Une fleur carnivore
grimpe sur mon radiateur.
Verte et fuchsia violent.
Elle digère pour l'instant.
Me fait un clin d'oeil :
« T'es la mouche... T'es la
mouche...»
Elle a des yeux indigo
et la bouche d'une poupée.
Exploser la poupée
a coups de pieds,
piétiner les bouts de plastique
par terre.
Le radiateur avance,
le mur se fend,
entraîne le papier
qui flotte
dans le flot noirâtre
des années
en circuit fermé.
Delirium
très mince,en fait
que j'ai pour idée
de donner à gober
à la plante.
J'essaie.
« Dionae, Dionae !
regarde...
J'ai un cadeau pour toi ! »
Frémissement du rose toxique
dans une salivation excessive
des vibrisses.
La mouche ou moi ?
S'enroulent, se dédoublent,
des cercles concentriques
de plus en plus rapides,
de plus en plus brouillés.
Bleu, vert, rouge, violet,
bleu, vert, rouge, violet.
La nappe fétide s'étale,
pointée de bulles qui éclatent.
Je m'agrippe au radiateur,
nage à contre-courant,
et...
me retrouve dans la cuisine
devant mon frigo blanc rassurant.
Je finis le camembert,
celui qui pue bien.
J'avais juste un peu faim.
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