même pas
de mots pour le définir. Dans la vie, notre temps de pensée est
limité, alors autant l'utiliser à bon escient.
Sa vie, réglée comme une partition
d'orchestre philharmonique, ne souffrait d'aucune fausse note,
d'aucun contre-temps. Activités cloisonnées, relations
chorégraphiées, sommeil minuté. Il ne se souvenait jamais de ses
rêves; pas la moindre image loufoque ne lui venait au réveil.
Son code vestimentaire aurait pu être
sans goût, pourtant ses tenues étaient impeccables et raffinées.
Le mérite en revenait essentiellement à un des vendeurs de sa
boutique fétiche, celui qui voit toujours juste, le jeune aux
cheveux bruns.
Si l'on se payait le luxe d'examiner
son enfance, on retrouverait un beau complexe social, un père
exigeant et distant, une mère bienveillante et dépressive, un
intérêt exagéré pour les jeux de société et une incapacité à
perdre avec panache.
Adolescence frustrée, plusieurs
conquêtes avortées, et désir de revanche.
Comme à son habitude, il marchait dans
la rue qui le conduisait vers son lieu de travail, un cabinet qui
regroupait des pointures dans le domaine de la finance lorsque
soudain
01/01/11
Alicia C.
Villeneuve,
Puy de Dome
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