RESEAU

vendredi 30 mai 2014

Composition Bukowski #10

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Charles Bukowski, dans une lettre à un ami où il dit comment il s'est « libéré » du travail pour pouvoir écrire.


"Ce qui fait mal, c'est l'humanité en régression constante, l'humanité de ceux qui se battent pour conserver un boulot dont ils ne veulent pas, parce qu'ils craignent le pire. Le peuple se vide purement et simplement. Des enveloppes munies d'esprits peureux et obéissants. Les yeux perdent leur couleur. La voix devient laide. Le corps aussi. Les cheveux. Les ongles. Les chaussures. Tout, en fait.

C'est pour ça que j'ai eu de la chance de me tirer de là, peut importe le temps que ça m'a pris, mais ça m'a apporté une sorte de joie, la joie pétante du miracle. J'écris maintenant avec ma vieille cervelle et ma vieille carcasse, j'ai dépassé le stade où la plupart des hommes n'imaginent même pas une telle prouesse, mais comme j'ai commencé si tard, je me dois de continuer. Et quand les mots faiblissent, quand on doit m'aider à monter les escaliers, quand je ne peux plus faire la différence entre un trombone et un oiseau bleu, je continue à espérer que quelque chose en moi va se souvenir ( peut importe jusqu'où j'ai pu aller ) de comment je suis passé à travers le crime, le bordel et le tumulte, pour finir par mourir d'une façon généreuse.

Ne pas avoir complètement gaspillé sa vie m'apparaît comme un accomplissement respectable, même si ça ne concerne que moi."

Traduction libre, Gaëtan Cassin

"And what hurts is the steadily diminishing humanity of those fighting to hold jobs they don’t want but fear the alternative worse. People simply empty out. They are bodies with fearful and obedient minds. The color leaves the eye. The voice becomes ugly. And the body. The hair. The fingernails. The shoes. Everything does.
So, the luck I finally had in getting out of those places, no matter how long it took, has given me a kind of joy, the jolly joy of the miracle. I now write from an old mind and an old body, long beyond the time when most men would ever think of continuing such a thing, but since I started so late I owe it to myself to continue, and when the words begin to falter and I must be helped up stairways and I can no longer tell a bluebird from a paperclip, I still feel that something in me is going to remember (no matter how far I’m gone) how I’ve come through the murder and the mess and the turmoil, to at least a generous way to die.
To not to have entirely wasted one’s life seems to be a worthy accomplishment, if only for myself."


1 commentaire:

  1. Travail formidable qui a permis, en plusieurs semaines, de faire connaître Bukowski .A quand, cher Gaëtan , la suite de tes recherches ? ce serait dommage de t'arrêter en si bon chemin .

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